Après avoir rompu avec Alassane Ouattara, le président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie (PDCI) n'exclut pas une alliance avec le FPI de Laurent Gbagbo, dans une interview à France 24.
On le dit taiseux et mystérieux, alors quand Henri Konan Bédié s’exprime, toute la classe politique ivoirienne est suspendue à ses lèvres. Costume bleu roi sur les épaules et imposantes défenses d’éléphants en arrière-plan, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a confirmé la rupture avec le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, dans une interview accordée depuis son fief de Daoukro, dans le centre du pays, à la chaine de télévision française France 24.
« L’alliance Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix n’existe plus. Nous nous sommes séparés après beaucoup de divergences », a déclaré l’ancien président. C’est en 2005 que Henri Konan Bédié avait appelé ses militants et ses sympathisants à voter pour Alassane Dramane Ouattara lors du second tour de la présidentielle contestée de 2010-2011.
Bédié dit regretter l’alliance avec Alassane Dramane Ouattara
En 2014, le « Sphinx », comme il est surnommé, avait même appelé dans son fief, à soutenir la candidature à un second mandat d’Alassane Ouattara, dès le premier tour, renonçant à lancer un prétendant dans la course à la présidentielle de 2015. Des sacrifices, que Henri Konan Bédié dit regretter aujourd’hui.
« Il y a eu des manquements au bon déroulement de notre alliance. L’alternance au profit du PDCI est un de ces problèmes mais il y en a d’autres. Il y a surtout une volonté de créer un nouveau parti, le parti unifié RHDP, qui s’est fait sans désirer véritablement la participation du PDCI-RDA », déclare Henri Konan Bédié, qui a dénoncé, en août dernier, l’accord politique qui le liait au parti présidentiel.
La main tendue à Gbagbo et Soro
Le PDCI doit lancer un nouveau groupement politique, qui va rassembler des organisations de la société civile et de nombreux autres partis politiques.
Henri Konan Bédié tend la main notamment au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo et à Guillaume Soro, le président de l’Assemblée national, avec lequel il s’affiche régulièrement ces derniers mois. « C’est leur souhait de nous rejoindre», affirme-t-il, assurant que l’ancien président ivoirien avait donné son accord pour que des contacts soient établis.
Depuis plusieurs mois en effet, des rencontres ont lieu entre les représentants de chacun des deux partis. Selon nos sources, jusqu’ici, le FPI excluait néanmoins toute alliance formelle avec le parti Houphouëtistes.
Quant au nom du candidat du PDCI pour la présidentielle de 2020, Henri Konan Bédié refuse toujours de le dévoiler. Mais alors que jusque là le Sphinx excluait de se présenter, il laisse désormais planer le doute : « Il se pourrait que je ne le sois pas. Il le pourrait que je le sois », dit-il avec malice à France 24. Une convention du parti doit en décider courant 2019.
Nicole Ricci Minyem