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Dieudonné Essomba: «en aucun cas je n’ai pas demandé aux enseignants de ne pas réclamer leurs droits»

vendredi, 18 mars 2022 12:56 Liliane N.

L’expert question d’économie Dieudonné Essomba vient de publier un 3e article pour mieux préciser sa pensée sur la question de la grève des enseignants.

Retrouvez ci-dessous la tribune de Dieudonné Essomba

GREVE DES ENSEIGNANTS : LA SOLUTION (Article 3)

Ce 3ème article clôture mon intervention sur la grève des enseignants.

  1. DES DEFIS DU PROBLEME DES ENSEIGNANTS

Certains Camerounais se méprennent sur le sens précis de ma pensée qu’il importe de bien préciser : en aucun cas je n’ai demandé aux enseignants de ne pas réclamer leurs droits, bien au contraire !

J’explique tout simplement que notre modèle institutionnel place la priorité sur la sécurité du groupe dirigeant, la stabilité de l’Etat unitaire et la pérennité du régime. Cela n’enlève absolument rien au rôle et à l’importance stratégique de l’Education que personne, y compris l’Etat, ne conteste. Quand la situation économique est bonne, l’Etat va satisfaire tout le monde.

Mais dans un environnement rationné ou les ressources sont rares, les réclamations des enseignants, fondées ou non, font d’eux des concurrents directs des secteurs de souveraineté sur les ressources de l’Etat. Et dans cette concurrence, ils passent au second plan, car l’Etat ne renoncera jamais à ses missions régaliennes pour s’occuper d’eux. On ne peut donc résoudre leur problème que si l’Economie du pays est saine.

Le problème posé aujourd’hui est que l’Economie du Cameroun n’est plus saine. Le pays, très mal géré depuis l’Atteinte du Point d’Achèvement en 2006, s’est embarqué sur la dangereuse piste des Grands Projets dont le succès réclamait plus de sérieux et plus de professionnalisme, mais qui ont été dévoyés par des imposteurs de métier, générant une dette extérieure insoutenable de 7.000 Milliards qu’il est temps de rembourser.

Et nous devons rembourser, que cela nous plaise eu non, car les autres pays ne sont pas nos esclaves pour nous donner leur argent sans payer.

Et la situation s’est aggravée avec la maladroite gestion du problème anglophone qui nous a accouchés d’une terrible Sécession qui saigne les finances publiques à blanc.

Le Trésor Public est vide et le FMI a pris le contrôle de notre budget. Notre Gouvernement doit lui obéir en frétillant la queue comme un toutou, et ses « hautes instructions » ne sont que de pures bravades sans incidence significative sur l’orientation de nos dépenses.

Dans ces conditions, le combat mené par les enseignants pour rentrer dans leurs droits légitimes vient un peu tard et on peut regretter qu’ils aient trop attendu, au lieu d’agir au moment où le Gouvernement disposait encore des marges de manœuvre.

Au stade où nous en sommes, le Cameroun n’a pas les moyens ni d’apurer leurs arriérés, ni de répondre à leur fameux « Statut de l’Enseignant ».

Ils n’ont aucun moyen d’améliorer significativement leur situation dans le Cameroun actuel, et leur mouvement ne peut avoir que deux issues :

– L’ETOUFFEMENT PROVISOIRE DU MOUVEMENT : ici, le Gouvernement va tenter d’amadouer les enseignants à travers des promesses mielleuses et impossibles à tenir, mais assorties d’un début de réalisation pour faire illusion, le temps que la situation se calme.

Et si ces techniques douces ne fonctionnent pas, le Gouvernement essaiera d’amplifier les fractures internes de la corporation pour diviser le mouvement, et fera appel à des mesures de contrainte telles que la répression des grévistes, la suspension des salaires, les affectations disciplinaires, la brutalité policière ou les emprisonnements.

Mais même si le Gouvernement arrive à mater le mouvement par ces méthodes, ce ne sera qu’un répit, puisqu’il ressurgira dans 2 ou 3 ans, sous une forme plus violente et plus radicale.

-UNE REVOLUTION : le Gouvernement peut échouer dans ses tentatives de séduction et de menace. Dans ce cas, les enseignants refusent les promesses et affrontent ses intimidations, soutenus par d’autres corporations, voire par toute la population excédée de la mauvaise gouvernance dont tout le monde se plait.

