Depuis quelques jours, de nombreux camerounais dénoncent des pratiques douteuses autour des tests Covid à partir de la ville de Douala. A côté d’un précédent article publié sur www.agencecamerounpresse.com sur cette mafia, une nouvelle alerte nous vient d’un autre témoignage recueilli par le site www.camerounweb.com en date du 20 mars 2021. Cette fois ci, c’est le centre de test du parcours Vita à Douala.
Nous attirons l’attention des autorités de santé qui multiplient les efforts pour assainir le processus de tests Covid-19 pour les voyageurs à partir de la ville de Douala. Curieusement, on n’entend pas les mêmes dénonciations venant de Yaoundé. Malgré la mise en place d’une plate-forme virtuelle, il en a encore qui développent des stratégies autour des centres pour spolier les pauvres citoyens camerounais.
Le témoignage reçu par nos confrères dit ceci :
« Je viens vers vous dénoncer une situation assez gravissime qui se passe actuellement au Parcours Vita à Douala concernant les Test de COVID-19.
Il se passe que pour voyager de l’aéroport de Douala pour un pays étranger le ministère de la Santé a prévu une application où vous devez vous enregistrer 72h avant et cette application vous indiquera à quel point à Douala suivant votre Lieu d‘habitation vous devrez vous faire tester 48h avant votre départ.
Mais depuis près de deux semaines ceux qui travaillent au parcours Vita ont organisé une mafia terrible, vraiment terrible ! Il faut dire qu‘au Cameroun on n‘a plus de limite pour se faire de l’argent.
La Mafia telle qu'elle fonctionne
Après vous être enregistré, quand vous allez comme prévu 48h avant faire votre test, ces gens vous repèrent, et vous font passer le test, après avoir passé le test, ils vous rassurent que les résultats sortiront et vous seront envoyé par E-mail, ce qui est déjà anormal. Et puis 48h après, c’est à dire le jour du voyage, quand vous les appelez puisque vous n’avez toujours pas reçu de message venant d’eux, ils vous rassurent et vous disent de ne pas vous inquiéter, tout en vous sondant, en vous posant les questions telles que : vous voyagez à quelle heure ? Avec quelle agence ? Vous vivez dans quel quartier ? Quelle est la profession de votre père ?
Après cela ils attendent quelques heures avant l’embarquement, ils vous appellent et vous disent que vous devriez venir récupérer votre test sur place, rajoutant qu'il y a plein de monde là-bas, les gens se disputent et votre résultat pourrait se perdre. Tout pour vous mettre en panique.
Une fois sur place, ils vous amènent sur le côté et vous présentent discrètement un faux résultat positif, et vous explique qu’en dehors des 10000fcfa frais de test si vous leur remettez 50000fcfa ils vous donnent un résultat négatif.
Ils savent que vous n’avez pas trop le choix, et quand vous leur remettez les 50000fcfa ils vous sortent votre vrai résultat négatif, déjà fait et signé depuis. Il se pourrait que le responsable de poste de test au parcours Vita soit au courant de tout ça, puisque quand ils le font, il est à côté et observe toute la scène.
Il est à remarquer qu’ils choisissent bien leur cible, c’est la raison pour laquelle ils vous posent toutes ces questions ! Et si vous étiez vraiment positif, ils ne voudraient même pas se rapprocher de vous pour expliquer que vous devez leur remettre 50000fcfa.
Les questions qu’ils vous posent sont bien réfléchies: La profession de votre père et votre quartier pour savoir si vous n’êtes pas "fils de ..." et si vous n’avez pas de relation... votre Agence de voyage et votre heure de voyage pour vous mettre bien la pression puisqu’après que vous leur aurez donné le nom de votre agence de voyage, il vous font même une sorte de menace en vous faisant comprendre qu’ils sont obligés d’envoyer vos résultats à votre agence de voyage, au cas où vous voudriez trouver une autre solution ailleurs.
Donc leurs cibles est généralement des jeunes gens « no Name » venant des familles modestes ou pauvres qui voyagent pour leur première fois pour l’Europe. Je pense qu’ils n’osent pas le faire à des gens qui vivent déjà ici en Occident et qui étaient en vacances au pays, ou à des gens qui viennent de bonnes familles. C’est vraiment une situation assez grave, je l’aurais à peine cru si mon petit frère n’avait pas été victime il y a 3 jours (dans la journée du 17 mars 2021, ndlr). Merci beaucoup de m’aider à aviser les camerounais et nos autorités ».
Ces nombreux témoignages sont des alertes à l’endroit des autorités de santé pour davantage assainir l’environnement autour de la pratique des tests Covid et du rendu des résultats aux citoyens.
