Comme ce fut le cas pour l’achat de deux Mercedes Maybach pour le compte de la Présidence de la République du Cameroun il y’a quelques années, comme ce fut encore le cas pour l’achat de la Range Rover sentinel toujours pour le compte du même bénéficiaire, c’est l’annonce de la construction de la résidence du président du Conseil Constitutionnel, pour un coût d’environ 273 millions de FCFA qui suscite à nouveau la polémique au pays et nourri les fantasmes les plus grossiers.
Dès lecture de cet appel d’offre lancé par le Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières dont l’objet déclaré est le développement du patrimoine de l’Etat, lequel appel d’offre est paru dans le quotidien « Cameroon Tribune » du 23 octobre 2018, un jour après la proclamation du résultat de l’élection présidentielle, certains ont tôt fait d’établir une relation de cause à effet entre ce dernier et le verdict des urnes tel que proclamé par Clément Atangana. A suffisance, C’est pour eux la preuve même, que le pouvoir de Yaoundé récompense celui l’ayant « permis » de se maintenir au pouvoir. Les titres de quelques parutions, en kiosque ou en ligne, illustrent à suffisance, cette quête permanente et pernicieuse de certains, pour trouver des éléments susceptibles de conforter leurs certitudes pour les présenter au public comme la preuve d’une collusion jadis dénoncée et aujourd’hui avérée entre certains acteurs, collusion ayant avantagé tel candidat à la présidentielle plutôt que tel autre. Lorsqu’ils ne trouvent pas cela carrément et purement scandaleux, c’est le salaire, la récompense d’une forfaiture pour un pseudo « adoubement ». Seulement, qu’omettent de dire ces médias aux lecteurs non avisés et aux « titrologues » patentés ? Simplement que cette résidence ne sera en aucun cas construite pour sieur Clément Atangana mais bien pour l’institution qu’il incarne. Qu’y-a-t-il de choquant à cela, le prix ? Je crois, tel l’on se perçoit, tel l’on fait les choses…
Mais fichtre ! Quelle considération avons-nous de nous-mêmes ? Il est une chose qui m’a toujours marqué dans ce pays, et ce plus que négativement, c’est le fait d’entendre les camerounais se dévaloriser au quotidien. En effet, au quotidien, il est courant de s’entendre dire : « Je ne suis rien », « Je n’ai rien »… À ce qu’il me semble, ce serait de l’humilité pour eux. Qui plus est, ils le disent avec en plus une telle conviction que lorsqu’après, ils ne sont rien effectivement et n’ont rien, et que je les entends se plaindre, accusant « x » ou « y » d’être les responsables de leurs sinistres sorts, l’envie me vient de m’arracher les cheveux… Je crois, c’est cette mentalité qu’on veut transposer, parce que communément admise, au sommet de notre pays et c’est inacceptable. Ceci dit, est-ce nier les difficultés quotidiennes que rencontrent les camerounais ? Que nenni. Elles sont là, palpables et nous affectes tous chaque jour. Mais plutôt que de nous appesantir sur celles-ci, nous préférons le faire sur les efforts qui sont fournis pour corriger cela même si nous les trouvons souvent lents et aussi insuffisants.
Revenant sur le propos principal de ce billet à savoir la future construction de la résidence du Président du Conseil Constitutionnel, nous disons NON chers messieurs, lorsque clément Atangana ne sera plus président du conseil constitutionnel, il n’emportera pas cette demeure avec lui pour la bonne et simple raison qu’elle ne lui appartiendra pas ; elle fera partie du patrimoine de l’Etat et servira tous ceux qui auront la charge de présider aux destinées de cette auguste institution.
Je sais hélas, que lorsqu’on apporte dans ce genre débat au Cameroun, moins de passion et un peu de logique, l’on est automatiquement accusé d’être un adulateur du pouvoir. Ça… certains ont fait le choix de se plaindre au quotidien, d’autres, dans le même contexte ont fait celui d’espérer et de croire en leur pays. Laissons les années passer et nous saurons « les qui » avaient raisons et « les qui » avaient torts.