On passe des silences présidentiels aux « tweets » récurrents du Chef de l’Etat. En l’espace d’une semaine, Paul BIYA a multiplié des messages à l’adresse des camerounais du terroir et de la diaspora. L’acte est tellement rare que de nombreux observateurs croient y voir un message subliminal.
Le premier de ceux qui se sont jetés dans l’exercice du décryptage de cette nouvelle propension présidentielle est le ministre délégué au ministre de la justice, Jean de Dieu MOMO. Selon lui, ce sont des messages forts. « Le Président tire la sonnette d’alarme car les loups prédateurs sont à la porte de notre pays, prêts à fondre sur notre peuple pour lui voler ses biens, son pétrole notamment, que le Président a protégé pendant 36 ans. » Jean De Dieu MOMO y voit une mise en garde du Chef de l’Etat contre ce qui adviendrait dans les prochains jours.
On dirait le laboureur qui parle à ses enfants.
L’allusion faite ici à cette fameuse fable de Lafontaine n’est pas anodine. Quelques citoyens, sous capes, laissent échapper que les « tweets » du Président de la République ont un soupçon d’adresse testamentaire. Ces prophètes de l’apocalypse mettent à la charge de leur argumentaire les récentes agressions ouvertes de certaines puissances internationales. D'abord, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines Tibor Nagy qui le jour de la chute de Omar El Béchir a clairement dit « après le soudan, c’est le Cameroun ». Ajouté à la récente sortie du parlement européen, dont le rapport tend à fragiliser le pouvoir de Yaoundé.
D'un autre côté, on peut y voir de simples exhortations présidentielles en vue de la célébration dans les prochains jours de la fête de l’Unité Nationale du Cameroun. Une lecture au premier degré des messages du Chef de l’Etat et un examen sémiotique des images qui accompagnent ces messages le prouveraient à suffire.
Le dernier post de Paul BIYA est clair : « Le Cameroun a particulièrement besoin d’une vraie unité nationale, il ne doit pas être la victime du tribalisme, du népotisme, du laisser-aller ou de la corruption. Nous devons tous lutter efficacement contre ces fléaux qui minent facilement toute une Nation ». Cette signature est accompagnée d’une image d’une édition du défilé au boulevard du 20 mai. On peut distinguer des élèves de l’école normale supérieure brandissant une banderole sur laquelle est inscrite « Le Cameroun dit non à la corruption et aux détournements de deniers publics ».
Stéphane Nzesseu