Le juge d'instruction du tribunal militaire de Yaoundé en charge des affaires Maurice Kamto et Sisiku Ayuk Tabe vient d'être affecté à Buea. Une affectation qui est diversement appréciée.
Le juge Michel Mem a été affecté au Tribunal militaire de Buea à la faveur d’une série de nominations effectuée mardi dernier dans les services des corps armées camerounais. Le magistrat Michel Mem va quitter le Tribunal militaire de Yaoundé pour rejoindre son nouveau poste d’affectation à Buea. La décision présidentielle du 05 février le décharge du procès pour terrorisme de Julius Ayuk Tabe et neuf autres leaders sécessionnistes.
Le colonel Mem Michel venait d’être constitué juge dans l’affaire des leaders séparatistes. Il en était à sa deuxième audience et remplaçait la juge Abega Mbezoa épouse Eko Eko, qui, pour des raisons non encore élucidées, avait cédé son fauteuil.
Vice président du Tribunal militaire de Yaoundé depuis le mois de février 2018, Le colonel Mem Michel était également juge d’instruction dans cette juridiction. C’est donc lui qui intervenait dans le dossier de hauts cadres du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun. Il avait été appelé, sur demande des avocats de la défense, à se prononcer sur la compétence de cette Cour à juger des civils. La décision reste attendue. Finalement, ce n'est pas lui qui l'a rendra.
Il n’est pas possible de dire à l’heure actuelle qui remplacera le juge Michel Mem dans ces procédures. L’on sait toutefois qu’il sera remplacé au Tribunal militaire de Yaoundé par le lieutenant-colonel Jacques Boudoin Misse Njone, en service jusqu’ici à Bamenda.
D'après Bibou Nissack, porte parole du président du MRC, réagissant sur les antennes de Triumph FM (une radio émettant à Yaoundé) reconnaissait qu'il s'agit d'une affectation plutôt curieuse. Une affectation qui intervient au moment où le juge d'instruction est sur le point de rendre sa décision sur la qualité du tribunal militaire à connaître de cette procédure concernant des civils. Un magistrat ayant traité de sujets aussi délicats devrait en principe être promu si ses patrons étaient satisfaits par ses actes. Au contraire, il est affecté à Buea, dans la ville foyer de la crise dont les principaux acteurs étaient jugés par lui.
Une décision qui selon les membres du MRC, est une autre preuve s'il en fallait encore une, que la justice est soumise à des influences qui ne permettent pas toujours le procès équitable.
D'un autre point de vue, il faut reconnaître qu'il s'agit ni plus ni moins d'un acte normal dans toute administration. C'est dans l'ordre des choses que de procéder à des nominations et affectations des agents de l'État. Aussi, tout agent public est appelé à servir partout sur le territoire national.