Ce scénario conduit à l’effondrement du régime, conformément aux terreurs des partisans du régime qu’on voit maintenant aux abois, mais aussi aux espérances secrètes de ses nombreux ennemis déclarés ou cachés qui voit dans cette grève une opportunité d’insurrection.

Mais même victorieuse, une telle insurrection ne résoudrait pas le problème des enseignants, car le nouveau pouvoir sera confronté exactement aux mêmes préoccupations de protection des dirigeaient et de la stabilité de l’Etat. Avec, exactement les mêmes résultats : l’éducation toujours au second plan…

Comme on le voit, il n’y a aucune solution du problème des enseignants dans l’organisation institutionnelle actuelle du Cameroun.

  1. DU PRINCIPAL ENJEU DU SYSTEME EDUCATIF

Le principal enjeu recherché dans l’Education est un système éducatif performant, marqué notamment par :

  1. un accès généralisé de tous les élèves à des infrastructures de qualité sur tout le territoire
  2. des ratios enseignants/élèves situés dans les limites des normes universelles
  3. un enseignement de qualité, orienté vers l’utilité pratique et le développement national
  4. un personnel qualifié en nombre suffisant et bien rémunéré
  5. un secteur éducatif équilibré, n’accumulant pas des dettes.

Il est évident qu’aucun de ces aspects n’est respecté au Cameroun. Certaines écoles ne sont réduites qu’à quelques huttes, exposant écoliers et maîtres à toutes les intempéries. Dans les villes, on trouve des salles de classe bondés de 180 élèves, certains assis à terre, ce qui n’empêche pas un chômage massif des enseignants formés, notamment les instituteurs.

Sur le plan budgétaire, le secteur éducatif accumule d’importants déséquilibres structurels non seulement par rapport aux subventions promises aux partenaires privés, mais aussi par rapport aux rémunérations de ses propres agents.

Face à cela, le principal défi est, non seulement de rattraper les retards accumulés sur le plan de l’investissement, des effectifs des enseignants et de leurs rémunérations, mais aussi de faire front à une population scolaire dont les effectifs augmentent chaque année de 500.000 jeunes enfants !

D’où la question suivante : est-il possible de mettre un système respectant ces contraintes au Cameroun ? La réponse est fournie par une analyse synoptique des systèmes éducatifs envisageables avec le potentiel effectif du Cameroun.

  1. DE NOTRE MODELE EDUCATIF

Notre système éducatif, conçu dans un cadre unitaire, est excessivement coûteux et inefficient à plusieurs ponts de vue :

3.1. SUR LE PLAN BUDGETAIRE

UNE STRUCTURE INSTITUTIONNELLE COUTEUSE : le secteur éducatif au Cameroun est géré par 4 Ministres, sans compter les Secrétaires d’Etat et les Secrétaires généraux.

Or, l’entretien d’un Ministre est excessivement élevé : leur logement associé aux commodités gratuites telles que le téléphone, l’électricité ou l’eau, les véhicules avec les budgets d’entretien et de carburant, le personnel à solde global rattaché à leur personne (chauffeurs, cuisiniers, boys, etc.), la mobilisation des FDS (police gendarmerie) pour leur propre sécurité et celle de leur concession, l’hôtel particulier, tout cela coûte terriblement cher aux Finances Publiques.

Lorsqu’à cela, on ajoute les caisses d’avance, certaines obligations politiques qu’ils doivent assumer dans leurs partis politiques respectifs, le coût moyen d’entretien d’un Ministre au Cameroun est d’un milliard de FCA.

A cela, il faut ajouter son cabinet qui comprend 3 ou 4 Conseillers Techniques et un grand nombre d’Inspecteurs dont l’utilité fonctionnelle est rarement évidente, mais qui, en tant que hauts cadres, pèsent très lourdement sur les Finances Publiques, puisqu’ils bénéficient à leur tout des lignes budgétaires, de véhicules et de logements gratuits.

Enfin, viennent les Directeurs qui gèrent chacun un secteur et qui, regroupés tous à Yaoundé, prétendent encadrer l’ensemble du Cameroun, ce qui entraîne un fonctionnement nécessairement dispendieux en termes de collecte d’information, de prise de décision et de missions sur le terrain.

