Du point de vue de cet organisme, le phénomène se fait ressentir avec plus d’acuité dans certaines régions du pays à l’instar de Maroua et de Garoua; villes dans lesquelles des individus sont lynchés parce qu’ils sont pris sur le fait, alors qu’ils sont entrain de voler ou sur la base de simples soupçons.
Quelques exemples cités par la La Commission des Droits de l’Homme au Cameroun
Dans la nuit du 16 avril 2022, un conducteur de mototaxi non identifié a arraché le téléphone d’un individu au quartier Domayo, dans la ville de Maroua.
Pendant sa fuite, le mauvais état de la route et l’excès de vitesse ont entraîné sa chute. Rattrapé par ses poursuivants, il a tenté de se défendre à l’aide d’un couteau.
En réaction, les personnes présentes dans la foule l’ont désarmé, arrêté, bastonné et aspergé de carburant avant de le brûler vif…
Le 19 avril 2022, au quartier Djamboutou, dans la ville de Garoua, un jeune homme non identifié d’une trentaine d'années s’est emparé d’une motocyclette appartenant à un conducteur de moto, en se servant d’une clé passe - partout.
Ayant pris la fuite avec son butin, il a été rattrapé par une foule en furie, rattrapé puis entraîné par les conducteurs de motos sur certaine distance avant de le lapider et de le brûler vif…
Par ailleurs,
Dans son communiqué, la Commission des Droits de l’Homme au Cameroun informe qu’au “ cours des mois de janvier à octobre 2021, elle a enregistré dix neuf ( 19) cas de justice populaire dont trois dans les Régions du Centre, cinq dans la Région du Littoral, six dans la Région du Nord et cinq dans la Région du Nord - Ouest…”.
En rappelant certains Articles du Code Pénal en vigueur au Cameroun relativement à ce qu’encourent ceux qui se rendent coupables de justice populaire ou se rendent personnellement justice, la CNDHL relève entre autres que:
“ Cette pratique d’un autre âge qui ne permet pas aux personnes soupçonnées d’avoir commis des infractions pénales d’être poursuivies et de répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes comme il convient dans un État de Droit, tout en leur infligeant des peines barbares, constitutionnellement, légalement et internationalement illicites et disproportionnées au regard des faits qui leur sont reprochés…”.
La Commission recommande à l’État ainsi qu’à toutes les organisations de la société civile de compter et d’analyser les données factuelles relatives à ce phénomène et de lancer de vigoureuses campagnes sur toute l’étendue du territoire nationale pour prévenir ces actes de justice privée indigne d’une société civilisée…
La Commission recommande à l’État de diligenter les enquêtes sur ces actes et d’en punir les auteurs”.
Nicole Ricci Minyem