La synthèse du rapport d’audit des Fonds Coronavirus indique que la Chambre des comptes dénonce entre autres, de graves erreurs, la non-prise en compte de certains marchés passés, la contradiction parfois relevée dans les documents des ministères ayant géré les ressources de lutte contre cette pandémie.
Les conclusions de la synthèse du rapport d’audit sur l’utilisation des Fonds Covid-19 de la Chambre des comptes sont suffisamment graves. L’institution révèle avoir décidé d’ouvrir 14 procédures pour faute de gestion, 01 procédure pour gestion de fait. Elle indique avoir transmis au ministère de la Justice, 12 dossiers susceptibles de revêtir une qualification pénale.
Le journaliste Sismondi Barlev Bidjocka qui a lu cette synthèse du rapport d’audit des Fonds Covid-19 de la Chambre des comptes, affirme même que la fin de ce rapport, notamment les recommandations : 30 sont effrayantes et créent une atmosphère de mise à mort à la Guillotine. «30 recommandations parmi lesquelles certaines qualifiées de faute de gestion, et d’autres de détournement», ajoute-t-il.
Il faut savoir que le rapport d’audit des Fonds Covid-19 contenu sur 27 pages, est centré sur les activités menées par 3 ministères à savoir celui de la Santé, de la Recherche scientifique et de l’innovation et des Finances. Les enquêteurs de la Chambre des comptes parlent de plus de 157 milliards de fcfa largement au-dessus des prévisions. Les trois départements ministériels suscités ont effectué des dépenses évaluées à 167,7 milliards de FCFA, contre 9,8 milliards de FCFA pour le reste des administrations concernées.
Les enquêteurs de la Chambre des comptes relèvent un certain nombre de dysfonctionnements. Il y a à titre d’exemple des marchés importants attribués à des entreprises ne justifiant d’aucune expérience. Le cas de MEDELINE MEDICAL CAMEROON SA qui a bénéficié d’une surfacturation de 15,3 milliards de FCFA dans le cadre de la fourniture des tests COVID. Il y a un décalage entre les activités menées et les budgets arrêtés, ce qui amène la Chambre des comptes à se poser des questions.
Les enquêteurs de la Chambre des comptes évoquent la violation du Code des marchés publics. A ce sujet, ils parlent de deux marchés d’un montant de 631,6 millions de FCFA attribués au Directeur général de la société SARL BF Rest dans le cadre de l’aménagement du centre de prise en charge des patients d’ORCA à Yaoundé. Le problème c’est que le Directeur général de SARL BF Rest est aussi le Directeur général d’ORCA, qui appartient au groupe PROMOTAL.
La synthèse du rapport d’audit des Fonds Covid-19 énonce de graves erreurs et des documents provenant des administrations qui sont souvent contradictoires.
Liliane N.
Dans la dynamique nationale de lutte contre le coronavirus, l’ordonnance du 07 juin 2021 alloue 50 milliards de plus au fonds de solidarité dédié à la riposte contre cette pandémie et ses répercussions économiques et sociales. De manière générale, il ressort de ce texte que, le Cameroun passe de la résilience économique au renforcement du système de santé. Un changement de cap qui vise ainsi à permettre au pays de mieux combattre cette maladie qui n’est pas encore totalement éradiquée.
Dès le premier cas de Covid-19 déclaré au Cameroun le 06 mars 2020 et la faible progression de la pandémie, le Cameroun a opté en faveur d’une politique qui protège d’abord l’économie. Depuis la signature de l’ordonnance du 7 juin 2021 par le Chef de l’Etat, on est tenté de lire, un changement de cap en faveur d’une politique qui priorise désormais la prise en compte du système de santé.
C’est ainsi que le plafond des ressources des ressources destinées à approvisionner le Fonds de solidarité national pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales qui était jusque-là fixé à 180 milliards de FCFA, passe à un plafond de 200 milliards de francs pour l’exercice 2021 avec le texte présidentiel.
En clair, en plus du versement de 150 milliards opéré sur le budget général de l’Etat au départ, le président de la République autorise un nouveau versement de 10 milliards à ce compte d’affectation spéciale (CAS), à partir des ressources supplémentaires engrangées dans le budget général de l’Etat du Cameroun.
L’on apprend, qu’au départ, ce compte devrait être uniquement approvisionné sur ressources propres de l’Etat. Cependant, sur la base de l’ordonnance du Chef de l’Etat, 40 milliards issus des ressources du Fonds de concours seront alloués au CAS soit 25 milliards de la Banque mondiale et 15 milliards de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac).
