Ils ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche à Suez, entre la police et des manifestants qui ont bravé pour la deuxième journée consécutive, l'interdiction de protester contre le pouvoir et exigé le départ du président Abdel Fattah al-Sissi.
« Il y avait environ 200 personnes » dans le centre de Suez, a raconté un manifestant de 26 ans interrogé par l’AFP sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, les forces de sécurité « ont tiré des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des balles réelles. Il y a des blessés ».
Une autre habitante a fait état d’un nuage de gaz lacrymogène si vaste qu’il atteignait son immeuble, situé à quelques kilomètres des incidents. Une source des forces de sécurité a confirmé la présence de plusieurs dizaines de manifestants, mais n’a fourni aucun détail sur la réaction des autorités.
Un week end turbulent
Au Caire, les forces de l’ordre ont été déployées samedi aux abords de la place Tahrir, lieu emblématique de la révolution de 2011. La veille, plusieurs dizaines de manifestants y avaient scandé « Sissi, va-t-en » avant d’être dispersés par la police. D’autres protestataires sont descendus vendredi soir dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Suez et Alexandrie. Au moins 74 personnes ont été interpellées en début de week end, selon les informations données à nos confrères de l’AFP par une source sécuritaire.
Des appels à manifester ont été lancés ces derniers jours sur les réseaux sociaux, émanant notamment d’un homme d’affaires en exil, Mohamed Aly, qui a appelé samedi à une « marche du million » de personnes pour le 27 septembre.
L’Égypte vit sous état d’urgence et les mouvements de contestation y sont interdits en vertu d’une loi adoptée en 2013, après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, à la tête de laquelle se trouvait alors le général Sissi.
Le régime mène une répression sans merci contre l’opposition, emprisonnant des milliers d’islamistes, de militants ou encore de blogueurs.
Première depuis des années
« C’est la première fois depuis des années que les gens descendent dans la rue », a déclaré Nael Shama, un analyste politique au Caire, estimant que ce ne serait « pas la dernière. Personne n’a scandé du pain, de la liberté, de la justice sociale comme en 2011 », a-t-il relevé, soulignant au passage que les manifestants avaient dès la première minute appelé au départ du président.
Contacté par l’AFP pour savoir ce qu’Abdel Fattah al-Sissi avait à dire sur les événements de la nuit, son bureau n’a pas donné suite. Le président s’est envolé vendredi pour New York où il doit s’adresser à l’Assemblée générale de l’ONU la semaine prochaine.
Dans une nouvelle vidéo mise sur les réseaux sociaux, l’homme d’affaires Mohamed Aly a demandé aux Egyptiens de participer à une « marche du million vendredi prochain, sur toutes les grandes places du pays…
N.R.M
En Ethiopie, le 32e sommet de l'UA a été marqué par le passage de relais entre le président rwandais Paul Kagame et l'Egyptien Abdel Fattah al- Sissi. Pour son premier discours, Abdel Fattah al-Sissi a dévoilé les trois axes de sa présidence : développer les infrastructures, accélérer l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), créer des emplois aussi pour la jeunesse du continent.
Et pour rassurer ceux qui le soupçonnent d’être plus tourné vers le monde arabe que vers l’Afrique, Abdel Fattah al-Sissi a sorti le grand jeu. Il s’est présenté comme l’héritier de Gamal Abdel Nasser, l’homme qui, en 1963, dans cette même ville d’Addis-Abeba, avait plaidé pour un grand marché unique africain, et il a lui-même lancé « l’Egypte fera tous les efforts nécessaires pour la réforme structurelle et financière de l’UA », sous-entendu, l’Egypte soutiendra - par exemple - le projet de taxes sur les importations qui permettra à l’UA de s’autofinancer.
Néanmoins, fait remarquer RFI, en étant l’allié militaire du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, Abdel Fatah al-Sissi pourrait-il jouer le rôle de médiateur politique qui sied à tout président en exercice de l’Union africaine en cas de conflits ? Sur la Libye, il n’a pas dit un mot dans son discours. Ce qui paraît étrange.
Pour autant, le raïs égyptien n’a pris aucun engagement chiffré à la différence de Paul Kagame, son prédécesseur à la tête de l’Union, il n’a pas fait le comptage des pays qui ont déjà ratifié le traité sur la zone continentale de libre échange ou de ceux qui ont versé leur contribution au fonds africain pour la paix. Une déléguée nous a soufflé « le maréchal al-Sissi s’est payé de mots mais pour l’instant, il n’a rien dit de concret ».
Ce sommet a également été l'occasion de désigner le prochain président de l'UA, en 2020. Il s'agira de l'Afrique du Sud (et donc de son président Cyril Ramaphosa, s'il est confirmé à son poste lors des élections générales qui doivent se tenir cette année). Enfin ce sommet a été marqué par la première participation de deux présidents fraîchement élus. Andry Rajoelina pour Madagascar et Félix Tshisekedi pour la RDC. Passées les critiques sur les résultats contestés des élections au Congo, les chefs d'Etats ont chacun chaleureusement félicité le président congolais comme si de rien n'était.