C’était son dernier projet, sa dernière volonté majeure pour le Cameroun. Christian TUMI s’en va sans avoir vu la paix revenir dans ses terres natales. Il est parti alors que les fils et les filles du pas pour lequel il s’est consacré continuent de se tirer dessus. Le médiateur international qu’il a été n’a pas pu jouer de toute son influence pour faire asseoir les belligérants autour de la table de discussion.
Le Cardinal Monseigneur Christian TUMI n’est plus. La dernière bataille de sa vie, le retour de la paix dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, n’a connu de succès. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que ces assises se tiennent de son vivant. Pendant des mois, malgré son état de santé fragile, il a fait le tour des villages du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pour rencontrer les plus radicaux, les chefs de guerre, question de leur tendre la main aux fins de leur donner de bien vouloir accepter de s’asseoir autour d’une table de discussion pour trouver des pistes de solutions pour la sortie de crise.
Monseigneur Christian TUMI s’est battu et a voulu peser de tout son poids pastoral pour qu’il y ait un véritable dialogue qui se mette en place. Ce dialogue qui devait être le véritable début de sortie définitive de la crise. Mais le pouvoir politique a à plusieurs reprises mis des bâtons dans les roues de l’Archevêque Emérite de Douala.
Le « All Anglophone General Conference » plusieurs fois reporté
A plus de trois reprises, programmée puis reportée, la conférence générale anglophone n’a jamais pu se tenir jusqu’à ce jour. Et pourtant, le Cardinal Christian TUMI avait déjà tout mis en musique.
Les assises étaient placées sous la coordination de l’Imam de la mosquée centrale de Bamenda, de son collègue de la mosquée centrale de Buea, et le rapporteur devait être le Président de l’Assemblée Presbytérienne du Cameroun. Le Cardinal, à plusieurs reprises a fait des demandes d’autorisation de manifestation publique pour ouvrir les travaux. Tout était prévu. Les travaux devaient se tenir au sein de la Cathédrale de Bamenda. Toutes les forces vives des 13 départements que comptent les deux régions étaient mobilisées. Il ne restait plus que l’autorisation et la présence du gouvernement pour que les travaux commencent. Il était simplement question de mobiliser et d’écouter les différents protagonistes. Au sortir de là, les résolutions devaient être envoyées au Chef de l’Etat avec des mécanismes de mise en œuvre efficaces. Mais, c’est plutôt une fin de non-recevoir qui a été flanqué au nez du Cardinal Christian TUMI.
Qui sait, certainement le meilleur hommage que l’Etat pourrait rendre à cette éminence, ce serait peut-être de faire tenir cette conférence dans les conditions souhaitées par Monseigneur Christian TUMI.
Stéphane NZESSEU
Pendant que des efforts sont conjugués à Genève pour résoudre la crise, des leaders séparatistes seraient en train de contester la légitimité des personnalités présentes aux négociations de Genève tandis que d’autres qualifient la rencontre de Saint-Luc d'un non-évènement.
Prenant en compte la liste des personnalités représentant les groupes qui ont pris les armes dans la partie anglophone, le tour de table du dialogue inclusif que le chef de l’Etat a annoncé, commence à se laisser découvrir. L'on se rappelle qu'entre le 25 et le 27 juin dernier, à Saint-Luc, localité qui se trouve dans le canton suisse du Valais, Ebenezer Akwanga, chef du So-cadef, Elvis Kometa du Scnc, Marc Njoh Chebs du mouvement séparatiste RoAn, ou encore Gorji Dinka,l'un des visages les plus connus de la sécession, représenté par son fils, ont fait le déplacement de la capitale helvétique afin de poser les jalons de ce que sera le dialogue inclusif avec le gouvernement, selon les souhaits des Etats-Unis, si l'on s'en tient à leur dernière résolution transmise à la commission des affaires étrangères du congrès.
Sous la conduite du centre pour le dialogue humanitaire, les groupes ont eu des échanges nourris et présenté leur offre de dialogue aux médiateurs suisses. Sauf qu’à peine ces négociations entamées au mois de mai rendues publiques, des voix tant au sein de la société que des mouvements séparatistes, s’élèvent déjà pour contester voire dénoncer la qualité des interlocuteurs et des personnalités invitées à la table des négociations.
Christian Tumi par exemple, père de la All Anglophone conference, ses proches pensent que la rencontre de Saint-Luc constitue à leurs yeux un « non-évènement ». L'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique en kiosque rapporte l'information qui trahit la déception de l’équipe du cardinal dans la conduite de la médiation qu’il a tant convoitée pour le retour à la paix en zones anglophones du Cameroun.
Même déception pour Ni John Fru Ndi présenté comme leader de l’opposition camerounaise et dont les kidnappings questionnent autant qu’ils étonnent de par leur mode opératoire. Le chairman n’avait hésité d'indiquer au Premier ministre lors de sa tournée dans le Nord-Ouest qu’il était l'homme le mieux indiqué pour servir de médiateur dans la résolution de la crise anglophone.
Pour ce qui est de Lucas Cho Ayaba, l’un des terroristes les plus recherchés dans le cadre de cette crise et qui est sur le coup d’un mandat d’arrêt international, il attend aussi de négocier directement avec les autorités gouvernementales.
Il ne faut surtout pas oublier que d'autres personnalités à l’instar de Sisiku Ayuk Tabe ont quant elles, avant même le début des débats de Genève, été exclues par leur base. Ce dernier, s’étant déclaré favorable au dialogue, a été sommé par le directoire de son organisation, de ne plus s’exprimer au nom de celle-ci.
Chief Victor Mukete, Chemuta Divine Banda de leur côté et bien d’autres personnalités voient une situation qui pourrait bientôt faire engager le troisième round des pourparlers avant le dialogue.
Innocent D H