Stéphane NZESSEU
Ils sont nombreux les voyageurs qui sont comme pris au piège des tests Covid. Face à la rareté des tests PCR dans les centres agréés, sans parler de la lenteur dans le service qui met parfois trois jours voir plus au lieu de deux comme recommandé par le ministre de la santé, face à tout cela, de nombreux voyageurs se laissent convaincre par le marché noir autour de cette affaire de tests.
Notre témoin a bien pris soin d’atterrir et de passer les contrôles de l’aéroport de Roissy Charles De Gaule en France avant d’autoriser que nous partagions son témoignage.
« Je me nomme Germaine Matsing, je vie en Belgique. Il y a quelques jours je suis venu au Cameroun pour prendre part aux obsèques d’un parent très proche dans la région de l’Ouest Cameroun. Comme c’est généralement le cas, les obsèques se déroulent le vendredi et le samedi. Puisque j’ai boulot pressant j’ai fait les réservations pour arriver au pays le vendredi matin par Douala et repartir dimanche soir par la même ville. De sorte qu’arrivée le matin du vendredi, j’ai environ 04 heures de temps pour arriver dans le village à l’Ouest.
Maintenant, j’ai appris qu’en quittant du Cameroun il me faut faire un test Covid. Or, selon les informations que j’ai, les seuls centres agréés où les voyageurs à partir de l’aéroport de Douala peuvent faire les tests c’est dans la ville de Douala. Mais comment quelqu’un qui arrive vendredi et doit repartir deux jours plus tard et en plus un weekend peut faire ? Il faut avouer que c’est compliqué. De plus, les tests ne sortent pas dans l’heure d’après, il faut attendre au moins 24 heures.
C’est alors que samedi, après l’inhumation, je me souviens qu’il faut que j’ai un test pour repartir le lendemain. Puisque je compte quitter le village le dimanche pour prendre le vol du dimanche soir. Je reussi à avoir un premier contact au sein de l’hôpital Laquintinie de Douala. Je lui explique ma situation, et il me demande 30.000 fcfa pour qu’il m’envoie les résultats négatifs sans que je n’ai besoin de faire le test. Quelques minutes plus tard, un frère j’en parle à un frère qui lui devait rentrer le mardi sur la France. Il me dit qu’il a un meilleur contact. Et ce dernier, que j’ai contacté, est à l’hôpital Général de Douala. Lui il nous a pris 15.000 fcfa chacun. Je lui ai transféré les sous et il m’a envoyé, via WhatsApp, dans les minutes qui suivaient les résultats négatifs de tests Covid avec les en-têtes. Bref un document qui a tout de légal. »
Comme on peut s’en rendre compte, avec ce test entre les mains, elle a pu traverser sans soucis les barrages à l’aéroport de Douala, et même pour entrer sur le territoire français. Comme quoi, ce test avait toutes les allures de vraies. Mais déjà on peut se rendre compte qu’il y a un réseau de distribution des tests PCR à des personnes qui n’ont jamais été prélevées.
Alertes sur les mafias autour des tests Covid au Cameroun
Stéphane NZESSEU
La chaine de télévision France 2 révèle que ces ressortissants camerounais revendaient aux voyageurs refoulés dans les aéroports, des tests de Coronavirus aux résultats négatifs.
C’est une affaire rendue publique par la chaine française France 2. Des camerounais et des béninois ont été mis en cause pour une affaire en rapport avec de faux tests de Covid-19 revendus aux voyageurs refoulés par les compagnies aériennes.
«Ils profitaient de la pandémie au cœur de l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle, à la frontière aérienne juste avant le décollage. Les passagers à destination de certains pays doivent présenter un test négatif au coronavirus. S’ils sont positifs, ils sont refoulés par les compagnies aériennes. C’est là qu’intervenaient les faussaires. Aux voyageurs désemparés, ils proposaient un faux test PCR. Logo d’un laboratoire, nom du médecin, numéro de dossier, résultats (négatif au Covid-19), mais le nom et le prénom ont été modifiés. En tout au moins 200 faux documents ont été vendus aux voyageurs pour une somme allant de 100 à 150 euros par test», renseigne France 2.
Le trafic de faux tests du Coronavirus a été découvert grâce a une enquête menée durant des semaines par la police aux frontières de l’aéroport de Roissy. 7 personnes ressortissantes du Cameroun et du Benin ont été interpellées. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour faux et usage de faux et complicité d’escroquerie. Les mis en cause risquent 5 ans de prison et 350 000 euros d’amende, renseigne France 2.
Liliane N.