A contrario, un Cameroun Fédéral aurait :

– un seul Ministre de l’Education Nationale, entouré d’une Administration allégée et essentiellement formée de hauts cadres spécialisés dans des missions d’encadrement des Etats Régionaux

-des Ministres régionaux coûtant beaucoup moins cher (5 fois moins cher qu’un Ministre central), avec des Directeurs Régionaux chargés de l’administration opérationnelle de l’Education et pesant beaucoup moins sur les Finances Publiques.

Une évaluation circonstanciée montre que le gain net, pour la même efficacité, serait de 21 Milliards de FCFA en faveur de l’Etat fédéral.

SUR LES INVESTISSEMENTS, la structure unitaire du Cameroun pèse lourdement sur la qualité de l’investissement public. Tout d’abord, la mercuriale nationale des prix qui fixe les prix à respecter est établie à maxima, puisqu’elle doit intégrer tous les cas d’espèce du Cameroun. Ainsi, on va fixer le coût d’une salle de classe à 10 Millions de FCFA, qu’on soit à Douala ou à Touboro, ce qui requiert absolument que le prix soit fixé sur la base du leu le plus cher.

Ensuite, il existe des surcoûts liés aux procédures du marché qui sont lourdes et dispendieuses (commissions des marchés, commissions de réception, appels d’offres, etc.). A quo s’ajoutent des coûts informels tels que la longueur des procédures pour le paiement des prestataires multiplient les charges, entretiennent les réseaux de corruption et de népotisme.

Naguère, feu Cardinal TOUMI avait rappelé que lorsque la mercuriale fixait le cout d‘une salle de classe à 8 Millions au NOSO, le coût réel du même bâtiment réalisé par la Procure de l’Eglise catholique n’était que de 3 Millions.

En outre, le choix des investissements est fortement tributaire des biais politiques qui perturbent les lieux de création optimale des établissements scolaires et l’affectation des ressources financières et humaines.

Enfin, l’entretien de ces investissements reste extrêmement défectueux et dispendieux. La confection d’un toit détruit par une tornade va requérir une interminable procédure particulièrement coûteuse en termes de mobilisation de ressources humaines et financières, où il faut des enquêtes, des descentes sur le terrain du Gouverneur, un compte-rendu à envoyer au Ministre à Yaoundé, la budgétisation de la dépense, l’appel d’offre, les commissions d’évaluation, les commission de validation, etc.

Du pur n’importe quoi !

Un modèle Fédéral, où la décision d’investissement est prise par un Gouvernement Local a des procédures considérablement plus allégées, avec plus de rapidité dans la prise de décision et plus de rigueur dans le choix de l‘investissement.

Une évaluation circonstanciée montre que le gain net, pour la même efficacité, serait de 30 Milliards de FCFA pour l’Etat fédéral.

3.2. SUR LE PLAN MICROECONOMIQUE

Sur le plan du personnel, le choix d’une organisation unitaire entraine des coûts et des pertes d’opportunités au système productif :

-le suivi des dossiers oblige les enseignants à se déplacer en permanence à Yaoundé, ce qui se traduit naturellement par des pertes de temps et d’argent, pertes qui, même supportées par le personnel, n’en constitue pas moins une perte pour l’Economie nationale.

-la délocalisation coûte également cher : les multiples affectations d’une Région à l’autre entraînent des coûts terrifiants en termes de frais de relève pour l’Etat central, de paiement de congé, etc. Pour l’agent public lui-même, ces affectations dans les lieux éloignés de leur localité d’origine ou de leur résidence principale sont très déstabilisantes et se traduisent concrètement par des surcoûts en termes de délocalisation des familles, des voyages au village pour des événements comme les deuils ou les réunions, etc.

-une importante perte d’opportunité : un enseignant proche de sa localité d’origine ou de son lieu de résidence principale peut mener, parallèlement à l’enseignement, des activités supplémentaires comme l’agriculture ou l’élevage, ce qui améliore son revenu et celui de la Nation. Mais cela requiert une grande stabilité, ce qui n’est pas possible dans une gestion unitaire de l’éducation où on peut l’affecter partout à tout moment.

Dans un Etat fédéral où le personnel régional est essentiellement recruté dans la population locale, de tels problèmes sont considérablement allégés.

