Les experts en technologie financière (FinTech), les représentants des banques et des finances ainsi que les fonctionnaires gouvernementaux se concertent pour mettre en place une stratégie nationale réaliste d'inclusion financière et de paiement numérique. Ils se réunissent à Yaoundé à l'occasion du premier forum national sur l'inclusion financière et la transformation numérique du secteur bancaire et des services financiers.
Le forum de deux jours qui s'est ouvert le mardi 18 juin, se déroule sous ce thème : "Réussir la transformation numérique du secteur bancaire et des services financiers au Cameroun." Le forum est organisé par Risks Mitigation LLC, une société de conseil, sous la tutelle du ministère des finances et du ministère des postes et télécommunications, apprend-on.
S'exprimant lors du Forum mardi, le ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng, a réitéré l'engagement du gouvernement à promouvoir l'économie numérique, notant que la numérisation mondiale n'attend pas les retardataires. Elle a appelé les parties prenantes à identifier des solutions de paiement mobile qui peuvent accélérer l'inclusion financière et créer une synergie entre les différentes parties.
"L'inclusion financière favorise l'autonomie de la population locale et réduit le chômage - elle contribue donc au développement économique et à la stabilité macroéconomique", a souligné le ministre. Elle a insisté sur le fait que les entreprises et les experts des technologies de l'information devraient développer des services adaptés qui peuvent briser les barrières et les difficultés à l'inclusion financière.
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Marcel Ngosso, PDG d'Aewake, une société de conseil en technologies de l'information, a déclaré aux participants que le mouvement vers l'inclusion financière reposera sur quatre piliers principaux - engagement, réseau mobile, réglementation et adoption. Il a souligné que le Cameroun avait encore un long chemin à parcourir, avec un taux d'utilisation de l'argent mobile de 24 pour cent pour une population d'environ 24 millions d'habitants.
Selon le consultant, le flux d'argent mobile au Cameroun en 2018 était de 4 millions de dollars (environ 2,3 milliards de FCFA), tandis que l'utilisation des téléphones intelligents était de 83 pour cent et la pénétration de l'Internet de 36 pour cent. Marcel Ngosso a suggéré que le Cameroun pourrait s'inspirer de l'expérience du Kenya avec M-Pessa.
Otric N.
Contexte
La révolution numérique est en marche et n’épargne aucun secteur stratégique de l’économie. La finance technologique et numérique ou Fintech de ces quinze dernières années, a profondément modifié et transformé le secteur bancaire et des services financiers tout en créant des emplois nouveaux.
L’Afrique n’est pas en reste et a innove à l’instar du Kenya ou cette transformation a déjà permis l’inclusion et la bancarisation de 82% de la population (38.5 millions) qui utilisent les services bancaires mobiles et en ligne d’une valeur qui représente 75 % du PIB.
Au niveau du Cameroun, l’impact numérique des services financiers entraîne d’ores et déjà des mutations perceptibles et majeures en moins de 05 années qui va du mode et moyens de transferts financiers à l’inclusion financière d’une importante frange de la population jadis non bancarisée. La 10eme session du Cameroon Business Forum (CBF) qui s’est tenue à Douala le 18 mars 2019 a d’ailleurs relevé que l’introduction des TIC à l’économie camerounaise a facilité et accéléré la dématérialisation des procédures tout en contribuant à un gain d’efficience, d’efficacité et de revenus pour les administrations publiques, notamment la collecte des impôts et taxes douaniers.
Le Cameroun avec plus de 9.5 millions d’utilisateurs de mobile money représente 51% des transactions de monnaie électronique en zone CEMAC, soit 2400 milliards de FCFA, a un fort potentiel de marges de progression dans ce secteur de l’économie numérique dont a rappelé le Président Paul Biya, dans l’adresse à la Nation du 31 décembre 2015 l’impératif de rattraper le retard. Celle-ci est un véritable accélérateur de croissance.
Qui va y prendre part ?
Le Forum sur l’inclusion financière est une plateforme qui va réunir : les régulateurs des banques et services financiers de la CEMAC (BEAC, COBAC, GABAC), les décideurs du secteur public que sont les Ministres des Finances et celui des Postes et Télécommunications ainsi que l’ensemble des Directeurs Généraux des opérateurs de téléphonie mobile, banques commerciales, assurances et entreprises de transferts de fonds pour un formuler un Agenda 2019-2015 des Grandes Opportunités pour étendre l’inclusion financière des secteurs économiques et des ménages.
