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Grève des avocats : Jean de Dieu Momo répond à Me Yondo Black après la lettre que ce dernier avait adressé au Minjustice

lundi, 23 septembre 2019 08:16 N.R.M

« Monsieur le Bâtonnier et Cher Confrère,

 

Vous avez adressé le 09 Septembre 2019 une lettre ouverte au Ministre d’Etat Laurent Esso dans laquelle vous mentionnez mon nom comme étant «  pompier de service »envoyé par le Ministre pour « colmater les brèches » à la suite de la Résolution du Conseil de l’Ordre du 31 Août 2019 décidant de la suspension de la Robe.

C’est avec une profonde déception mêlée d’indignation que j’ai lu cette lettre qui, au-delà du tissu d’injures et d’outrage, procède d’une dangereuse méprise de votre part, quoiqu’elle s’inscrive en droite ligne de l’arrogance, de l’impertinence et de la jactance qui semble être votre principal trait de caractère.

Quels enseignements voulez – vous dispenser à nos jeunes confrères et à toute la jeunesse du Cameroun par cette « héroïque » sortie dans les réseaux sociaux contre le Ministre de la Justice, qui a le pouvoir de vous reconduire au pays de si je savais que vous ne connaissez que trop bien ?

Mais sans doute est – ce précisément ce que vous recherchez, au bout du rouleau, pour tenter d’exister par effraction dans la mémoire collective ? Un bon et retentissant procès « historique » pour sortir par la porte à laquelle vous êtes entré, celles des faits divers.

Sachez cher confrère, que le Garde des Sceaux, au moment de la Résolution portant suspension de la Robe des Avocats, se trouvait en congé et en déplacement au Brésil. Il n’est pas comme vous dites, celui qui a mis le feu avant d’envoyer au charbon le pompier de service, moi en l’occurrence.

Il se trouve que c’est moi qui assure l’intérim en ce moment et à ce titre, c’est à moi qu’incombe la responsabilité d’apporter une solution idoine aux revendications des Avocats que je connais par ailleurs très bien.

Malheureusement vous avez transformé un problème juridique en un pugilat pour le leadership contre celui qui, malgré lui, hante votre conscience tourmentée et qui serait, à son insu, votre principal rival dans une guerre de leadership tribal à Douala.

 

De quoi s’agit –il ?

Deux thèses juridiques constituent la trame de votre lettre abjecte : celle soutenue par le Garde des Sceaux qui considère qu’un Avocat qui perçoit de l’argent de son client et ne le représente pas en justice, commet un abus de confiance aggravé susceptible de le conduire devant la juridiction pénale voire en prison. Et la vôtre, qui estime qu’il s’agit d’une relation contractuelle et que si  l’Avocat après avoir perçu de l’argent de son client disparait dans la nature, cela serait constitutif d’une inexécution du contrat justiciable devant la juridiction civile, si la preuve de la faute est rapportée.

La réponse à ces deux thèses, comme vous êtes sensés le savoir, appartient au juge qui est indépendant comme relevant du pouvoir judiciaire. Cependant, il est utile de vous rappeler, cher confrère, que le Ministre de la Justice est le maître de l’action publique qu’il peut mettre en mouvement ou interrompre, s’il le juge utile. Il appartient au juge d’apprécier, au moment du jugement, laquelle des deux thèses triomphera.

Et c’est précisément là où vous me mettez dans le plus grand embarras, car assurant l’intérim du Minjustice Garde des Sceaux, je pourrais, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la loi, déclencher l’action publique à votre encontre pour vos propos injurieux, diffamatoires et outrageants contre le Minjustice Laurent Esso.

Mais étant moi – même avocat, si je le fais n vos laudateurs vont pousser des cris d’orfraie alors qu’ils reconnaissent tous le caractère diffamatoire, injurieux et outrageant de votre pamphlet. En tout cas, prenez conscience que vous avez commis des délits qu’il convient de châtier, car «  fouler aux pieds la règle de droit et assurer l’impunité à certains citoyens, aboutiraient à préparer « le lit de l’anarchie »,  pour citer le Président de la République.

Dans son discours du 10 Septembre appelant au Grand Dialogue National, le Chef de l’Etat a observé que « les réseaux sociaux ont malheureusement favorisé l’apparition de leaders autoproclamés, d’extrémistes de tout bord essayant d’asseoir leur notoriété par le biais d’injures, de menaces, d’appels à la haine, à la violence et au meurtre ». Ces propos, me semble – t- il,  vous vont comme un gang puisque vous avez acquis votre renommé en étant le héros des faits divers (rixes dans les institutions républicaines et tutti quanti). S’il fallait passer au vote, ces faits divers précisément vous disqualifient dans votre quête du leadership local face à un ancien Procureur Général, Chancelier de l’Université, SG/PRC, Mindef, deux fois Minjustice  Gds. Ministre d’Etat et cætera.