Les priorités
L’ordre des priorités devant sous-tendre la répartition des 200 milliards du Fonds de solidarité national est clairement déterminé. Il s’agit notamment, du renforcement du système sanitaire qui reçoit la grosse partie de l’enveloppe avec 170 milliards de FCFA contre seulement 35 milliards dans le budget initial ; de la résilience économique et financière qui voit désormais enveloppe réduite passant de 100 milliards dans le budget initial à seulement 10 milliards ; de la résilience sociale qui obtient 5 milliards de plus et bénéficie désormais de 15 milliards tandis que l’enveloppe allouée au renforcement de la recherche et de l’innovation reste inchangée, à 5 milliards de nos francs.
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Innocent D H
Si l’on s’en tient à la teneur d’une récente correspondance du Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh au Ministre de la justice Garde des Sceaux, les gestionnaires indélicats de la fortune publique auront encore des insomnies. En effet, le Chef de l’Etat vient d’instruire au Minjustice d’engager des poursuites contre des auteurs des malversations financières dans le cadre de la gestion des fonds alloués à la lutte contre le coronavirus.
Dans cette correspondance, Ferdinand Ngoh Ngoh transmet les instructions présidentielles suivantes à Laurent Esso. « En vous faisant tenir ci-joint thermocopie du rapport de l’audit de la Chambre des comptes de la Cour suprême relatif à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du Chef de l’Etat, prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y relevées », écrit le SGPR.
Il convient ici de relever que l’identité des mis en cause n’est pas encore dévoilée. Toutefois, l’on se rappelle que le sujet portant sur l’audit des fonds alloués à la lutte contre la pandémie du coronavirus préoccupe au plus haut niveaux les acteurs institutionnels de la République. Le sujet était d’ailleurs le point essentiel du Conseil de cabinet du mois de juillet 2020. La tâche confiée à la Chambre des Comptes de la Cour suprême, portait sur la gestion du « Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus ».
Soulignons également à titre de rappel que le Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus a été créé le 1er avril 2020 par le Président de la République, Paul Biya. Il est doté d’une enveloppe d’un milliard de FCFA. A la suite de l’ordonnance du 3 juin 2020 portant modification de la loi des finances, ledit fonds est transformé en Compte d’affectation spéciale. Il sera alors alimenté par des versements à caractère non fiscal avec une dotation plafonnée à 180 milliards de FCFA et 150 milliards de FCFA en 2021.
En instruisant l’ouverture d’une enquête judiciaire, le Président Paul Biya fidèle à sa probité politique reste déterminé à en découdre avec les pratiques de malverversations financières. Pour le Chef de l’Etat, la bonne gouvernance doit être la norme, et non pas un accessoire que d’aucuns utiliserait à leur guise dans la gestion de la fortune publique, surtout que, s’agissant du combat contre la Covid-19, il faut une réelle traçabilité dans l’utilisation des fonds afin que le pays soit davantage résilient contre cette maladie qui ne cesse de déssimer l’humanité plutôt que par complaisance laisser des personnes s’enrichir de manière illicite.
Innocent D H
La prescription est contenue dans une correspondance datée du 29 mars dernier. En effet, selon Ferdinand Ngoh Ngoh, le rapport du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) faciliterait la conclusion avec le FMI d’un nouveau programme économique et financier.
Dans cette correspondance adressée au ministère chargé du contrôle supérieur de l’Etat, le Ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République demande une accélération de l’audit des fonds mis à la disposition du Ministère de la Santé publique (Minsante) et dédiés à la lutte contre la pandémie du coronavirus. « J’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du chef de l’Etat, vous prescrivant de faire accélérer la mission portée en objet, dont le rapport faciliterait la conclusion avec le fonds monétaire international (FMI) d’un nouveau programme économique et financier », a écrit le SGPR.
C’est en janvier 2020 que sur très hautes instructions du Président de la République, Paul Biya, qu’une mission spéciale du Contrôle et de vérification des services du Consupe a été déployée auprès du ministre de la Santé publique. Objectif, auditer la gestion des fonds mis à la disposition de ce département ministériel et liés à la lutte contre la Covid-19.
En rappel, l’entreprise Orca, spécialisée dans l’ameublement avait offert en avril 2020, 4 000 sacs de riz pour aider les populations touchées par le coronavirus. Las d’attendre la redistribution du don plusieurs mois après, le Contrôle supérieur de l’Etat demande des comptes. « Je voudrais tout simplement dire que depuis le 29 avril, nous ne sommes plus en possession du riz d’Orca. Toutes les fois que nous recevons des dons, nous essayons d’organiser des cérémonies pour que les Camerounais suivent les traces de ces dons », affirmait alors Dr Manaouda Malachie lors de son passage à la télévision nationale.
En juin 2020, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Joseph Dion Ngute avait lui aussi demandé qu’une enquête soit ouverte afin d’établir la vérité.
Innocent D H