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Un Rwandais, soupçonné d’avoir pris part au génocide des Tutsis en 1994, vient d’être condamné à une peine de prison aux États-Unis. Se faisant passer pour une victime du génocide rwandais, il aurait en fait plutôt été du côté des bourreaux. Mais c’est pour fraude à l’immigration qu’il écope de huit ans de détention.

 

Selon les médias occidentaux, Jean Léonard Teganya, 47 ans, a été reconnu coupable en avril dernier pour deux chefs d’accusation que sont : fraude à l’immigration et trois chefs d’accusation de parjure, selon un communiqué du département de la Justice américaine.

 

Il a été « reconnu coupable et condamné pour la plus grave forme de fraude à l’immigration : mentir sur son statut de criminel de guerre pour obtenir l’asile aux Etats-Unis », a dit le procureur Andrew Lelling. Jean Léonard Teganya « a commis des crimes terribles durant le génocide au Rwanda et a ensuite menti aux autorités chargées de l’immigration sur son passé », a affirmé le procureur, évoquant les preuves présentées durant le procès.

 

En effet, quand les massacres ont commencé, Jean Léonard Teganya a « dirigé des groupes de soldats et des jeunes sympathisants pro-pouvoir autour d’un hôpital pour identifier les patients tutsi ainsi que d’autres qui avaient trouvé refuge. Une fois repérées, ces personnes étaient conduites derrière l’immeuble abritant la maternité et tuées », poursuit le communiqué du département de la justice.

 

« Jean Léonard Teganya a participé aux meurtres de sept Tutsi. Il a également violé deux femmes tutsis », selon la même source. « En mi-juillet 1994, il a fui le Rwanda, a traversé l’Afrique pour parvenir en Inde et s’est finalement rendu au Canada où il a demandé l’asile en 1999. A deux reprises, les autorités canadiennes ont établi que Jean Léonard Teganya n’était pas en droit d’obtenir l’asile pour avoir été complice dans des atrocités », renchérit le communiqué.

 

D’après RFI, les procureurs demandaient une peine de vingt ans qui aurait implicitement tenu compte des atrocités commises au Rwanda mais le juge a choisi de pénaliser seulement l’infraction reconnue par son tribunal. Huit ans d’emprisonnement donc, avant d’être peut-être contraint de se présenter devant les juges de son pays, cette fois pour des crimes bien plus lourds.

 

Perpétré entre avril et juillet 1994, le génocide au Rwanda a fait près de 800 000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés. A l’époque, Jean Léonard Teganya était étudiant en médecine à l’université nationale du Rwanda et membre du parti au pouvoir, le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND) dominé par les Hutu, qui a incité au génocide.

 

Danielle Ngono Efondo

 

Published in International

La logique de la réconciliation en œuvre au Rwanda depuis le génocide de 1994 doit à la politique volontariste de l’État, mais aussi au courage de gens ordinaires qui ont su faire taire les différences. Thomas Ntashutimwe est de ceux-là.

 

Dans le village de Mutete, posé sur une crête à 40 km au nord de Kigali, Thomas, 48 ans, est connu de tous pour avoir initié la réconciliation dès la fin du génocide, souvent contre l'avis de ses voisins, moins enclins à l'oubli et au pardon.

Assis devant sa maison, un rectangle de ciment dénudé auquel est adossé une petite étable faite de branchages et de tôles abritant deux vaches, ce fermier modeste, marié et père de cinq enfants, est la tolérance incarnée.

L'évocation du génocide dans lequel au moins 800.000 personnes, selon l'ONU, ont péri entre avril et juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi, déclenche chez ce rescapé un flot ininterrompu de paroles.

Quand les massacres ont commencé, tous ses proches ont fui : « Sauf moi qui suis resté à la maison parce que je ne voyais aucune raison de partir, du moment que les tueurs, étaient mes voisins, mes amis, des gens avec lesquels je partageais tout », dit-il.

Il a perdu la plupart des membres de sa famille et miraculeusement lui-même a échappé à la mort. Mais le drame, dont les ressorts heurtent sa nature profonde, a façonné à jamais le reste de son existence.

 

Cœur prêt à pardonner

Très vite, cet homme svelte et bien mis, a senti que sa voie était celle de la réconciliation. Dans une démarche apostolique, il a encouragé les gens des environs à revenir prier à l'église, qu'ils soient hutu ou tutsi. Seules des vieilles femmes sont d'abord venues : « Mais, avec le temps, de plus en plus de gens ont surmonté la peur et sont revenus à l’église parce qu’ils nous voyaient y vivre sans peur. Ils sont revenus un à un et finalement, l’église a commencé à se remplir, comme dans le temps », se rappelle Thomas, aujourd'hui secrétaire de la paroisse.

Lentement, il s'est senti gagné par l'idée du pardon : « Mon cœur prêt à pardonner me disait que ce qui était arrivé ne pouvait être l’œuvre d'êtres humains, que c'était l’œuvre de Satan (...) J’ai pardonné ceux qui ont détruit nos maisons et propriétés, ceux qui ont tué ma famille. Je leur ai à tous pardonné, qu’ils aient demandé pardon ou pas ».

Son initiative a d'abord suscité l'hostilité : « Ça été très dur pour moi. Je me suis efforcé de dépasser ce qui m’était arrivé, en voyant à quel point les gens avaient peur, les rescapés et ceux qui avaient commis les crimes. J’ai alors pris la résolution de me dresser au milieu d’eux ».

Mais il a ensuite reçu le soutien de l’Église, qui a même officiellement reconnu ses efforts. Une pastorale du repentir et du pardon a été créée par le diocèse, pour favoriser les discussions entre tueurs et victimes. Ces échanges ont accéléré la réconciliation.

Poussant sa logique à l'extrême, ce Tutsi a décidé en 2002 d'épouser une Hutu : « Ceci aussi a été une étape cruciale. Alors que les gens pensaient que j’allais épouser une survivante, j’ai choisi une personne d’ethnie différente. Ça été une décision personnelle. Personne ne m’a forcé et, Laurence Niyonsaba, 38 ans est devenue ma compagne », explique-t-il.

 

Bâtir le vivre ensemble

« J'ai vraiment travaillé dur. Il fallait une fondation sur laquelle bâtir la réconciliation et le vivre ensemble, pour que les gens puissent se regarder sans discrimination, non comme Hutu et Tutsi, et dépasser le clivage ethnique. Même si parfois je me souviens des membres de ma famille tués (...), je ne laisse pas ce souvenir me submerger au point de me faire basculer dans la haine ».

« On ne peut pas dire que l’unité et la réconciliation ont été atteintes à 100%, ce serait prétentieux, nous avons encore du chemin à parcourir. S’il y a des motifs de satisfaction légitime, il subsiste aussi, ici et là, des faiblesses .Il est clair qu’il y a encore des gens qui n’arrivent pas à se libérer de l’emprise de ce lourd passé. Les efforts doivent être canalisés de ce côté-là pour que nous puissions un jour dire: Voilà, les efforts que nous avons déployés en 2019 sont aujourd'hui, en 2025, couronnés de succès. Des choses qui n’étaient pas possibles le sont désormais, des gens qui ne se parlaient pas se parlent », affirme Thomas Ntashutimwe.

Le Rwanda a voté des lois qui  interdisent toute mention de l'appartenance ethnique dans la vie publique. Et au quotidien, les Rwandais préfèrent éviter de s'y référer. Mais les anciennes catégorisations n'ont pas entièrement disparu pour autant. Un survivant est fatalement tutsi, un tueur hutu. 

 

Published in International






Sunday, 05 June 2022 11:01