Mon cher confrère aîné, l’amitié se nourrit de vérité et vous savez toute la considération et l’admiration que j’ai toujours eue pour vous comme mentor dans mes jeunes années au Barreau. J’avais copié chez vous cette propension à l’injure, ce populisme de bas étage, cette arrogance maladive, cette jactance populiste qui caractérisent les avocats de vos écuries et, que je m’évertue aujourd’hui de m’en débarrasser afin de conduire les affaires de la cité en toute lucidité et clairvoyance.

Je mesure aujourd’hui l’étendu du gouffre dans lequel vous avez poussé plusieurs générations d’Avocats, comme par des injures et qui sont très habiles dans l’opposition radicale au pouvoir. Vous avez toujours enseigné à plusieurs générations d’Avocats que « le barreau, est un contre pouvoir », transformant le Barreau, ce corps noble, en un laboratoire qui fabrique les « opposants » qui dénigrent leur propre pays et une pépinière qui apprend aux jeunes avocats comment devenir des héros (zéros) en sautant  du haut de la falaise.

Il est archi faux d’enseigner aux jeunes que le Barreau est un contre – pouvoir cher confrère. Partout dans le monde, et j’en ai fait le tour, le Barreau, en tant qu’institution est un démembrement du pouvoir central et agit comme le bras séculier de l’Etat dont il est le conseil, auprès du Minjustice qui en assure la tutelle (je prends le Barreau de Paris à témoin). Cela n’est nullement en contradiction avec le penchant d’un Avocat pénaliste à prendre pour option la défense des droits humains. Défendre les droits humains ne signifie nullement traiter son pays comme un ennemi. Nous n’en avons qu’un et c’est le nôtre à tous !

Pour vous dire le fond de ma pensée  et susciter une réflexion générale chez ceux qui ont conservé leur lucidité au milieu de cet océan de la contestation tous azimuts, notre Barreau a, malheureusement, été conçu, dans le pêché originel  et apparaît comme le fils naturel issu du commerce adultérin entre le pouvoir et la rébellion.  

En effet, le premier Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, que vous admirez beaucoup et qui a déteint sur vous avant que vous-même ne déteigniez sur moi, sur nous tous à votre tour, s’appelle GORGI DINKA. On dit de lui qu’il est le premier, en 1966, à avoir inscrit dans le discours public le mot «Ambasonie» (avec S) sous le régime du président Ahidjo. Vous nous avez appris qu’il a été contraint à l’exil pour avoir la vie sauve, mais j’ai appris qu’il était le cerveau embryonnaire et éjaculatoire de la sécession à laquelle fait face notre pays aujourd’hui.

Notre tout premier Bâtonnier est donc, non seulement un opposant au régime politique du Cameroun, mais le père fondateur et géniteur de la sécession qui tue nos populations dans le NOSO aujourd’hui, et dont les Ambaboys, sous vos applaudissements nourris, enterrent vivantes de vieilles femmes coupables d’avoir laissé partir leurs enfants à l’école ! On dit qu’il vit aujourd’hui en exil à Londres, mais il est encore, jusqu’à ce jour, en activité souterraine pour créer l’Etat d’Ambazonie de ses rêves (avec l’appui de certains membres de notre cher Barreau inféodés parmi nous). Tel est, Monsieur YONDO Black, votre modèle et celui que vous nous avez vendu, à nous les jeunes Avocats.

Ensuite, il y a vous-même Monsieur le Bâtonnier, vous avez pris sa suite et avez continué à enseigner aux jeunes avocats qu’ils sont le Contre-pouvoir. Non Monsieur ! Ils sont des auxiliaires de justice de par la loi et à ce titre, contribuent à cette noble mission qu’est l’administration du service public de la justice. C’est en ayant le privilège de voir les deux faces de la même médaille que j’ai réalisé tout l’étendue des dégâts que vous avez causé à des générations d’avocats que vous avez égarés cher confrère : Le Barreau n’est ni le contre-pouvoir, ni un parti d’opposition, ni même une ONG des droits de l’homme.

C’est une organisation professionnelle qui défend les intérêts de ses membres.

Maître YONDO Black, vous et les Bâtonniers successifs, à l’exception notable de quelques-uns, qu’ils en soient honorés, vous avez transformé le Barreau du Cameroun en un parti politique d’opposition contre le pouvoir central ! Regardez-vous dans un miroir et admirez l’œuvre satanique que vous avez faite du Barreau depuis sa création, le transformant en un monstre qui vient de conduire notre peuple dans le malheur, dans le sang, dans le feu et dans la guerre de sécession au NOSO. Et qui est encore à l’œuvre sous votre conduite souterraine, au crépuscule de votre carrière, pour nous entraîner à l’Armageddon !

