Selon une compilation des données publiées par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam), le pays a exporté 140 731 tonnes de bananes vers le marché international pour la période entre janvier et septembre 2021. Ce qui correspond à un glissement annuel en hausse de 4 683, soit +3,4%, comparativement aux 136 048 tonnes exportées à fin septembre 2020.
Malgré cette embellie des exportations de la banane camerounaise avec le retour de la Cameroon Development Corporation (CDC), il est observé en revanche que ces opérations régressent de 14 704 tonnes par rapport aux 155 435 tonnes expédiées vers le marché international au cours des neuf premiers mois de l’année 2019. Ce qui fait apparaître ainsi, une chute importante de −9,4% sur une période de deux ans.
Le léger relèvement des exportations observé au 30 septembre 2021 s’explique selon les acteurs, par le retour sur le marché de l’agro-industriel camerounais. En effet, la CDC qui est retournée sur le marché en juin 2020 après une éclipse de 18 mois, n’avait exporté que 3 491tonnes à fin septembre 2020 période qui a connu l’aggravation de la chute des exportations du fait des perturbations créées par la Covid-19. De sources sûres, les expéditions de cet opérateur culminent au cours de la même période en 2021, en hausse de 9 283 tonnes sur un an.
Il faut noter que cette forte progression des performances de la CDC sont timides lorsqu’on se livre à une comparaison par rapport à la période d’avant septembre 2018 (date de sa disparition du fichier des exportateurs en raison de la crise anglophone). Une situation qui masque néanmoins le léger fléchissement observé au cours des neuf premiers mois de l’exercice 2021 chez la CDC.
Innocent D H
A cours des neuf premiers mois de l’année 2019(janvier à septembre), le compteur affiche 155.435 tonnes comme volume de bananes exportées par les producteurs en activité au Cameroun.
Si l’on s’en tient aux chiffres publiés par l’Association bancaire du Cameroun (Assobacam), les exportations de bananes au Cameroun étaient de l’ordre de 203.721 tonnes au cours des neuf premiers mois en 2018. La comparaison de ces données à celles de 2019 pendant la même période, fait ressortir une baisse de 48.286 tonnes, soit un glissement annuel de 25%.
Aux rangs des éléments explicatifs de cette baisse, la crise anglophone qui a fortement impacté sur les activités de la Cameroon Development Corporation (CDC), considérée comme le numéro 2 du marché. L’Assobacam révèle dans des analyses compilées que cette baisse peut se comprendre aussi à travers la chute du régime à la société des Plantations du Haut Penja (PHP), le leader du marché au cours de la période sous revue.
Les exploitations de la PHP, filiale locale de la Compagnie fruitière de Marseille ont fléchi de près de 14.000 tonnes dans l’exportation de bananes entre septembre 2018 et septembre 2019, passant ainsi de 156.593 tonnes à fin septembre 2018, à seulement 142.621 tonnes à fin septembre 2019.
Boh Plantations quant à lui, a obtenu un gain de 630 tonnes en termes d’exportations, celles-ci ont pu culminer à 12.814 tonnes à fin septembre 2O19, comparativement à 12.184 tonnes durant la même période en 2018.
Le constat est clair, la CDC est complètement absente du fichier des exportateurs de bananes depuis septembre 2018. Une situation qui serait due en grande partie à l’arrêt de ses activités engendré par la crise socio-politique dans la zone anglophone du pays. Notons aussi que le 2ème employeur après l’Etat n’a rien exporté depuis le début de l’année 2019, pourtant à fin août 2019, son tableau d’exportation affichait 34.944 tonnes.
Innocent D H
La cause de cet état de chose est la crise anglophone qui paralyse les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Les statistiques publiées par l’Association bannière du Cameroun (Assobacam) ne surprennent guère. Pour le compte du mois de septembre 2018, la Cameroun Development corporation (CDC), le deuxième exportateur de banane du pays n’a fait aucun mouvement. Elle a zéro dans son compteur pour le mois dernier. L’entreprise logée dans la région du Sud-Ouest connait cet état de choses à cause de la crise anglophone qui paralyse ses activités. Elle est une victime des exactions commises par les éléments de la république fantôme d’Ambazonie. Certaines de ses installations ont été détruites. La société ne fonctionne plus en plein temps. Ses employés font constamment l’objet de menace de mort. Et aujourd’hui les économistes et même le Groupement interpatronal (GICAM) du Cameroun indique que si la crise socio-politique en zone anglophone perdure, la CDC finira par mettre la clé sous le paillasson.
D’après nos sources c’est depuis le mois de juillet dernier que la situation est catastrophique. «Dans la région du Sud-Ouest, on travaille difficilement parce que dans presque tous les départements c’est difficile à cause de ce conflit armé. Et les employés n’arrivent pas à vaquer paisiblement à leurs occupations comme par le passé. Presque toutes les plantations, qui sont de la CDC et de Palm Oil ont fermé. Hévéa, Palmeraies, toutes sont fermées», déclare une source ayant requis l’anonymat. La CDC qui qui est le deuxième employeur après l’Etat, c’est en fait 22 000 emplois directs. Lesdits emplois risquent considérablement d’être revus à la baisse. Car avec le manque d’exportation et d’activités, l’état financier de cette société qui détient de vastes plantations agricoles autour du Mont Cameroun, n’est guère reluisant. Déjà certains de ses employés font des révélations faisant état de baisse de salaires allant jusqu’à 40% au mois de juillet et de 30% en septembre 2018. Après six mois 6000 travailleurs pourraient se retrouver au chômage. C’est dire que la crise dite anglophone affaiblit vraiment la CDC.
Pour revenir au mois de septembre dernier, la situation était telle que 12 de ses sites sur 29 ont été en arrêt total de production. Certains desdits sites étant devenus des camps de base pour des assaillants armés qui ont délogé les travailleurs. 10 sites n’étaient plus que partiellement opérationnels en raison des interruptions sporadiques d’activités suite à des attaques de groupes armés, des interruptions de l’alimentation en énergie électrique ou à cause de l’inaccessibilité à certaines zones. Sur un plan financier, les pertes de la CDC sont immenses. La société est confrontée à des enlèvements et des exactions sur ses employés, des assassinats de travailleurs et de membres de leurs familles. D’importantes quantités d’huile de palme ont été abandonnées dans les réservoirs dans l’impossibilité de les acheminer vers les usines en raison de l’insécurité sur les routes.
Le GICAM même a révélé que les plantations ne sont plus entretenues ni traitées, laissant libre cours à la propagation des parasites et autres maladies faute de traitements phytosanitaires. «La CDC risque la rupture de contrats d’achat conclus avec des partenaires internationaux au regard de son incapacité actuelle à honorer ses engagements», peut-on lire dans le rapport du Groupement récemment publié. A titre de rappel la CDC est une entreprise agro-industrielle publique qui exploite de vastes plantations d’hévéa et de bananes dans la région du Sud-Ouest du pays.
Liliane N.