Dans une lettre ouverte elle invite le président le président du comité de gestion du Scsi de ne pas profiter de cette pandémie pour « empoisonner » les personnes incarcérées dans les maisons d’arrêt à travers le pays
« A l'attention de Monsieur Penda Ekoka
Monsieur,
C'est avec beaucoup d'attention que j'ai lu la correspondance que vous avez adressée au Ministre d'Etat chargé de la justice du Cameroun, relative à une offre de masques et des gels hydro alcooliques dans le cadre de la lutte contre le Covid 19 ...
Y faisant suite, permettez moi, en ma qualité de présidente de l'association des familles des personnes détenues dans les prisons du Cameroun, de vous faire part de mon inquiétude face à ce qui peut s'apparenter à une tentative de mise en danger des vies des prisonniers.
Monsieur,
Vous êtes sans ignorer que les masques et les gels utilisés dans le cadre de la prévention contre le Covid 19, sont soumis à un protocole strict et à des normes particulières pour être homologués.
Or, jusqu'à ce jour, les masques et les gels estampillés survival Cameroon que vous distribuez clandestinement dans les rues de Yaoundé, n'ont fait l'objet d'aucune homologation scientifique ...
Monsieur,
Je ne vous apprends pas que votre initiative est d'abord une vaste campagne de marketing politique, au profit du Mrc et de son leader.
Laquelle, a pour but principal d'imposer une cohabitation de fait dans la sphère politique camerounaise...
A cet effet,
Vous êtes sans ignorer que de très hautes personnalités qui sont vos opposants politiques sont détenues dans ces prisons.
Je crains qu'un poison puisse subtilement être introduit dans vos dons, pour détériorer la santé de vos éventuels futurs challengers dans la course à l'alternance politique au Cameroun ...
Monsieur Penda Ekoka,
Vous êtes un père de famille, je sais que vous comprendrez mes appréhensions. L'homme que vous avez décidé de servir de bouclier, a été ministre délégué auprès du ministre de la justice.
Vous et vos compagnons d'infortune avez récemment séjourné à la prison de Yaoundé.
Vous connaissez la vulnérabilité des prisonniers, le stress qu'engendre le fait de subir des décisions pour lesquelles votre avis ne compte pas ...
Comment pouvez-vous oser une démarche à travers laquelle, vous sollicitez que ce soit le ministre de la justice qui reçoive les dons destinés aux prisonniers, alors que vous connaissez les réalités de l'intérieur ?
Alors que vous pouviez réunir les associations qui œuvrent dans les prisons pour leur offrir ces dons afin de vous rassurer qu'elles arriveront à leurs bénéficiaires ?
Monsieur,
Je peux comprendre votre impréparation, elle est certainement due au fait que vous n'ayez réellement aucune feuille de route dans le cadre de la prévention de cette crise sanitaire ...
Dans ce cas, permettez-moi de craindre que nos parents prisonniers ne vous servent que de faire-valoir, pour masquer une vaste opération de détournement de la cagnotte qui vous a été gracieusement offerte, par des gens qui ne connaissent pas les réalités de notre pays ...
Monsieur,
Vous êtes un ancien prisonnier. Vous savez qu'en réalité, malgré le port de masques et les gels, il faut une distanciation sociale pour que la prévention contre le Covid 19 soit efficace ...
Or, les effectifs actuels des prisons camerounaises ne permettent pas de mettre en œuvres les mesures barrières. Si vous m'aviez contacté au préalable, je vous aurais proposé de prendre une partie de votre cagnotte, pour payer les dépens qui retiennent des jeunes précaires dans les prisons.
Il y en a qui sont obligés d'allonger leurs peines de prison de 6 mois parce qu'ils sont incapables de s'acquitter de 50 000 FCFA auprès du greffe, afin de retrouver la liberté.
Monsieur, vous savez que la liberté n'a pas de prix, la santé non plus ...
Monsieur, vous avez déjà été privé de liberté, ne laissez personne vous priver de votre humanité… ».
