Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice Jean De Dieu Momo recommande aux camerounais la lecture du discours prononcé par Samuel Eto’o Fils à Limbe à la session ordinaire du Comité exécutif de la Fecafoot.
Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice Jean De Dieu Momo plus présent sur la toile que le reste des membres du gouvernement, a salué le discours du patron de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) Samuel Eto’o Fils prononcé lors de la session ordinaire du comité exécutif de l’instance dont il a la charge. Pour lui, c’est un discours à la fois sublime et unificateur.
« Chaque camerounais devrait le garder précieusement au chevet de son lit et le lire chaque soir en dormant et tous les matins au réveil. Pour changer les mentalités rétrogrades qui ont encore malheureusement cours au 21eme siècle », a-t-il écrit.
Pour mieux comprendre la sortie du ministre Momo, nous vous proposons ci-dessous quelques morceaux choisis du discours d’Eto’o Fils
Chers membres du Comité Exécutif,
L'actualité de ces dernières semaines a été dominée par la Coupe d'Afrique des Nations. Nous avons consacré notre temps et nos énergies à recevoir nos invités et à encadrer notre sélection nationale.
Actualité triste aussi à la suite de l’accident mortel survenu au Stade d’Olembe. Nos pensées vont aux victimes de la tragique bousculade qui a endeuillé cette grande fête du football continental. Puissent-elles trouver la paix dans le repos éternel.
Les larmes de cet événement malheureux ont néanmoins été séchées par le parcours honorable de nos chers Lions Indomptables, qui ont su donner le meilleur d'eux-mêmes pour arracher la troisième place du tournoi. Bien sûr, nous aurions aimé faire mieux mais nous nous soumettons à la dure loi du sport, et félicitons nos frères sénégalais, qui ont largement mérité d’être champion d’Afrique. En attendant de faire le bilan avec les organes techniques spécialisés de notre fédération et d'en tirer les conséquences, nous pouvons être fiers de nos jeunes frères et de nos enfants.
Toutefois, quelques-uns d’entre nous, membres du Comité Exécutif, n'ont pas hésité à critiquer cette équipe en privé ou en public. Leurs critiques, parfois constructives, ont visé notamment le nécessaire renforcement de l'esprit d'équipe qui devrait guider les joueurs. C’est normal, car, siéger au Comité exécutif ne nous impose pas le silence. Personne n'a le droit de blâmer ceux qui exercent leur liberté de penser. En revanche, nous ne pouvons pas décrier l’absence d’esprit d’équipe au sein de nos Lions alors que, dans le même temps, nous sombrons nous aussi dans le même travers. Ici même, au sein du Comité Exécutif, chacun veut à la fois dribbler, passer, marquer, être seul dans l’objectif des caméras, faire le classement, commenter le match qu'il joue lui-même, bref, faire tout le contraire de ce que le football nous impose comme obligation à savoir, jouer collectif. Chers amis, je vous assure que nous ne produirons aucun résultat significatif si chacun de nous n'apprend à jouer le rôle qui lui est confié. Nous devons défendre quand c'est nécessaire, applaudir le coéquipier qui marque le but, encourager et protéger le gardien qui prend un but, assumer et accepter les choix de l’entraineur, qui seul est responsable de la définition du système de jeu, en tenant compte des joueurs à sa disposition. Il peut arriver que les choix ne plaisent pas, qu'ils blessent l'orgueil de quelques-uns. Malheureusement, opérer des choix douloureux fait partie de l’ADN de notre sport. Ceux qui connaissent un peu la discipline que nous avons la prétention de diriger le savent.
Mesdames et Messieurs,
Lorsque l'équipe nationale du Cameroun dont j'ai eu l’immense privilège de porter les couleurs gagne, notre peuple est en joie du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Lorsqu'elle perd, la déception qui traverse chacun de nous est la même, de Kolofata à Ekondo Titi, de Batouri à Foumban...Il ne vient à l’idée de personne de se poser la question de l'ethnie du buteur qui a procuré cette joie. Personne ne veut savoir de quelle région vient le joueur qui a manqué son tir au but.
Il n’est donc pas concevable que des dirigeants du football camerounais, ceux-là même qui ont la responsabilité de porter les valeurs de cette discipline, se livrent au jeu malsain de faire le tri des joueurs sur le critère de l’ethnie ou de la région. Ce réflexe détestable porte en lui la destruction de toutes les valeurs du sport. Comment pouvons-nous confondre football et Assemblée nationale ? Chaque région doit-elle revendiquer les siens parmi nos Lions ? A-t-on le droit de s’approprier les exploits de Vincent Aboubakar parce qu’il est issu de la même aire géographique que nous ? Ma conviction est que chaque fille et chaque fils de ce pays, quelle que soit son origine ethnique ou régionale, est le frère de Vincent Aboubakar. Nous avons le devoir moral de nous éloigner de ces jeux dangereux qui n'honorent pas le football et ses valeurs.
Bien que premier responsable de notre fédération, je ne suis pas réfractaire à la critique surtout lorsqu’elle est constructive et de bonne foi. Et j’ai par ailleurs toujours placé la gestion des ressources humaines sous le critère exclusif de la compétence. Mais pour démentir les fausses allégations qui circulent, me voici obligé de relever que dans l'effectif de notre personnel, le plus gros contingent vient du septentrion de notre pays. Doit-on prendre les calculatrices, s'y attarder et chercher les équilibres qui ne cadrent pas avec nos objectifs et notre vision ? Ceci sera la première et la dernière mise au point de cette nature car je n’ai pas l’intention de me laisser entrainer dans ces débats qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les germes de la division ont déjà suffisamment fait du mal aux camerounais. Je compte assumer le mandat que les délégués m'ont accordé jusqu’au bout, avec la dignité qui sied. Chacun ici a reçu un mandat, non pour défendre une région, un peuple ou une ethnie, mais pour défendre le football. Le définir et l'organiser sur le terrain, pour que le gamin de Maroua, ressente la même émotion que celui de Dschang ou de Sangmelima...c'est sur ce terrain que le peuple camerounais nous attend.