Invité par son ami et frère David Bachelard Keyo à l’issue des travaux du Conseil Communal marquant la poursuite de la politique du Développement qu’il a impulsée depuis son premier mandat, le Maire de la Commune de Mindourou a profité de cette occasion pour aborder avec ACP, quelques sujets d’actualité portant notamment sur la liberté d’action qu’il convient aujourd’hui de donner à ceux qui représentent le Peuple.
- Votre collègue, frère et ami vient de remporter son deuxième mandat, à la tête de la Commune de Messok. Quel est le sentiment qui vous anime de voir cet ami là reprendre fonction dans une Commune aussi convoitée ?
Il ne vient pas seulement de remporter son deuxième mandat, il l’a remporté depuis Février mais, il s’en est suivi un contentieux malsain qui est allé jusqu’à la Cour Suprême ;
Ceux que les militants de base avaient plébiscités avaient été validés par les Cours et les Tribunaux du Cameroun, ce qui fait qu’aujourd’hui, le Maire du Changement a la légitimité populaire et la légalité républicaine. C’est la raison pour laquelle nous sommes venus en soutien à ce jeune collègue, qui est plein de dynamisme.
- Maintenant qu’il est acquis que c’est désormais lui qui est le Chef de l’Exécutif Communal de Messok, quels sont les conseils qu’il vous vient à l’idée de lui donner?
Je constate qu’il y’a beaucoup d’adversité dans son entourage. Que les gens ne prennent pas la politique comme un jeu, comme un sport. Il y’a une influence néfaste de l’élite politique, mais, le Maire est en phase avec la base populaire. Qu’il continue d’entretenir les relations avec la base populaire ; Mais qu’il essaie, autant que faire se peut, d’autonomiser les élites de Messok qui en réalité, ne jouent pas leur rôle d’élites, ils s’identifient plutôt à quelques individus, mais ne posent pas des actes d’élites.
Le Maire a le devoir de rassembler toute l’élite, au sein d’un comité de développement public où toutes les valeurs peuvent s’exprimer. C’est là notre vielle doctrine de là où nous étions, lui et moi, la doctrine des cent fleurs, préconisée par le Président Feu Mao Tse Tung qui disait que dans le jardin de la Chine, que cent fleurs s’épanouissent.
C’est ce que nous exprimons dans la Commune de l’Emergence. La promotion des Valeurs, de toutes les valeurs, en imprimant le nivèlement par le bas.
Lui le Maire du Changement, Administrateur Civil par ses propres efforts, doit fédérer toutes les élites qui sont ici afin qu’elles s’affranchissent des comportements d’antan, et que maintenant, Messok puisse décoller avec une base politique soudée derrière lui, une élite politique de propositions et non de combats.
- Et si nous parlions de Mindourou ?
Je n’ai pas été installé, j’ai été élu, j’ai prêté serment. L’installation pour moi au deuxième mandat, est une installation de trop, qui coûte un peu cher.
Au mois de Mars 2021, le Préfet viendra à la Session nous accrocher nos médaillons, nos insignes et puis, ce sera fini. Mais nous avons commencé notre politique en implantant le concept de l’Emergence populaire. C'est-à-dire l’élévation du niveau de vie du plus grand nombre.
Nous avons constaté que nous sommes dans une Commune essentiellement rurale, agricole et, s’il faut atteindre l’émergence, nous devons privilégier les activités agricoles ;
L’Education, pour avoir à long terme une élite forte, la Santé pour que les gens puissent être en bonne santé et travailler. Nous l’avons fait, à la satisfaction de notre humble avis de nos populations, qui nous ont accordé, vraiment avec panache un deuxième mandat ;
Et nous sommes aujourd’hui, dans ce que nous appelons la consolidation des acquis de l’émergence, c'est-à-dire que nous avons mis en place, des infrastructures de base. Nous devons maintenant continuer ce travail de consolidation de ce que nous avons pu faire ;
Et au bout de ce deuxième mandat, nous pourrons passer la main à d’autres acteurs.
- Monsieur le Maire, avez – vous été confronté à quelques difficultés, lors de l’implémentation de la Politique de l’Emergence que vous évoquez ?
Nous avons de nombreux défis au niveau de l’organisation des masses, parce qu’instituer un concept est une chose, le faire accepter par les masses en est une autre. Conscientiser les masses est quelque chose de très difficile et c’est cela la base même des difficultés des Communes. Les Maires arrivent avec de très bonnes idées qui ne sont pas comprises par les Populations.
A l’inverse donc, quand vous voulez aller vers les Populations, pour appliquer ce qu’ils veulent eux, parfois il n’ya pas de pertinence dans leurs désidératas.
Le principal défi que nous avons eu c’est d’amener les Populations de notre Commune au travail. Les amener à travailler c’était très difficile parce qu’il y’a ce qu’on appelle les métiers passe temps : La vente des cigarettes, faire le call box, qui vendent un peu de viande là, les femmes qui font des activités vraiment sans lendemain…
Il fallait ré conscientiser les masses, leur dire qu’en marge de tout ce qu’on peut faire au quotidien, il faut avoir une activité qui vous donne de l’argent au moins une fois par an.
Nous avons donc introduit la cacao culture et la palme culture à travers les pépinières communales auprès desquelles les volontaires viennent prendre les plants de palmier et de cacao pour espérer renforcer leurs revenus, cela n’a pas été facile.
L’autre défi, c’est la politique politicienne. Tout le monde voudrait être Maire ; personne ne se soucie de votre bilan ou de votre vision ; Alors, ce sont les coups bas, ce sont les dénonciations, pleines de choses qui n’honorent pas, et pleines de choses qui freinent l’ardeur d’un édile.
Néanmoins, quand vous êtes en phase avec la base, tous ces problèmes n’ont pas un réel impact sur ce que vous devez faire.
- Monsieur le Maire les Conseillers Régionaux viennent d’être élus. Pensez – vous que leur arrivée va véritablement servir à implémenter la Décentralisation ?
Nous avons activement contribué à l’élection des Conseillers Régionaux. Il est vrai qu’il y’a des textes qui définissent les attributions des Conseillers Régionaux mais, c’est quand même une innovation, c’est une première ; Nous n’avons pas beaucoup de choses à dire, sinon que nous sommes contents de voir que la marche vers la Décentralisation a franchi un pallier.
Maintenant, nous souhaitons beaucoup de courage à nos Conseillers Régionaux qui sont les précurseurs. En fait, personne ne sait à quoi va ressembler un Conseil Régional, nous attendons et nous espérons bien, que les fonctionnaires qui sont à Yaoundé vont un peu lâcher du leste pour permettre aux Collectivités de travailler, de parler des Régions et des Communes, parce que c’est nous qui sommes proches des Populations, c’est nous qui connaissons les besoins réels des Populations ;
Le problème c’est que ce n’est pas facile aussi, de laisse passer une position de pouvoir donc, c’est aux Maires et aux Conseillers Régionaux de conquérir les positions, de faire en sorte que les Transferts soient effectifs, parce que pour l’instant, on voit les transferts de conséquence sans transfert de moyens.
Il faudrait que l’on engage un plaidoyer qui va nous permettre d’accéder progressivement à l’effectivité, à la concomitance des transferts de compétence et des moyens.
Entretien réalisé par Nicole Ricci Minyem