3.3. SUR LE PLAN DES RESSOURCES

Un Etat unitaire est trop moderne et trop procédurier par rapport au système productif, et la fiscalité du secteur informel lui échappe complètement. Ses mécanismes de fonctionnement ne permettent pas d’optimiser la collecte fiscale. A cet effet, il faut se rappeler que les ressources budgétaires proviennent pour moitié des recettes fiscales, pour un quart des recettes douanières et pour l’autre quart des recettes pétrolières.

Les recettes fiscales sont, pour 85%, prélevées sur les multinationales, plus faciles et moins coûteuses à taxer. En effet, il suffit pour l’Etat d’imposer un droit d’assises de 50 FCFA sur une bière pour qu’il se retrouve instantanément avec 10 milliards de FCFA ! A contrario, il ne peut pas obtenir le même résultat s’il procède en aval, en fiscalisant les bars.

Cela lui réclamerait une lourde armada de collecteurs d’impôts qui devraient se faire accompagner d’importantes escouades de gendarmes, ce qui ne dispenserait pas ces équipes de conflits avec les commerçants, des bagarres de rues et d’interminables procès à répétition.

Trop lourd du point de vue des couts de collecte et très contreproductif du point de vue politique. A contrario, les Régions et les Communes sont plus armées à collecter de telles ressources. Ainsi, de par son mode de fonctionnement, l’Etat Central n’est pas capable de fiscaliser le secteur informel que sa loi ne reconnait pas.

Par contre, les mairies prélèvent les impôts sur toute activité, par exemple, les tickets quotidiens payés par les Baïsellam dans les marches populaires.

Autrement dit, les Etats Régionaux et les Communes disposent d’un potentiel de fiscalisation du secteur informel qui échappe totalement à un Etat unitaire. Et ce potentiel peut être évalué à 300 Milliards de FCFA.

Outre les recettes fiscales, l’Etat Régional et la Commune peuvent élargir leurs ressources à travers :

-la mobilisation de leur Diaspora, plus sensible à leurs sollicitations plutôt qu’à celle d’un Etat unitaire perçu comme un gouffre à sous et un centre de corruption et de détournement

-le droit de développer des activités de production et d’en tirer d’importants dividendes, contrairement à l’Etat unitaire interdit de telles activités par le FMI.

3/.4. SUR LE PLAN DE L’EFFICACITE

La segmentation de l’Etat introduit des éléments d’incitation qui améliorent mécaniquement son efficacité et qui n’existent pas dans l’Etat unitaire :

-LA RESPONSABILITE : chaque Etat régional se retrouve responsable de son propre système éducatif. Si ses salles de classe sont en nattes, ce n’est plus le fait d’un Gouvernement central qui ne les aime pas, mais des incompétences de ses propres natifs et résidents

-LA SPECIALISATION : la segmentation de l’Etat confère à chaque Etat Régional une institution dédiée à son développement. Les Ministres régionaux assument leurs résultats et sont politiquement punis s’ils échouent. Contrairement aux Délégués Régionaux qui n’assument rien et vadrouillent dans toute la République pour étoffer leur carrière.

-L’EMULATION : Le système fédéral donne aux populations de chaque Etat Régional un référentiel de comparaison de la qualité des dirigeants qu’elles ont élus. Par exemple, si les enseignants de l’Adamaoua grèvent alors que ceux du Littoral ne grèvent pas, on voit bien que le problème est la gouvernance du Ministre Régional de l’Education de l’Adamaoua.

Cela poussera donc le Gouvernement de l’Adamaoua à aligner son comportement aux meilleurs Etats Régionaux.

Si on fait le bilan total des avantages d’un Cameroun fédéral dans tous ces compartiments, on se retrouve avec un gain net de plus de 1000 Milliards de ressources additionnelles, ce qui est largement suffisant pour améliorer considérablement la situation des infrastructures éducatives, le traitement des enseignants, le renforcement des effectifs avec un recrutement massif, sans compter d’autres avantages macroéconomiques et microéconomiques.

