Un archevêque camerounais de premier plan a appelé à la fin de la violence dans les régions anglophones du pays, afin que les enfants puissent aller à l'école.
Mgr Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé, s'exprimait lors de la fête de l'Assomption et appelait la Vierge Marie à intercéder pour la nation "en ces temps de crise".
Outre le conflit dans les régions anglophones du pays majoritairement francophone, le Cameroun a récemment subi les attaques de Boko Haram dans le nord, un afflux de réfugiés du Nigeria et de la République centrafricaine et des tensions avec la Guinée équatoriale voisine.
Yaoundé est la capitale du Cameroun et est située dans la partie francophone du pays. L'appel spécifique de Mbarga en faveur de la paix dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est un cas rare où les évêques francophones du pays s'intéressent particulièrement à cette question.
La crise anglophone a débuté en octobre 2016 par une grève d'enseignants et de juristes anglophones protestant contre les tentatives perçues de l'administration dominée par les francophones d'assimiler les systèmes éducatifs et juridiques anglo-saxons pratiqués au Cameroun anglophone, qui représente environ 20 % de la population.
Les forces de sécurité gouvernementales ont réagi avec violence contre les manifestants pacifiques, ce qui a conduit nombre d'entre eux à accuser le gouvernement central de mauvaise foi. Une rébellion armée éclate rapidement, avec un segment extrémiste d'anglophones qui réclame l'indépendance des deux régions anglophones, l'Ambazonia. Plus de 2 000 personnes ont été tuées et plus de 400 000 ont été forcées de quitter leur foyer.
Les séparatistes ont fait du boycott des écoles la pierre angulaire de leur stratégie sécessionniste, plus de 80 % des enfants ayant dû quitter l'école. Les écoles qui ont tenté de défier le boycott ont été incendiées et des étudiants et des enseignants ont été enlevés.
Les évêques anglophones du pays se sont exprimés ouvertement pendant la crise, tant pour protester contre les injustices du gouvernement central que pour condamner les abus commis par les deux parties au conflit. "Laissez les enfants aller à l'école", a déclaré Mgr Cornelius Fontem Esua, archevêque de Bamenda, la capitale de la région du Nord-Ouest.
Il a déclaré que l'éducation était un droit fondamental pour les enfants et que rien ne justifiait qu'ils soient privés de scolarité. Les dirigeants rebelles ont insisté sur le fait qu'ils ne reculeront pas et que le boycott est nécessaire pour amener le gouvernement central à la table des négociations.
Albert Ndong, qui a reçu sa première communion à l'Assomption, n'est plus à l'école depuis deux ans. L'élève de CE2 a dit qu'il espérait que les choses reviendraient bientôt à la normale pour lui, afin qu'il puisse poursuivre sa quête de la connaissance. "Je suis très heureux d'avoir reçu le Corps du Christ aujourd'hui", a-t-il dit au site d’information catholique « Crux ».
"J'implore la Sainte Vierge Marie d'intercéder pour que je reste saint. Mais je veux vraiment que la Mère de notre Sauveur nous aide à sortir de cette crise. Je veux retourner à l'école, et j'espère que notre mère Marie nous aidera à mettre fin à la guerre pour que je puisse retourner à l'école", a dit Ndong.
Mgr Cornelius Fontem Esua a dit qu'une solution durable à la crise dépendra de l'acceptation par la communauté chrétienne du sens même de l'Assomption. "Ce que l'Assomption enseigne, c'est que notre vie ne s'arrête pas ici. Notre vie continue au ciel. Et cela nous rappelle que notre corps, comme notre âme, est destiné à la glorification et que nous devons donc respecter la vie humaine, respecter notre corps, le corps des autres, nous efforcer d'éviter le péché et, à l'exemple de la Bienheureuse Vierge Marie, nous y arriverons tous", dit-il.
Le Père Gabriel Afumbom de l'église Saint-Jean-Baptiste de Bamenda a également parlé de la crise pendant la messe, exhortant les chrétiens à se fier au Rosaire, l'appelant l'arme remise par la Vierge Marie pour combattre le mal. "Par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, le meilleur moyen de combattre le mal est la prière. La Vierge Marie nous a donné une prière très puissante - le Rosaire. Ainsi, je crois qu'à travers le Rosaire, nous pouvons conquérir tous les maux qui nous entourent", a dit le prêtre.
Otric N.