Alice Sadjo dans une lecture qui semble plus partisane qu’autre chose, invite le Gouvernement et ceux des Camerounais qui ne cautionnent pas des actions de bravade cachées sous une fausse philanthropie à revenir à « l'humanité, seule vectrice de citoyenneté ».
Sous d'autres cieux, dans un contexte normal, des élans de cœurs et de générosité comme ceux dont s'est montré capable le peuple camerounais en un laps de temps en volant au secours de leurs compatriotes nécessiteux auraient dû susciter un standing ovation (des applaudissements nourris) de la part de la nation reconnaissante.
Car c'est dans les moments d'adversité comme celui auquel nous faisons face avec le Covid 19, qu'un véritable peuple se rappelle qu'il est, avant toute autre considération, une grande famille.
C'est par ces moments d'adversité que surgit l'instinct de conservation, la prise de conscience de ce que l'autre c'est mon ciel, car je ne suis ce que je suis que parce que nous sommes.
En d'autres termes, que si l’autre venait à disparaître, ceci entraînerait ma propre disparition. Nos destinées étant intrinsèquement et inextricablement liées.
J'ai la faiblesse de croire que c'est cette tradition des mortels que nous sommes, que c'est ce précepte éminemment moral qui aura été le déclencheur de l'initiative Survival Cameroon.
La réaction des camerounaise de l'intérieur et de la diaspora répondant favorablement à cette initiative par leurs dons multiformes étant la preuve, s'il en fallait, que l'idée n'était pas mal venue.
D'où vient-il donc qu'aujourd'hui, une action à priori normale et non dangereuse soit devenue le théâtre hideux d'une stigmatisation tous azimuts d'une partie du corps social Camerounais?
D'où vient-il, que dans un contexte où des malades se plaignent de la précarité des soins, où les médecins décrient la vétusté du plateau technique et en meurent au quotidien, où les chercheurs faute de moyens semblent ne plus savoir où donner la tête, où vous et moi sommes des victimes potentielles de cette pandémie eu égard à l'incohérence de la riposte gouvernementale...
D'où vient-il disais-je, que des présents des citoyens de bonne volonté, destinés à leurs frères et sœurs soient devenus le tremplin d'une danse macabre où des gens rivalisent d'hypocrisie, de cynisme et de satanisme sur l'hôtel des souffrances, des larmes du désespoir et de la mort qui arrache violemment de nos yeux nos bien aimés chaque jour qui passe ?
On se croirait témoin oculaire et oriculaire d'une résolution manifeste d'une clique de pervers décidés à déconstruire à n'importe quel prix le fil d'Ariane qui constitue le substrat de cette patrie nôtre...
Est-ce dissimulés derrière le ridicule épouvantail qu'ils nomment pompeusement "LOIS", lesquelles lois leur ont tant servi de marche pieds quand bon leur semblait, est-ce dissimulés derrière ce minable cache-sexe qu'ils trouvent de l'énergie à mettre au service d'autant d'animosité, de rejet et d'exclusion d'une partie du peuple camerounais dont le seul péché sous-entendu d'être d'une coloration partisane autre ?
Est-ce pour avoir dit non à un système moribond dont le désastre économique et humanitaire n'est plus à démontrer qu'il faut couper et jeter dans les feux de l'enfer jusqu'à la générosité de cette partie du corps social Camerounais ?
En un mot comme en mille, que reste t-il à inscrire au crédit d'une telle dispensation (vous dites gouvernance), qui aura refusé aux camerounais jusqu’au droit de s’aimer par delà les carcans partisans ?
Que retiendra donc l’histoire de votre dispensation mesdames et messieurs. D'avoir exposé des camerounais à la mort par votre haine qui n'a plus de retenu ?
La solidarité inter-citoyenne en temps d'adversité, de menace de mort cesse t'elle dans notre territoire d'être un acte éminemment noble et humain ?
D'où vient-il qu'une action de don (rien que ça !) ait pu virer dramatiquement à la chasse ouverte aux sorcières, et qui plus est, avec tous les moyens de l'État et par les agents même de l'État ?
Un État sensé être au dessus des partis politiques, sensé être le point de jonction et de réconciliation par delà les divergences, les disputes quelques profondes qu'elles fussent ?
D'où vient-il qu'après avoir pillé, violé, tué, et refusé à ce peuple ne serait-ce que le début du commencement des conditions basiques d'une vie décente, d'où vient-il que vous vous résolviez à présent à leur inculquer le désamour de son prochain, le tirant ainsi à franchir le rubicond pour basculer dans l'animalité.
D'où cela vient-il mes frères ?
Dites à cette belle nation ce qu'elle vous doit. Ce qu'elle vous a fait pour que vous la déconstruisiez avec autant d'acharnement.
Et nul doute qu'avec le même élan dont elle a fait preuve dans le cadre de survivalCameroun, elle se mobilisera et payera sa dette pour être enfin libérée d'un tel boulet des êtres sans foi, sans cœur, sans idéal, sans principe, sans limite, sans amour...
Chers légalistes de la dernière heure, avant de lancer ainsi la pierre à un simple acte de générosité, de grâce, avant de lancer la pierre de la loi au citoyen qui vient fraternellement, regardez-vous dans un miroir et posez cette question à la personne que vous y verrez: Que vaillent concrètement les lois dont vous parlez au Cameroun, par delà Covid-19 et à la lumière des praxis du Renouveau compilées jusqu'ici ?
Revenons à l'humanité, seule vectrice de citoyenneté.
Pinçons-nous. Ayons un sursaut. Ça urge ! Une citoyenne meurtrie ».
N.R.M