Selon les informations relayées par nos confrères de la Cameroon Radio Television (Crtv), l’abondance des pluies dans la ville de Kousseri, département du Logone et Chari, région de l’Extrême-Nord, a entraîné la montée spectaculaire des eaux du fleuve Logone. L’obstruction des voies de canalisation des eaux, des digues installées dans certaines zones affectées auraient cédé à la pression des eaux, et plusieurs familles se sont retrouvées à la belle étoile.
« Il y a 150 habitations détruites et près de 400 ménages affectés. Les quartiers concernés sont : Madagascar, Kourwan, Maïnani, Marouaré, Babou, Kawadji. Les anciens de la ville révèlent que le phénomène a été vécu en 1988 et 2012 », rapporte le média de service public.
Pour venir en aide aux sinistrés, les sapeurs-pompiers se sont mobilisés. L’on apprend que dès le début du sinistre, la 402ème compagnie d’incendie de Kousseri se sont déployés au chevet des victimes. Le commandant Patrick Djaouyang Djorwé du 40ème groupement de sapeurs-pompiers a signifié : « Nous avons installé deux postes médicaux qui administrent les soins aux populations déplacées ».
Le 19 novembre 2020, une délégation supplémentaire d’une trentaine d’éléments du 40ème groupement de sapeurs-pompiers est parti de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord. Elle avait pour mission spéciale, renforcer l’assistance des victimes en soins de première nécessité, apprend-on.
Rappelons qu’en date du 28 Septembre 2019, les localités situées le long du fleuve Logone, à l’est du département du Logone (Arrondissement de Zina) et au sud du Lac de Maga (Arrondissement de Kaï Kaï- Département du Mayo Danay) avaient subi des inondations dues à la soudaine montée des eaux du fleuve Logone, aggravée par la rupture de plusieurs digues communautaires. L’inondation a causé de nombreux dégâts sur les infrastructures publiques et sur les habitats et forcé plus de 20 000 personnes à abandonner leur foyer.
Innocent D H
Les conséquences du mouvement islamique Boko Haram qui sème la terreur au Nigeria ont véritablement atteint les frontières camerounaises. La présence des islamistes radicaux a été signalée depuis quelque temps dans le chef lieu de la région de l’extrême Nord.
En effet, le Cameroun qui partage de longues frontières avec son voisin nigérian en fait les frais. En raison du fait que les frontières artificielles héritées de la colonisation ont divisé les familles, en envoyant une partie au Nigeria et une autre au Cameroun ne facilitent pas le contrôle des déplacements. Moustapha Alioum, commerçant à Kousseri confie : « J'ai ma famille à Maiduguri, lorsqu’il y a des problèmes là-bas ; ils sont obligés de venir se réfugier ici chez moi, à Kousseri. Il est vrai la frontière est fermée mais il y a des voies de contournement dans le désert ».
Les familles de l’Extrême–Nord sont divisées et se retrouvent dans les deux pays. Ce qui favorise aussi l’acquisition d’une carte nationale d’identité camerounaise moyennant bien sur quelques billets de F CFA, apprend-on. Résultat des courses, il est difficile de dire avec exactitude, qui est nigérian et qui est camerounais. Profitant alors de ces mouvements migratoires du Nigeria vers le Cameroun et vice-versa, les adeptes de la secte Boko Haram, pour franchir la frontière (Banki-Amchidé) se passeraient pour les Camerounais, brandissant ainsi leur carte nationale d’identité dûment signées par les autorités Camerounais.
Pour empêcher leur pénétration dans la première ville frontalière entre le Cameroun et le Nigeria, les autorités administratives et responsables multiplient des stratégies de sécurisation. Et pour construire une paix durable, le gouvernement camerounais doit se saisir de deux enjeux sécuritaires majeurs : le devenir des anciens membres, y compris combattants, du mouvement jihadiste, et celui des comités de vigilance.
Pour les anciens membres de Boko Haram, le gouvernement devrait distinguer les militants dangereux, pour lesquels une procédure judiciaire formelle et probablement une incarcération s’imposent, d’autres individus pour lesquels des travaux communautaires et des confessions publiques semblent plus appropriés, et soutenir les communautés prêtes à réintégrer ces derniers. Concernant les comités de vigilance, il devrait mieux assister ceux qui sont encore nécessaires pour lutter contre Boko Haram.
Félix Swaboka