Combien de morts vous faudra-t-il encore pour que les Avocats s’arrêtent ? Regardez, et pleurez cher Maître, pour ce que vous avez fait de cette brillante jeune fille au talent brut et immature qui vivait sa vie bien tranquille loin du Barreau, et qu’en moins de six mois, vous avez transformé en « héroïne » récidiviste et compulsive. Regardez tous les autres jeunes de ce pays qui suivent sa trace sur la pente escarpée de l’illusionnisme paranoïaque et taisez-vous!

En dehors du Bâtonnier Luke SENDZE et de quelques-uns, plusieurs Bâtonniers successifs (pas tous fort heureusement) se sont inscrits dans votre registre du chaos général au prétexte cache-sexe des Droits de l’Homme alors qu’il ne s’agit pour vous que de pouvoir et de leadership tribal ou national (il se chuchote que vous rêviez d’être GDS après Doualla Moutome à la place de Mbella Mbappé, ce qui est votre droit, mais nous ne sommes pas dupes des ressorts qui tendent les actions masquées de chacun d’entre vous qui utilisez le Barreau et la naïveté de certains jeunes avocats dont j’en étais).

Un sage contemporain m’a dit un jour qu’après 50 ans révolus, si la sagesse ne vous rend pas visite, c’est que vous êtes demeuré dans l’enfance, et ce, malgré votre âge et vos cheveux blancs qui devraient en principe vous en créditer.

Est-ce qu’il n’est pas temps que le Barreau, pour son cinquantenaire, change de cap pour devenir le pilier bâtisseur de la cité ? N’est-il pas temps pour le Barreau de quitter l’enfer de la confrontation permanente, dans laquelle nous ont enfermés certains de nos indignes pères fondateurs, pour retrouver le chemin de la Construction Nationale, en jouant le rôle constitutionnel qui est le nôtre, comme membre du pouvoir judiciaire dont nous sommes un démembrement ? Quels sont les fruits que nous avons engrangés de la confrontation stérile depuis la création de notre Barreau en 1972 ? Croyons-nous sérieusement que le pouvoir peut nous accorder tout ce que nous lui demandons en fourbissant nos couteaux dans son dos ?

Par contre, si l’institution qu’est le Barreau jouait amplement son rôle de démembrement du pouvoir judiciaire, exerçant ses attributions de service public de la Justice, notre Barreau ne sera-t-il pas plus fort et notre justice plus crédible pour le plus grand bénéfice de nos populations ? A titre d’illustration de mon propos, pour l’organisation de la rentrée solennelle des Avocats, à la requête du Bâtonnier Tchakounté Patié Charles et par mon intermédiation, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya, un homme de dialogue et de paix, a instruit le 07 juin 2019 au Ministre des Finances de procéder d’urgence au déblocage de la somme de 100 millions de francs pour aider le Barreau. N’est-ce pas la preuve qu’une franche collaboration du Barreau avec le Pouvoir central sera plus bénéfique que le bras de fer inutile que le Barreau lui livre depuis sa création ?

Le 27 Août 2019 le Ministre D’Etat Laurent Esso a reçu le Bâtonnier, dans le cadre des consultations multiples qu’il entretient avec le Barreau, pour lui demander de lui soumettre sous huitaine les propositions du Barreau pour l’amélioration de la justice, que s’est il passé pour que le Conseil de l’Ordre, réuni sur convocation du même Bâtonnier, prenne la résolution de suspendre la Robe pour cinq jours?

Il en avait également été ainsi auparavant lorsque le Garde des Sceaux avait présidé le 22 novembre 2016 une concertation avec les avocats et évoqués avec eux tous les problèmes liés au fonctionnement de la justice ainsi qu’à la traduction des Actes OHADA en anglais, lesquels dois-je souligner avaient déjà été traduit dans cette langue au moment des faits et publiés au Journal Officiel des Editions Spéciales de septembre et novembre 1999 ! Il n’empêche que malgré tout, ils s’étaient mis en grève et conduit le Nord-ouest et le Sud-ouest dans la guerre de sécession qui perdure jusqu’à ce jour. On peut se demander ce que veulent réellement les avocats puisque le dialogue permanent et la volonté de construire ensemble leur est tout le temps proposé par le gouvernement.

Les Avocats doivent reprendre leur Barreau en main et renvoyer au Musée ceux, réfractaires au progrès, qui l’ont conduit depuis 47 ans dans une guerre permanente contre-productive. Il y va de notre intérêt à tous de couper le cordon ombilical d’avec les géniteurs insensés d’un Barreau inutilement contre-pouvoir.

Yaoundé le 13 Septembre 2019

Maître Momo Jean de Dieu

Avocat au Barreau du Cameroun… ».

 
 
 

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