Invitée sur Vox Africa le 06 janvier dernier et répondant à des questions sur le Cameroun, Nathalie YAMB a trouvé que la liberté d’expression au Cameroun est extraordinaire. Un avis que ne partage pas le web journaliste Michel Biem Tong.
Au cours de cet interview, Nathalie YAMB dit précisément ceci : « J’ai beaucoup de regrets pour le Cameroun parce que contrairement à la Côte d’Ivoire, au Cameroun il y a quand même une liberté d’expression qui est assez extraordinaire, je sais qu’il y en a qui pousseront peut-être des cris d’orfraie mais … Il y a plusieurs chaînes de télévisions privées, les gens sont capables d’aller débattre à longueur de journée à la télévision, de s’exprimer dans des termes, certaines fois qui sont peut-être même un peu choquants. » Justement, parmi ceux qui poussent des cris d’orfraie, Le Journaliste en exile Michel Biem Tong.
L’activiste politique fait rappeler à Nathalie YAMB quelques faits. Des cas de journalistes qui sont soit écroués, soit contraints à l’exile par le système politique camerounais. Michel Biem Tong cite « Paul Chouta, journaliste et bloggueur, est en prison à Yaoundé depuis 7 mois sans procès. Son seul péché : avoir mis le régime voyou de Yaoundé à nu à travers articles, alertes et directs sur Facebook.
Mimi Mefo, journaliste à MMI (Mimi Mefo Infos) est contrainte de vivre en exil en Allemagne après avoir fait 3 jours de cellule à la prison de New Bell à Douala en novembre 2018 juste pour ses articles sur les crimes du régime Biya en zone anglophone.
Charles Ateba Eyene, écrivain, est mort par empoisonnement le 20 février 2014 pour avoir accusé le ministre de la Justice Laurent Esso d'être impliqué dans l'assassinat du journaliste Bibi Ngota en 2010.
Michel Biem Tong (l'auteur de ces lignes), journaliste web, activiste et responsable du journal en ligne hurinews.com contraint à l'exil au Burkina Faso après avoir passé 2 mois séquestré dans les geôles du pouvoir de Yaoundé, suite à un enlèvement par la sinistre Sécurité Militaire (Semil) de l'animal sauvage colonel Émile Bamkoui. Son seul tort : ses écrits osés contre le pouvoir de Yaoundé et les crimes de ce dernier en zone anglophone. Des exemples, je pourrais en citer à profusion. »
Ce que fait remarquer le web journaliste camerounais, c’est qu’il existe dans notre pays comme une loi du silence sur certains sujets qu’il considère comme épineux. Notamment, les comportements de la famille du Chef de l’Etat et sa main mise sur les richesses du pays. Pour lui, il n’existe pas de journaliste qui parle « des barons du régime tels que Laurent Esso, des hauts gradés de la police, de la gendarmerie, de l'armée, du renseignement... et circulent librement à Yaoundé et Douala sans être ne serait-ce que menacé de mort. »
Il existe comme une sentence de mort prononcée à l’avance sur tous ceux qui osent s’attaquer à la gabegie du pouvoir. « Que Nathalie YAMB cite les exemples de journalistes camerounais qui ne sont pas inquiétés alors qu'ils enquêtent sur les crimes (de sang et économique) du couple présidentiel, des barons parmi les plus puissants du régime, de la bourgeoisie militaire et du lobby d'affaires français au Cameroun. Trêve de flagornerie s'il vous plaît et liberté d'expression n'a rien avoir avec liberté de bavarder », dixit Michel Biem Tong.
Stéphane NZESSEU