Une fois de plus, les dirigeants du « Parti historique » ont démontré qu’ils ne sont pas dignes de l’héritage dont ils se prévalent. Alors que le double scrutin de Février 2020 se profile à l’horizon, ceux qui prétendent être les dépositaires de l’idéologie défendue par Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandje, Félix Moumié etc ont, de part leur comportement, souillé la mémoire de leurs illustres devanciers.
La lecture de Serge Aimé Bikoi, Journaliste
« L'Union des Populations du Cameroun (Upc) a, à nouveau, ravivé ses querelles intestines cette semaine. En l'espace de trois jours, trois communiqués de presse ont été rendus publics par trois figures, toutes membres de l'Upc. Pierre Baleguel Nkot a, le week-end dernier, à l'issue de la réunion du bureau du comité directeur, tenue à Boumyebel, le 22 décembre 2019, décidé du boycott des élections législatives et municipales du 9 février 2020 si les listes de l'Upc ne sont pas réhabilitées. Cette décision n'a pas rencontré l'assentiment de Habiba Issa et de Robert Bapooh Lipot, qui ont, tour à tour, battu en brèche les résolutions de la réunion du comité directeur.
Le parti historique n'a pas encore fini de dérouler le scénario de la conflictualisation des rapports de pouvoir entre ses leaders. Depuis des décennies, le parti de Um Nyobe a servi à l'opinion publique nationale et internationale le factionnalisme à travers la construction des clans d'acteurs qui se prévalent toujours d'être le porte-parole du parti. Après la mort d'Augustin Fréderic Kodock, ancien Secrétaire général de l'Upc, bien d'acteurs s'étaient positionné pour continuer l'œuvre de l'âme immortelle du peuple camerounais. Mais malheureusement, tous étaient, viscéralement, opposés.
Feu Pierre Sende, Robert Bapooh Lipot, Basile Louka, Félix Zogning, Bernard Ouandji, feu Adolphe Papi Ndoumbe, Jean Bahebeck avaient, chaque fois, affiché une division manifeste au point où le ministre de l'Administration territoriale (Minat) de l'époque, René Emmanuel Sadi, avait réuni cinq leaders de factions dissidentes. Histoire de ne pas participer au double scrutin législatif et municipale du 30 avril 2013 en rangs dispersés.
A la faveur de l'agrégation de ces ailes différentes upécistes, le parti historique s'était présenté à cette élection avec des listes consensuelles. L'union faisant la force, l'Upc a, au terme de cette échéance électorale, remporté 3 sièges de députés, 7 mairies et près de 200 conseillers municipaux sur l'étendue du triangle national. Au lendemain du déroulement de ce double scrutin, il était question, pour le parti historique, d'organiser un congrès ordinaire en 2015.
Question d'élire le bureau du comité directeur et d'aplanir toutes les divergences entre les acteurs. C'est au cours de ces assises que Bapooh Lipot avait joué aux abonnés absents de manière délibérée puisqu’il y était, dûment, convié. Pourtant, les quatre autres factions avaient participé et avaient, en dépit de certaines turbulences, élu Victor Onana président national du parti et Basile Louka, Secrétaire général.
Quelques années plus tard, il y a eu d'autres cas de scission animés et perpétués par d'autres figures à l'interne. Toute chose ayant entraîné le clash entre Onana et Louka pour des problèmes de gestion des ressources pécuniaires du parti. A l'époque, le président du bureau du comité directeur avait suspendu le patron administratif, B. Louka, le Secrétaire national à la communication, Charlie Gabriel Mbock, et son adjoint, Jean Marie Nouga, à cause des fautes gestion de la manne financière du parti. En 2017, des assises du congrès ordinaire de l'Upc s'étaient tenues à Yaoundé et avaient été sanctionnées par l'élection de Habiba Issa, présidente nationale, et Pierre Baleguel Nkot, Sg.
Malgré tout, l'actuel ministre de l'Administration territoriale (Minat) s'est permis, à l'approche de la présidentielle du 7 octobre 2018, de désigner Bapooh Lipot Sg. Pourtant, au plan juridique, aucun individu-fût-il membre du gouvernement- n'a le droit de s'immiscer dans les affaires internes au parti ce d'autant plus que c'est une association privée. C'est donc une imposture juridique que de coopter un individu comme mandataire d'une formation politique donnée. Chose curieuse après la présidentielle, le Minat a réhabilité Baleguel Nkot. Occasion, pour certains analystes, de se poser la question savoir ce qui justifie les décisions et les contre-décisions du Minat.
Au bout du compte, Baleguel Nkot et Bapooh Lipot ont présenté des listes concurrentes pour le double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020. Mais ces listes ont été rejetées par Elecam. Lors du contentieux pré-électoral, cinq listes du parti historique ont été retenues, dont quatre déposées par Baleguel à Wouri-Est, dans la haute Sanaga, dans le Mfoundi et dans la Sanaga Maritime. Seule une liste de Bapooh a été retenue dans le Wouri-Sud.
Jusque-là, il apparaît que la liste du Sg nommé et celles listes du Sg élu ont été acceptées après examen des recours au conseil constitutionnel et dans les tribunaux administratifs des régions camerounaises. Tout compte fait, à certains moments, l'administration joue un rôle positif, en rassemblant les factions dissonantes; et à d'autres moments, cette administration joue un rôle négatif, en cooptant et en désignant un individu, qui sème le jeu trouble aux dépens du parti. L'administration est, décidément, un caillou dans la chaussure de l'Upc… ».
N.R.M