Alors qu’elle revenait d’une fête d’anniversaire et qu’elle regagnait son domicile à bord de son véhicule, elle a été attaquée par un groupe d’individus armés et n’a eu la vie sauve que grâce à la prompte réaction d’un gardien
Véronique Tsama n’est pas encore revenue de ses émotions et comme dans un tic, ses mains reviennent à chaque instant autour de son cou et son regard se perd dans le vague. D’une voix entrecoupée par des larmes qui ne cessent de couler de ses yeux, elle raconte comment quelques heures auparavant, elle a échappé à ce qui devait selon être ses dernières heures sur cette terre : « Depuis que Enéo a de nouveau décidé de nous priver d’énergie électrique, les agressions ont repris chez nous ici. Je venais à peine de sortir de la douche que j’ai senti comme une présence dans mon dos. J’ai eu des frissons sur tout le corps et j’ai à peine eu le temps de me rendre effectivement compte de ce qui se passe qu’une arme a été posée sur ma tempe droite. L’individu, d’une voix gouailleuse m’a dit de lui remettre tout, tout ce qui avait de la valeur chez moi… ».
Menacée d’être violée par ses agresseurs
Continuant dans son récit, la jeune dame, la quarantaine à peine entamée, affirme que : « Celui qui me menaçait avec son arme a dit à son complice qu’ils allaient passer du bon temps, ils se sont mis à se disputer pour qui passerait en premier sur moi. Je le vivais comme un cauchemar…Ils ont tiré sur mon chemisier, me dénudant et me passant les doigts, les mains, leur sale bouche partout… », raconte t–elle et se remettant à pleurer à chaudes larmes.
Comment a-t-elle réussi à s’en sortir ?
« Je ne sais pas combien de temps cela a duré mais, à un moment, j’ai cru entendre des cris d’alerte dehors. Mais, selon ce que ma voisine m’a raconté ce matin (dimanche), c’est son gardien qui est venu leur dire qu’il a semblé voir des personnes entrer chez moi. Ils ont donc donner l’alerte et, prenant des risques, ils ont résolu d’entrer par derrière, en attendant l’intervention de la police… ».
Véronique Tsama accuse la société en charge de la distribution de l’énergie électrique
« Certes des agressions existent, il n’y a qu’à voir le nombre de plaintes déposées dans les services indiqués. Mais, si nous n’étions pas confrontés à ces coupures quotidiennes, je crois que je n’aurais pas été agressée. Je crois que dans ce pays, certains travaillent à créer des poches d’insurrection, on dirait qu’ils veulent à tout prix installé le chaos. Comment comprendre que ces gens nous mettent ainsi en danger. Si j’étais morte la nuit dernière, ce sont les membres de ma famille qui auraient perdu. Les gens qui travaillent au ministère de l’eau et de l’énergie, dans cette entreprise qui est sensée donner la lumière, n’ont qu’un objectif majeur, voler autant que possible… ».
Des plaintes seront déposées
« Certes, ces bandits ont réussi à prendre la fuite mais, dès lundi, je vais déposer plainte contre inconnu. Une autre plainte sera déposée contre Enéo. Ce sont ces gens qui m’ont fait courir ce danger ; c’est à cause d’eux que j’ai failli perdre la vie. Même si une suite n’est pas donnée, je vais faire ce que je peux pour que ca change… ».
Doit–on faire une fois de plus appel au Président de la République pour que s’arrête ces coupures ?
Cela a été le cas avec les résultats de l’Enam, peut être que cela devrait l’être aussi avec ce problème d’énergie. Les cours ont à peine repris et les enfants n’ont pas la possibilité d’apprendre le soir parce que privés d’énergie électrique. Les ménagères n’ont pas la possibilité de conserver leurs produits dans les congélateurs. Que dire des appareils électro ménagers et autres qui sont grillés et les propriétaires n’ont que leurs yeux pour pleurer. Les incendies se comptent à la pelle parce que dans les ménages, on est obligé de s’éclairer à la bougie, ces morts par électrocution à cause des décharges électriques…
Le Président de la République est donc sollicité pour la résolution de ce problème d’énergie, les populations, à qui on présente des factures faramineuses alors que les trois quart de temps, ils sont dans le noir, n’en peuvent plus…
Nicole Ricci Minyem
Les plaintes des populations
« C’est redevenu notre quotidien, nous avons été épargnés pendant cinq ou six mois mais maintenant, nous sommes confrontés à ces coupures, chaque semaine et, je suis obligé de prendre ma voiture et aller de quartier en quartier parce que chez moi, il n’ya plus la moindre goutte d’eau… ».
« Mon bailleur a, je crois commis l’erreur de ne pas nous construire un forage, pour pallier à ce manque d’eau. Nous allons bientôt faire une semaine, parce que c’est depuis dimanche qu’ils nous ont coupé l’eau. Nous n’avons vu aucun agent de la SNEC, personne n’a pris la peine de nous prévenir que ce sera ainsi. Nous sommes dans les spéculations. Est-ce dû à une panne, un tuyau cassé, que s’est – il passé ? Bref, nous ne savons et ne comprenons rien. Mes enfants sont tous allés en vacances et, est ce que je vais porter des bassines sur ma tête et, même si je le fais, où est ce que je peux aller puiser de l’eau ? »
« A ce rythme, comment ne voulez vous pas que les camerounais se plaignent ? Vraiment, nous sommes fatigués de ces dirigeants, nous sommes fatigués de ce pays. Comment quelqu’un peut dire qu’il est ministre, ou directeur général d’une entreprise comme la SNEC et ne pas se soucier de fournir en eau et même en énergie électrique, les consommateurs que nous sommes. Il y’a deux mois, j’ai payé une facture d’eau qui s’élevait à 14 mille francs et je me suis posé la question de savoir si j’ai ouvert un pressing chez moi. Lorsque je suis allé me plaindre, on m’a demandé de payer d’abord et j’ai été contraint de le faire. Et aujourd’hui, comme c’était le cas la semaine dernière, je suis privé d’eau. Il est important que d’autres personnes prennent le pouvoir dans ce pays, nous sommes vraiment fatigués, trop c’est trop… ».
La psychose de l’eau
C’est ainsi que certains ont qualifié ces coupures incessantes d’eau dans les villes camerounaises. Et pourtant, aucune mesure à long terme n’a été prise, afin de résoudre ce problème.
Les responsables en charge de la distribution du « précieux sésame » ne semblent pas assimiler certaines réalités : le manque d’eau courante est une preuve de sous-développement, alors qu’ailleurs, certains en ont fait un domaine prioritaire pour une vie porteuse d’espoir.
En outre, c’est un aveu d’incompétence pour ceux à qui on a confié ces responsabilités.
Nicole Ricci Minyem