C’est connu, Ateh Bazore, artiste de musique folklorique a été élu Président du Conseil d’Administration de la Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam). C’était samedi dernier, 12 décembre 2020 à l’issue de l’assemblée générale élective de cette structure. Celui qui succède à Sam Fan Thomas à ce poste dessine déjà ses priorités.
A en croire les déclarations du nouveau PCA de la Sonacam, son premier chantier sera de fédérer toutes les forces conformément à l’esprit qui a sous-tendu sa candidature. « Il y a eu trop de visions de guerres, d’insultes dans les réseaux sociaux, dans les médias qui sapent l’énergie, mais surtout, qui donnent l’opportunité aux usagers de ne pas payer. La première chose serait de tendre la main à tous ceux qui sont dans le milieu (…). Je sais qu’ils ont les connaissances qui peuvent aider à ce que ça marche. Je suis le PCA de tous les artistes membres de la Sonacam et je compte travailler avec tout le monde », a déclaré celui qui officie comme journaliste à la Cameroon Radio Television (Crtv).
Ateh Bazore a ainsi à cœur, l’amélioration des conditions de vie des artistes musiciens. Dans ce sillage, il entend procéder à la systématisation des paiements aux ayants droit. Ce qui permettrait de mettre fin à la pomme de discorde entre les artistes. Lors de la dernière répartition de la Sonacam en décembre 2019, des éclats de voix s’étaient fait entendre. En effet, certains artistes musiciens avaient dénoncé les 25 000 FCFA perçus.
« Les répartitions seront faites chaque trois mois comme ça se fait partout ailleurs, virées dans les comptes de tous les artistes. On va créer des comptes bancaires pour tous les artistes pour s’assurer que tous ces fonds soient traçables. Nous allons élaguer la corruption qui a fait en sorte que les gens font dans les perceptions directes. On va moderniser la gestion pour s’assurer que l’artiste vit de son art », indique le nouveau PCA de la Sonacam.
Relation avec les pouvoirs publics
Dans les priorités de l’artiste de musique folklorique, l’harmonisation des relations avec les pouvoirs publics, notamment la tutelle qu’est le ministère des Arts et de la Culture (Minac). C’est d’ailleurs pourquoi reconnait-il, « Nous ne pouvons rien faire sans la tutelle, et la tutelle est là pour nous accompagner. Nous devons travailler avec la tutelle. Je compte créer une relation harmonieuse. Le ministre des Finances par exemple pourra nous faciliter la perception auprès de certains usagers. Pour ce faire, il faut être en phase avec les autorités », affirme Ateh Bazore.
Innocent D H
La rencontre fortement courue a connu la participation d'un important nombre important d'artistes musiciens du Nord. Ceux-ci, ont dans un climat de convivialité échangé avec les responsables de la société civile nationale de l'art musical (Sonacam) qui, ne sont pas passé par quatre chemins pour faire porter à la connaissance des artistes, la volonté manifeste du top management de faire adhérer le maximum de professionnels possibles de la musique camerounaise. "Le Directeur général veut imprégner au maximum les acteurs dans le domaine musical en l'occurrence, pour que les artistes sachent au combien la Sonacam est décidée à apporter des solutions aux problèmes des droits d'auteurs chers aux artistes", a indiqué Daniel Haman de son nom d'artiste Isnebo, par ailleurs membre du Conseil d'administration de la Sonacam.
Les échanges ont permis de lever le moindre doute. Et les artistes ont suffisamment participé aux débats. C'est le cas de Yang Marthe, artiste musicienne qui estime que ça a duré longtemps sans que les artistes perçoivent leurs droits d'auteurs, heureusement que dernièrement, la Sonacam a permis aux acteurs de la musique d'avoir la répartition de leurs dûs.
Pour rassurer les artistes, le représentant du Directeur général de la Sonacam, précise que pour que chacun puisse bénéficier de ses droits et faire bénéficier ses veuves, les artistes de la région du Nord, doivent adhérer sans complexe à la Sonacam.
Narcisse Ndjock du Service de la documentation, de l'informatique et de la répartition déclare que la Région du Nord fait partie des régions qui ne sont pas mobilisées à temps. Selon lui, "il faut que les gens soient mobilisés à temps et présentent la preuve de leur adhésion pour percevoir leurs droits d'auteur".
Les artistes reconnaissent les efforts du Gouvernement qui se soucie de l'amélioration de leur statut, mais demandent la création d'une représentation régionale pour mieux faire entendre leurs préoccupations.
Innocent D.H
Au menu de ce séjour dans la ville de Garoua, des échanges avec les artistes de la région du Nord et l'élection des délégués qui représenteront la région à la prochaine assemblée ordinaire de la Sonacam. Pour ce premier contact avec les acteurs du secteur des droits d'auteur de la catégorie B, Aw'wall sera accompagner de l'artiste Isnebo, administrateur au sein de ladite société.
La rencontre avec les artistes est prévue à l'Alliance française de Garoua ainsi que l'élection des délégués. La visite du Dg de la Sonacam intervient avec le cri de détresse des artistes du nord Cameroun au paroxysme de leur inquiétude, porté par un opérateur culturel vent debout face à la dramatique et inquiétante condition des artistes et des opérateurs culturels du Nord en particulier, du Grand Nord en général.
Ahmadou Palou Zoua égraine au passage le chapelet des maux qui gangrènent le secteur de l’art musical dans le Septentrion et pointe un doigt accusateur sur « l’environnement socio culturel et économique local» qui selon lui est « un écueil important et incontournable », en plus de l’inexistence des structures d’encadrement et de formation qui constituent un handicap « qui impacte sur la vie des acteurs du monde culturel et artistique dans cette partie du pays » soutien le président de l’association des artistes du Nord.
Pour ce dernier comme pour beaucoup d’acteurs culturels du Cameroun d’ailleurs, « l’avènement du ministère des arts et de la culture ayant suscité beaucoup d’espoir ; nous avons cru que la situation allait changer positivement », rappelle Ahamadou Palou. « Mais nous constatons pour le déplorer avec que les choses vont de mal en pis » regrette-t-il.
Plus loin dans sa lettre, Ahmadou Palou accuse la délégation régional des arts et de la culture du Nord qui d’après lui «pose des actes qui ne tendent pas à encourager la promotion des arts et de la culture, ni les artistes, ni les promoteurs culturels. » Il ajoute : « Les artistes ne perçoivent pas l’action du gouvernement au niveau régional, vos services s’éloignent au jour le jour des artistes et de leurs préoccupations » souligne-t-il. Pour exister les artistes d’ici sont obligés de faire preuve de beaucoup de courage ; d’abnégation ; de persévérance et de témérité. »
Afin que les artistes et les opérateurs culturels n’aient plus « l’impression d’être des laissés pour comptes ; des orphelins ; des parias » aux yeux du ministère des Arts, Ahmadou Palou implore une « vigoureuse réaction » car rappel t-il « ici les artistes vivent et meurent dans l’indifférence et le dénuement total. » Face à tous ses manquements au secteur, l’opérateur culturel sollicite du ministre des arts et de la culture « une vigoureuse réaction» pour une sortie de crise.
Pour ce faire, selon le président de l’association des artistes du Nord, le ministère des arts et de la culture doit instruction une enquête au niveau régional sur l’utilisation des différentes subventions et autres allocations que le ministère octroie lors des manifestations festives telles les fêtes nationales et journées internationales au niveau régional des cinq dernières années y associer la Conac, remettre en cause tous les rapports y affairant que les délégations régionales des arts envoient au ministère et contre expertise systématiquement leurs rapports financiers.
Félix Swaboka