Le journaliste donne un regard pragmatique sur la probable succession de Paul Biya, président de la République du Cameroun, réélu, le 7 octobre 2018 pour un nouveau mandat de 7 ans.
C'est un fait, le Cameroun subit actuellement plusieurs crises diverses. Dans le grand nord du pays, il y a la crise sécuritaire liée à Boko Haram. Dans le Nord-ouest et le Sud-ouest il y a une logique de sécession. La crise est aussi politique. Plusieurs observateurs politiques de notre landerneau voient en cela, les signes de fin du régime Biya.
Cette logique, Jean Bruno Tagne la partage. « Ce que nous vivons au Cameroun est une atmosphère de fin de règne. Il faut tout de même rappeler que le président de la République est âgé de 87 ans, dont 37 passés au pouvoir. Il est fatigué et cela se voit. Il ne contrôle plus grand-chose et même si cela semble être sujet tabou, beaucoup pensent à sa succession, y compris dans son propre camp. Les gens se positionnent comme ils peuvent, mais très discrètement parce que dans les rangs du pouvoir de Yaoundé, l'ambition a presque été criminalisée», explique le journaliste dans le journal le Sputnik.
L'écrivain pense que l'après-Biya est une source d'angoisse pour tous les camerounais. « Le plus inquiétant c'est qu'il y a un flou total et personne ne sait ce qu'il entend faire, ni quels sont ses plans. C'est son système qui va le plus en souffrir, parce que pendant tout son règne, il a pris le soin de ne pas promouvoir de second, quelqu'un capable de prendre les clés de la maison en l'absence du chef. Ce qui promet de belles batailles entre les hommes du même système dans le but de contrôler le pouvoir après Biya. Dans ces conditions, le système ne peut que s'auto détruire», indique Jean Bruno Tagne.
Le 6 novembre dernier, le Cameroun célèbre, les 37 ans du renouveau. A l'aube de son accession à la magistrature suprême, Paul Biya place sa mandature sous le signe de la rigueur et de la moralisation. Une ambition noble, signale Jean Bruno Tagne. Mais à l'heure du bilan, «on peut constater que le président, sur ce plan-là a globalement échoué. Le Cameroun a été deux fois champion du monde de la corruption. La justice est aux ordres, les détournements de fonds publics sont une épidémie», conclut l'homme de média.