L’avocat et homme politique candidat à l'élection présidentielle camerounaise de 2018 a été reconnu coupable de dissimulation de procédures de faux et usage de faux en écriture privée de commerce.
La sentence est tombée mercredi en matinée. L’ancien bâtonnier écope de 3 ans d’emprisonnement avec sursis pendant 5 ans. Le tribunal l’a également condamné à payer 1 000 000 FCFA d’amendes. 511 000 FCFA de dépens et 10 000 000 FCFA de dommages-intérêts.
Me Akéré Muna était poursuivi par sa sœur Ama Tutu Muna dans le cadre de la succession Salomon Tandeng Muna, ancien Premier ministre du Cameroun anglophone (du 11 janvier 1968 au 20 mai 1972) président de l’Assemblée nationale du Cameroun (1973-1988). Tout au long de la procédure, elle a toujours affirmé n’avoir pas été mise au courant du jugement d’hérédité de son feu père.
En effet, Ama Tutu Muna a intenté une procédure judiciaire contre ses quatre frères ouverte au Tribunal de première instance de Douala le 19 février 2018. Une plainte a été déposée en avril 2018. Elle visait Akere Muna seul, pour déclaration mensongère, dissimulation de procédure, faux et usage de faux en écriture privée ou de commerce.
Aux sources du problème
«Mes frères ont organisé un flou total autour de la gestion de la succession, pour preuve, je n’ai jamais touché de mes mains, ni même aperçu l’acte de décès de mon père. Ils ont usé de subterfuges pour chaque fois demander ma CNI [Carte nationale d’identité, Ndlr] sans explications aucunes. Par respect pour mes aînés j’ai toujours obtempéré», écrit Ama Tutu Muna dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Laurent Esso, le 11 avril 2018.
Selon Akere Muna, il n’en est rien. «L’expédition dudit jugement du 18 juillet 2002 a été remis à Ama Tutu qui devait prendre rendez-vous avec la banque Afriland pour la signature de la convention d’hypothèque. Courant 2010, j’apprends d’Ama Tutu, qui me transmet certaines sommations, que la banque menace de pratiquer une saisie immobilière pour non-paiement de la dette de Femi, d’un montant de presque 400 millions de FCFA.
Je lui ai demandé les documents et elle a dit ne pas les détenir et ne se rappeler de rien. J’ai donc dû envoyer un avocat à Bamenda pour demander à la banque de nous communiquer tous les documents pouvant justifier la créance.
A travers l’étude de ces pièces, je vais découvrir qu’elle avait hypothéqué deux immeubles au lieu d’un seul ; qu’elle a encaissé trois ans de loyers ; qu’elle a soutiré l’AVI du Minfi et s’est fait payer directement par la trésorerie générale de Bamenda, et qu’aucun paiement fait par l’Etat n’est passé par le compte ouvert à Afriland», explique Akere Muna qui était soutenu pour sa communication par son frère Bernard.
Après un procès qui a duré neuf mois, Me Akéré Muna a finalement été condamné par le Tribunal de première instance de Douala ce mercredi 24 octobre 2018. Rappelons que Me Akéré Muna est le fondateur de Transparency International Cameroun (en 2000) dont il a assuré la présidence de l'organisation. Il a également été en 2005, vice-président mondial de l'organisation internationale de lutte contre la corruption.
Otric N.