Les régions camerounaises frontalières avec le Nigéria et la République Centrafricaine font face à de nombreux enjeux liés à la migration intracontinentale engendrée par les conflits passés ou en cours. Dans l’Extrême-Nord, 90.701 réfugiés nigérians sont enregistrés par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) et 215 000 personnes déplacées internes (PDI) ont été recensées par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).
Les personnes réfugiées dépendent majoritairement de l’aide humanitaire, notamment de l’aide alimentaire fournie par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM), dans des régions déjà marquées par des périodes d’insécurité alimentaire et de malnutrition chronique. Cette augmentation de la population génère des déséquilibres socio-économiques, crée une pression sur les ressources naturelles et entraîne des tensions autour de celles-ci et de l’accès aux services de base (Eau, Hygiène, Assainissement, Santé, Education).
Pour répondre à cette problématique, l’Union Européenne (UE), à travers le fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, a accordé un financement de 20 millions d’euros à deux consortia composés d’organisation non-gouvernementales locales et internationales, pour la mise en œuvre de deux programmes portant sur le redressement économique et social inclusif, et la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Le premier consortium est constitué d’Action Contre la Faim (ACF), Première Urgence Internationale (PUI), Croix-Rouge Française (CRF), Care France (CARE) et Solidarités Internationale (SI), et bénéficie d’un financement de 13 millions d’euros sur trois ans pour la mise en œuvre du Programme de Redressement Économique et Social Inclusif et de Lutte contre l’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle des Territoires du Nord et de l’Extrême Nord (RESILIANT). Le deuxième consortium est constitué de SNV, APROSPEN et CADEPI, et bénéficie d’un financement de 07 millions d’euros pour la mise en œuvre du Projet de Renforcement de la Résilience des Populations des Régions Septentrionales au Cameroun (PRESEC) dont les objectifs sont les mêmes que ceux du programme RESILI(A)NT mais avec des interventions étendues à la Région de l’Adamaoua.
Les Actions RESILI(A)NT et PRESEC couvrent 23 Communes des régions ciblées dont 15 pour la Région de l’Extrême-Nord. Ces Actions visent à répondre à des besoins identifiés conjointement avec plusieurs Ministères. La réponse à ces besoins se décline en trois objectifs spécifiques : (i) améliorer la situation sanitaire et le statut nutritionnel des populations vulnérables, en particulier les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 5 ans ; (ii) améliorer l’accès des communautés aux opportunités économiques et à une alimentation adéquate de manière durable et sensible à la cohésion sociale ; (iii) favoriser l’appropriation, la pérennisation et la mise à l’échelle des bonnes pratiques par les institutions locales et nationales.
L’approche d’intervention retenue par les deux Actions associe l’aide d’urgence, la réhabilitation et le développement afin de répondre aux problématiques à la fois conjoncturelles et structurelles que rencontre la Région. Pendant l’année 2018, les deux consortia ont démarré la mise en œuvre de leurs activités sur le terrain. Plusieurs résultats ont été atteints bien que rencontrant certaines difficultés sur le terrain.
La deuxième réunion du COPER de la Région du Nord (COPER-Nord) avait donc pour objectif de suivre le niveau de réalisation des activités des consortia RESILI(A)NT et PRESEC au 31 Décembre 2018 afin de bénéficier de leur accompagnement en termes d’amélioration des performances des Actions.
Félix Swaboka
« Les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord font partie des régions les plus pauvres et les plus vulnérables du Cameroun. L’hostilité de l’environnement conjuguée aux effets du changement climatique ont rendu les populations encore plus vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition », selon le Presec. Au regard de cette réalité de précarité extrême, il s’avère nécessaire de reconstruire et de protéger les moyens d’existence des populations à travers des filets sociaux non contributifs, des soins curatifs et la prévention. C’est ainsi, qu’aujourd’hui, les élus locaux et autres acteurs de développement sont plus que jamais appelés à intervenir étant donné qu’ils sont dotés des missions qui les invitent à être à l’écoute des populations à la base. Ils doivent alors développer leurs qualités intrinsèques et leadership pour mieux comprendre les politiques de l’Etat et être à mesure de les traduire dans des faits concrets.
Les caractéristiques des communes ciblées
Les communes qui retiennent l’intérêt du Presec à travers cet atelier sont caractérisées par des faibles capacités dans l’exercice de la maîtrise d’ouvrage essentielle pour une gestion durable des points d’eau, des ouvrages d’assainissement et des aspects nutritionnels. Une telle situation considérée comme une faiblesse ne leur permet pas d’assumer convenablement leurs responsabilités de leader et surtout au moment où actuellement le processus de décentralisation camerounais doit connaître un véritable coup d’accélérateur.
Le Presec compte faciliter les capacités des onze maires des communes de Makary, Goulfey, Waza, Logone Birni, Mora, Mogodé, Lagdo, Guider, Nyambaka, Maïganga et Ngan-Ha sur le leadership et la décentralisation
Démarche méthodologique de formation
La méthodologie adoptée est celle participative. Elle est articulée autour des exposés, des échanges d’expériences entre les différentes communes, des travaux en groupe, ainsi que des études de cas. Toutes ces approches sont mises à contribution pour permettre aux magistrats municipaux de toucher du doigt les réalités propres à chaque commune afin de formuler des esquisses de solutions.
Pour les élus locaux venus des communes de Lagdo, Mogodé et Ngang-Ha, bénéficiaires de cette marque d’attention, il est temps de louer les efforts de Presec dans des projets de développement dans leurs collectivités locales respectives. Mama Abakaï, Nana Missa et Yaya Gilbert s’estiment heureux d’impacter positivement sur les conditions de vie de leurs populations.
Le Secrétaire général des services du gouverneur Julien Ndoumba qui présidait ce 12 mars l’ouverture des travaux, reconnaît que les actions du Presec entrent en droite ligne de la politique de l’Etat dans la mise en œuvre de la décentralisation.
Le Presec promet au cours de l’année 2019, de procéder à la construction des magasins de stockage des produits agricoles, des forages et entend faire distribuer 800 petits ruminants à 400 ménages des communes ciblées, pour ne citer quelques projets car la liste n’est pas exhaustive. L’atelier prend fin ce 15 mars.