Objectifs
Premier Forum National de l’Inclusion Financière à faciliter les échanges sur les stratégies de transformation numérique des banques et services financiers, afin d’accroître l’inclusion financière dans un secteur où 60% des Camerounais restent encore non bancarisés. Il va par ailleurs permettre l’identification des problématiques, qui limitent la diversification des services bancaires et financiers mobiles que seuls l’Etat, les opérateurs de télécommunications, les banques et les entreprises de services financiers sont capable d’offrir.
Programme
Les travaux, organisés autour des ateliers thématiques, seront l’occasion de lever les obstacles et de répondre à la principale problématique : L’accélération de l’inclusion financière et transformation digitale des banques et services financiers.
Les participants vont donc réfléchir autour des questions telles que :
Quels sont les bénéfices économiques de la transformation numérique du secteur bancaire et des services financiers pour l’État, les entreprises et les ménages ?
Quels avantages tirer des innovations numériques et TIC pour une transformation efficiente du secteur bancaire et des services financiers ?
Quelle stratégie d’inclusion financière le Cameroun doit il adopter pour capter les flux des transactions financières informelles ?
Quels coûts et services bancaires et financiers doivent être en adéquation avec l’offre des banques, opérateurs de téléphonie mobile et services financiers pour capter le flux des populations à faible revenus ?
Quelle densité des réseaux financiers et bancaires mobiles doit être augmentée pour pénétrer les zones rurales ?
Quelle réglementation doit être mise en place pour assurer la sécurité, la compétition, l’expansion et la fiabilité des transactions financières ?
Quels rôles les institutions, les opérateurs de téléphonie mobile, les banques et acteurs de services financiers doivent ils jouer pour accélérer la convergence des systèmes et l’inclusion financière ?
Résultats attendus
Dans le rapport final des recommandations et propositions, l’on attend notamment des pistes à explorer afin - de Contribuer à la stratégie nationale d’inclusion financière au Cameroun en cours d’élaboration - Un plan d’actions prioritaires 2019-2025 par l’État, banques, micro finances, operateurs de téléphonie mobile, agences de transferts de fonds et assurances – la Mise sur pied d’une plateforme de concertation publique privé qui regroupe toutes les parties prenantes de l’inclusion financière – la Distinction des prix d’inclusion financière aux acteurs innovants.
Nicole Ricci Minyem
La technologie est une prouesse du Groupe Lyra, acteur de la Fintech spécialisée dans la sécurisation des paiements en e-commerce. Depuis le 10 avril, elle a mis sur le marché une nouvelle fonctionnalité de paiement via WhatsApp. Une solution de plus dans le processus de dématérialisation des opérations commerciales.
La messagerie instantanée WhatsApp est utilisée par plus de 1,5 milliards de personnes dans le monde. La messagerie est déjà utilisée par plusieurs opérateurs économiques qui y viennent proposer leurs produits. Seulement, jusqu'ici, il fallait faire recours aux autres opérateurs de transferts d’argents pour mener les opérations de paiements. Ce qui peut poser d’énormes difficultés lorsque le vendeur et l’acheteur ne sont pas dans les mêmes Etats, ou alors ne peuvent pas faire recours aux mêmes opérateurs de transferts d’argent. Désormais il sera possible de payer ou de se faire payer via WhatsApp.
Comment procéder ?
Le commerçant demande la création d’un ordre de règlement via un message envoyé au numéro WhatsApp de Lyra. Cette demande contient le montant, la devise et le téléphone du client. Ce dernier reçoit alors un message WhatsApp. Message contenant un lien qui lui permet de réaliser le paiement. Le client est alors redirigé vers une page où il peut rentrer ses coordonnées bancaires et valider son achat. Le dispositif mis sur pied par le Groupe Lyra permet également le paiement en plusieurs tranches. Selon les responsables de la fintech, l’application est utilisé comme « un canal de vente complémentaire ou par utilisation unique, pour encaisser à distance ou en face à face, pour le règlement d’un paiement classique, une caution, le versement d’un acompte ou d’un solde ».
Les créateurs de ce dispositif de paiement à distance ont également pensé à l’éventualité que le client ne soit pas connecté à WhatsApp. Dans ce cas, Lyra transmettra au commerçant un lien de paiement qu’il peut envoyer via sms, mail, Messenger ou autres à son client. L’objectif ici est de maximiser les ventes et d’ôter au mieux les obstacles qui peuvent subsister entre le client et le vendeur quelque soit la partie du monde où l’un et l’autre se trouve. La création du lien de paiement ne nécessite aucune application supplémentaire.
Le marché des utilisateurs de WhatsApp est une belle opportunité pour tout investisseur. C’est le terrain d’expression même de l’économie numérique. Et grâce à son application complémentaire, Lyra pourrait devenir dans les prochains jours le leader du paiement via les systèmes informatiques.
Stéphane Nzesseu