De forts soupçons de corruption et de détournement ayant possiblement induit la distraction de cette somme colossale planent sur ce projet. Le gouvernement camerounais sollicite une expertise internationale pour se faire une idée précise de l’utilisation des ressources allouées pour la construction de cette autoroute.
C’est par voie de presse que le ministre des Travaux publics (Mintp) monsieur Emmanuel Nganou Djoumessi, a lancé un appel d’offres international pour recruter un cabinet d’expertise en vue de réaliser un audit financier du projet de construction de l’autoroute Kribi-Lolabé long de 38,5 Km et rendue à 88,5% de réalisation à cette date. Ce n’est pas très régulièrement qu’un audit est commandé par l’Etat du Cameroun dans le cadre d’un marché public. Parmi les nombreux objectifs assignés au cabinet en cours de recrutement, indique l’appel d’offres, il y a celui relatif aux ressources d’Eximbank de Chine (85% des financements).
Le gouvernement camerounais veut savoir si ces ressources « ont été utilisées conformément aux dispositions de l’accord de prêt et du mécanisme de remboursement qui l’accompagnent dans le souci d’économie et d’efficience, et uniquement aux fins pour lesquelles elles ont été octroyées ».
Par ailleurs, il est demandé à l’auditeur de vérifier si les fonds de contrepartie de l’Etat du Cameroun (15%) ont été mobilisés, ainsi que d’autres ressources relatives à l’investissement fiscal auxquelles l’Etat s’est engagé conformément à l’accord de prêt.
Aussi, indique le ministre des Travaux publics, « l’auditeur se doit d’accorder une attention sur les cas de fraude et corruption identifiés ; le respect des lois et réglementations durant toute la phase du projet ; les problèmes de gouvernance identifiés lors de l’exécution dudit projet ».
Les candidats à cet appel d’offres international doivent justifier d'un chiffre d'affaires supérieur ou égal à 150 millions FCFA. Les candidatures doivent parvenir au ministère des Travaux publics au plus tard le 3 avril 2019.
La construction de cette autoroute de 38,5 km et de 2 x 2 voies a été confiée à l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company. L’ouvrage est censé desservir Kribi, la cité balnéaire où se trouve le port en eau profonde. Le planning d’achèvement des travaux laissait entrevoir une réception provisoire de cette autoroute autour de juin 2018. Mais ce n’est pas encore le cas.
Sur les réseaux sociaux, c’est le montant de la somme allouée pour la construction de 38,5 Km de route qui est questionné. Malgré tout, les clichés de cette infrastructure routière qui fend la forêt sont impressionnants de beauté. Vivement qu’elle soit livrée un jour, en bonne et due forme.
Source : RLK
Outre les problèmes sécuritaires, la première conférence semestrielle des gouverneurs a donné lieu à des explications portées sur la décentralisation de l’entretien routier. En maître du département ministériel en charge des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi a fait une communication sur la définition du maître d’ouvrage. Il a donc été rappelé que conformément au décret N°2018/366 du 20 juin 2018 portant Code des marchés publics, le maître d’ouvrage est le « chef de département ministériel ou assimilé, chef de l’exécutif d’une collectivité décentralisée, directeur général et directeur d’un établissement public, représentant l’administration bénéficiaire des prestations prévues dans un marché ».
Aussi il a été dit que les gouverneurs et les préfets des départements peuvent être les maîtres d’ouvrage délégués. A ce titre-là, ils vont exercer en qualité de mandataire de maître d’ouvrage. Ils vont donc bénéficier comme accompagnement du ministère des Travaux publics, une expertise nécessaire. Toujours dans sa posture de maître d’ouvrage, le Mintp dans les mesures d’accompagnement d’entretien routier, intègre également la gestion des routes communautaires.
Il convient de rappeler que le réseau du Cameroun s’étend sur un linéaire d’environ 122 000 Km dont plus de 100 000 Km de routes communales. Surtout que depuis 2010, avec le début de transfert de ressources aux Communes « l’enveloppe budgétaire mise à la disposition de chacune des 306 communes pour les opérations d’entretien routier a pratiquement triplé en sept ans ». Pour ce qui est des routes nationales on a environ 9 370 Km, 13 924 Km de routes régionales. Environ 7000 Km de ce réseau est bitumé, ce qui représente 5,7 % du linéaire total. Avec un budget de 361 342 milliards de F de crédits de paiement en 2019, dont 296 1 milliards de budget d’investissement et 65,2 milliards de budget de fonctionnement.
On a par ailleurs appris qu’Emmanuel Nganou Djoumessi entend entre autres rétablir le réseau routier à un niveau acceptable à travers l’entretien et la réhabilitation de nombreuses routes en terre.
Liliane N.