C’est à 3 heures du matin, ce 13 Avril 2022 que sept jeunes hommes de cette localité décident de s’introduire furtivement dans un chantier chinois appartenant à la société Huanting afin d’extraire du gravier.
Malheureusement pour eux, il y’avait des fissures partout et, les confrères travaillant pour les médias locaux affirment que c’est “la raison pour laquelle le chantier était en arrêt, étant donné que les risques d’éboulement étaient de plus en plus perceptibles”.
Une réalité dont n’ont pas tenu compte, les sept jeunes gens qui en ont malheureusement payé le prix fort. Quatre n’ont pas réussi à sortir des décombres (Abdoul Bagui Saidou - 32 ans; Ayouba Hamidou - 27 ans; Gbakoto Pentos - 27 ans; Nijife Goltra - 32 ans. Leurs trois compères, gravement blessés ont été conduits à l'hôpital de district de Batouri et leur prise en charge a été immédiate.
Mobilisation des personnes résidant dans cette bourgade dans la Kadey
Elles ont été réveillées à cause du bruit assourdissant de la terre qui s’écroule et après avoir découvert que l'effondrement est l’oeuvre des chapardeurs, elles se sont mises en colère:
“ On vient couper mon sommeil à 3 heures du matin, parce que les gars sont venus voler le gravier. Ce sont les éclats de la chute de ces graviers et autres matériaux mis en place pour protéger la galerie qui ont attiré l’attention de tout le monde et lorsque nous sommes arrivés sur place, certains voleurs étaient déjà morts…Nous avons sorti leurs corps et appelé les autorités pour qu’elles viennent entre autres s’occuper des blessés”.
Présence de tout le gratin administratif et autres
Alerté, Djadai Yakouba - Préfet du Département de la Kadey est arrivé sur les lieux du drame. L’ont suivi, le Procureur de la République près les tribunaux d’instance de Batouri; l’Adjoint au Commandant de Compagnie; le Commandant de Brigade Territorial accompagnés par ses éléments; le Représentant du Délégué Départemental des Mines; les responsables de la société chinoise Huanting…
Le premier constat, fait sur place, renseigne que les quatre victimes sont passées de vie à trépas parce qu’elles ont été asphyxiées.
Impossible, à l’heure actuelle, de dire si les trois rescapés seront poursuivis en justice. Ceux qui sont morts ont été remis à leur famille respective pour inhumation.
Cet énième drame vient relancer le débat sur l’exploitation des carrières par les entreprises étrangères au Cameroun, et plus précisément à l’Est du pays.
A de nombreuses reprises, l’on a évoqué les conditions de travail des communautés autochtones, l’exploitation abusive dont sont victimes les jeunes qui, pour survivre, sont parfois obligés de s’adonner à des activités illégales qui peuvent entraîner leur mort, comme c’est encore le cas avec le drame de Belekoubou.
Les entreprises étrangères ont l’obligation, comme cela est stipulé dans leurs cahiers de charges, de refermer hermétiquement les trous qu’ils creusent, lorsqu’ils estiment qu’ils ont fini l’extraction des matières dont ils ont besoin mais, cela n’a jamais été fait.
Le décès tragique de ces quatre Camerounais est une interpellation à l’endroit des pouvoirs publics car, il est évident que si les jeunes gens travaillant pour les sociétés minières ( pour rester dans ce cadre) recevaient un traitement salarial et social tel que cela est prévu par la Loi, ils n’auraient jamais été tenté de mettre en péril leur vie.
La responsabilité revient donc au Pouvoir public de se rassurer que tous ceux qui exploitent les richesses du Cameroun respectent toutes les clauses contenues dans les contrats qu’ils signent. Le sol et le sous sol Camerounais est un patrimoine commun et ceux qui devraient en bénéficier les premiers sont les Camerounais.
Nicole Ricci Minyem