N.R.M
En lisant le courrier qui a été mis en ligne et dont copie aurait été faite au leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, le président du comité de gestion de cette « association » ou « initiative » selon l’objectif poursuivi prétend vouloir aider les prisonniers
« Offre de masques barrières et de gels hydro alcooliques contre la pandémie du Covid 19 dans le cadre de l‘initiative Scsi
Monsieur le ministre d’Etat
Survie Cameroon Survival Initiative est une initiative citoyenne et républicaine qui vise à contribuer aux efforts multiformes qui visent à endiguer l’expansion de la pandémie du corona virus dans notre pays
Au regard de mon expérience récente des conditions carcérales de notre pays, je puis affirmer que les prisons constituent un environnement à très haut risque d’exposition aux effets désastreux de ce virus
Connaissant votre sens élevé de responsabilités, et votre attachement à la préservation de la vie humaine, Survie Cameroon Survival Initiative se propose de mettre à votre disposition, un important lot de masques barrières et de gels hydro alcooliques
Veuillez croire, monsieur le Ministre d’Etat à l’expression de ma considération distinguée…
Ampliation
Haut Commissaire de la Commission des Droits de l‘Homme des Nations Unies ».
Une autre manière de tendre un piège à un membre du gouvernement
C’est du moins l’avis que partage la quasi majorité de tous ceux qui ont réagi, après la mise sur les réseaux sociaux de cette information par le bureau de la porte – parole de Maurice Kamto
Claire Temgoua : La provocation continue. Vraiment ces gens!!! Svp si vous voulez réellement aider, faites les choses comme il convient de le faire. Si tant est que c'est véritablement le bien être de vos concitoyens qui vous intéressent. Et vraiment, je me fiche pas mal des insultes, nous sommes habitués et très certainement, la prochaine grande victime des invectives sera le Minjustice.
David Makanaky : Vraiment. Ces ampliations sont sensées effrayer le ministre de la Justice ? Je ne pense pas qu'ils ont besoin d'aller voir le rencontrer. Il suffit d'aller voir les différents régisseurs desdites prisons.
Yanel Elessa : Toujours dans la provocation et la politisation... À la vérité les dons étaient juste une occasion d'occuper la place publique et de ravir la vedette au Covid 19. Monsieur Ekoka, de la souffrance des personnes qui sont atteintes ou qui risquent de l’être, vous n’en n’avez strictement rien à faire. Mais vous ne parviendrez pas à atteindre vos objectifs.
Ginet Bitjoka : Voilà encore ça, quand le ministre va encore vous chassez allez vous vous plaindre ? Cette permanente provocation vous sert à quoi ? Attendez-vous à un refus. Aller distribuer vos dons où bon vous semble et laisser la polémique.
Nicole Ricci Minyem
Alice Sadjo dans une lecture qui semble plus partisane qu’autre chose, invite le Gouvernement et ceux des Camerounais qui ne cautionnent pas des actions de bravade cachées sous une fausse philanthropie à revenir à « l'humanité, seule vectrice de citoyenneté ».
Sous d'autres cieux, dans un contexte normal, des élans de cœurs et de générosité comme ceux dont s'est montré capable le peuple camerounais en un laps de temps en volant au secours de leurs compatriotes nécessiteux auraient dû susciter un standing ovation (des applaudissements nourris) de la part de la nation reconnaissante.
Car c'est dans les moments d'adversité comme celui auquel nous faisons face avec le Covid 19, qu'un véritable peuple se rappelle qu'il est, avant toute autre considération, une grande famille.
C'est par ces moments d'adversité que surgit l'instinct de conservation, la prise de conscience de ce que l'autre c'est mon ciel, car je ne suis ce que je suis que parce que nous sommes.
En d'autres termes, que si l’autre venait à disparaître, ceci entraînerait ma propre disparition. Nos destinées étant intrinsèquement et inextricablement liées.
J'ai la faiblesse de croire que c'est cette tradition des mortels que nous sommes, que c'est ce précepte éminemment moral qui aura été le déclencheur de l'initiative Survival Cameroon.
La réaction des camerounaise de l'intérieur et de la diaspora répondant favorablement à cette initiative par leurs dons multiformes étant la preuve, s'il en fallait, que l'idée n'était pas mal venue.
