Le Président camerounais, président en exercice de la Cemac a signé une missive au nom de tous ses pairs de la sous-région en direction du nouvel Homme Fort de N’Djamena. Les Chefs d’Etat de la Cemac sont-ils effectivement prêts à collaborer avec le fils d’Idriss Deby ?
Un courrier, un rapport qui pourrait valoir légitimation de celui qui siège sur le trône de son feu père de Maréchal. Mahamat Idriss Deby pourrait donc être intégrer au sein du banquet des patrons de la sous-région Cemac. Le document qu’a signé le président en exercice de la Cemac, S.E. Paul BIYA n’est pas très clair sur cet aspect.
L’intégralité de la lettre de la conférence des Chefs d’Etat de la Cemac : « La conférence des chefs d’ETAT des pays membres de la Communauté Economique et monétaire de l’Afrique Centrale a appris avec consternation et une profonde tristesse la nouvelle de la mort du maréchal Idriss Deby Itno Président de la République du Tchad, survenue le 20 avril 2021, des suites des blessures subies au combat, pour défendre l’intégrité territoriale et la sécurité de son pays.
La conférence des Chefs d’Etat des pays membres de la CEMAC salue avec émotion la mémoire du Président Idriss Deby Itno, dont l’engagement au service de l’intégration et de la sécurité de la sous-région. Mais aussi l’attachement aux valeurs qui fondent l’union africaine, étaient appréciées de tous.
La conférence des chefs d’Etat des pays membres de la Cemac assure le gouvernement et le peuple tchadien de son entière solidarité ainsi que de son attachement résolu à l’intégrité territoriale, à la stabilité et à la sécurité de la République du Tchad. »
Plusieurs observateurs ont cru voir en cette adresse, une sorte de légitimation du Général Mahamat Idriss Deby et de la junte au pouvoir comme étant les interlocuteurs reconnus par la conférence des Chefs d’Etat de la Cemac. Or, il semble difficile de le dire ainsi.
Une légitimation directe de la junte au pouvoir signifierait tacitement, la validation du mécanisme de coup d’Etat comme mode de prise du pouvoir dans les Etats qui se veulent démocratiques. Après le décès du Maréchal, il existait bel et bien une Constitution qui prévoyait un mécanisme de continuité du pouvoir suprême. Et en l’occurrence c’est le président de l’Assemblée Nationale de ce pays qui devait assurer l’intérim jusqu’à la prochaine élection. Or le Conseil Militaire de Transition a mis à plat toutes les institutions démocratiques du pays. Que les président de la Cemac tolèrent cette situation, paraît pour plusieurs comme un contre sens.
Stéphane NZESSEU