D'où vient-il donc qu'aujourd'hui, une action à priori normale et non dangereuse soit devenue le théâtre hideux d'une stigmatisation tous azimuts d'une partie du corps social Camerounais?
D'où vient-il, que dans un contexte où des malades se plaignent de la précarité des soins, où les médecins décrient la vétusté du plateau technique et en meurent au quotidien, où les chercheurs faute de moyens semblent ne plus savoir où donner la tête, où vous et moi sommes des victimes potentielles de cette pandémie eu égard à l'incohérence de la riposte gouvernementale...
D'où vient-il disais-je, que des présents des citoyens de bonne volonté, destinés à leurs frères et sœurs soient devenus le tremplin d'une danse macabre où des gens rivalisent d'hypocrisie, de cynisme et de satanisme sur l'hôtel des souffrances, des larmes du désespoir et de la mort qui arrache violemment de nos yeux nos bien aimés chaque jour qui passe ?
On se croirait témoin oculaire et oriculaire d'une résolution manifeste d'une clique de pervers décidés à déconstruire à n'importe quel prix le fil d'Ariane qui constitue le substrat de cette patrie nôtre...
Est-ce dissimulés derrière le ridicule épouvantail qu'ils nomment pompeusement "LOIS", lesquelles lois leur ont tant servi de marche pieds quand bon leur semblait, est-ce dissimulés derrière ce minable cache-sexe qu'ils trouvent de l'énergie à mettre au service d'autant d'animosité, de rejet et d'exclusion d'une partie du peuple camerounais dont le seul péché sous-entendu d'être d'une coloration partisane autre ?
Est-ce pour avoir dit non à un système moribond dont le désastre économique et humanitaire n'est plus à démontrer qu'il faut couper et jeter dans les feux de l'enfer jusqu'à la générosité de cette partie du corps social Camerounais ?
En un mot comme en mille, que reste t-il à inscrire au crédit d'une telle dispensation (vous dites gouvernance), qui aura refusé aux camerounais jusqu’au droit de s’aimer par delà les carcans partisans ?
Que retiendra donc l’histoire de votre dispensation mesdames et messieurs. D'avoir exposé des camerounais à la mort par votre haine qui n'a plus de retenu ?
La solidarité inter-citoyenne en temps d'adversité, de menace de mort cesse t'elle dans notre territoire d'être un acte éminemment noble et humain ?
D'où vient-il qu'une action de don (rien que ça !) ait pu virer dramatiquement à la chasse ouverte aux sorcières, et qui plus est, avec tous les moyens de l'État et par les agents même de l'État ?
Un État sensé être au dessus des partis politiques, sensé être le point de jonction et de réconciliation par delà les divergences, les disputes quelques profondes qu'elles fussent ?
D'où vient-il qu'après avoir pillé, violé, tué, et refusé à ce peuple ne serait-ce que le début du commencement des conditions basiques d'une vie décente, d'où vient-il que vous vous résolviez à présent à leur inculquer le désamour de son prochain, le tirant ainsi à franchir le rubicond pour basculer dans l'animalité.
D'où cela vient-il mes frères ?
Dites à cette belle nation ce qu'elle vous doit. Ce qu'elle vous a fait pour que vous la déconstruisiez avec autant d'acharnement.
Et nul doute qu'avec le même élan dont elle a fait preuve dans le cadre de survivalCameroun, elle se mobilisera et payera sa dette pour être enfin libérée d'un tel boulet des êtres sans foi, sans cœur, sans idéal, sans principe, sans limite, sans amour...
Chers légalistes de la dernière heure, avant de lancer ainsi la pierre à un simple acte de générosité, de grâce, avant de lancer la pierre de la loi au citoyen qui vient fraternellement, regardez-vous dans un miroir et posez cette question à la personne que vous y verrez: Que vaillent concrètement les lois dont vous parlez au Cameroun, par delà Covid-19 et à la lumière des praxis du Renouveau compilées jusqu'ici ?
Revenons à l'humanité, seule vectrice de citoyenneté.
Pinçons-nous. Ayons un sursaut. Ça urge ! Une citoyenne meurtrie ».
N.R.M