  1. QUE FAUT-IL FARE ?

En définitive, l’Etat unitaire, trop coûteux dans son fonctionnement, trop limité dans ses ressources, n’est pas capable d’adresser les problèmes de l’Education au Cameroun. Les enseignants ne gagneront rien s’ils ne réagissent pas fermement, cela reste vrai, mais ils ne gagneront rien non plus s’ils bloquent leurs réclamations dans un Etat unitaire.

Seule, une organisation de type fédéral ouvre d’importantes perspectives pour résoudre ces problèmes, en termes de ressources additionnelles (plus de 1.000 Milliards), en termes de fluidité dans le fonctionnement des institutions, en termes d’ordre de priorité.

D’où l’impérieuse nécessité de CONTRAINDRE le régime de Yaoundé à aller à un modèle fédéral et de rejeter sa « décentralisation administrative », où l’Etat restera le seul maître des décisions et des ressources qu’il affectera à sa discrétion. Comment pourrait-il s’empêcher de privilégier ses propres préoccupations, en réservant les miettes aux Régions, reproduisant en fait son administration unitaire centralisée derrière une pseudo-décentralisation ?

Eu égard à ce qui précède, la solution au problème des enseignants et d’autres problèmes connexes passent par les mesures suivantes :

  1. L’érection des Régions en Etats Régionaux, pour bien montrer leur souveraineté dans les matières qui leur sont dévolues, et donner à leurs agents la même dignité que ceux de l’Etat central
  2. Les Etats Régionaux perçoivent une fraction fixe du budget central (50%), et la répartition se fait instantanément : à l’encaissement d’une somme, le compte de chaque Etat est crédité au prorata de sa dotation. Il n’y a donc aucun débat sur l’opportunité de tel ou tel transfert.
  3. Les Etats Régionaux ont la plus large latitude pour renforcer leurs ressources, à partir des impôts locaux, des dividendes, de la mobilisation de leur Diaspora et de la coopération décentralisée.
  4. Tous les Enseignants actuellement en activité et émargeant au budget de l’Etat sont des Fonctionnaires centraux. Il ne peut exister 2 statuts différents pour une même mission dans une administration et tous les contractuels doivent être titularisés.
  5. Les Enseignants centraux peuvent être utilisés pour les missions de l’Etat central ou affectés au titre d’assistants technique aux divers Etats Régionaux. Le statut d’assistant technique disparaitra progressivement avec leur mise en retraite.
  6. L’Etat Central est interdit de recruter au primaire et au secondaire, pendant une période de 25 ans, cette mission revenant désormais aux Etats Régionaux et aux Communes. A l’issue de cette période, l’Etat central peut recruter pour ses propres besoins administratifs et uniquement sur concours lancé auprès des enseignants régionaux ou communaux, sans équilibre régional.
  7. Tous les instituteurs titulaires d’un CAPIEMP exerçant dans l’enseignement au titre de maitre de parents, de bénévoles ou à tout autre titre précaire deviennent des Fonctionnaires communaux.
  8. Tous les étudiants en formation d’enseignants bénéficient d’une bourse. Cette bourse est payée par un prélèvement sur des agents en activité, dans le cadre de la solidarité intergénérationnelle propre aux retraites par répartition. A cet effet, les prélèvements réalisés sur les Enseignants financent non seulement la pension de leurs aînés en retraite, mais aussi la bourse de leurs cadets. Cette bourse représente 25% du premier salaire de la corporation.

Chaque corporation finance la bourse de ses étudiants par Etat.

  1. Les établissements privés de formation des enseignants sont une délégation de service public. Ils reçoivent les étudiants envoyés par les Etats Régionaux ou les Communes et les forment dans les mêmes conditions que le public. La scolarité est payée par la Commune, les Etats Régionaux ou les utilisateurs.
  2. La dette que l’Etat doit aux enseignants, mais aussi à tous les autres corps de métier sera assainie, à travers un calendrier qui ne doit pas dépasser 2 ans. A l’issue de cette période, l’Etat central est tenu de mettre fin à l’accumulation de la dette sociale dont le poids sera considérablement allégé par le transfert des secteurs sociaux aux Etats Régionaux
  3. Le Statut des Enseignants est abrogé, et remplacé par les Directives Nationales de l’Education qui définissent le cadre de référence de l’enseignement que chaque Etat Régional ajuste à sa situation. En particulier, ces directives établissent des plages de salaire pour chaque corps de métier.

Sans ces mesures, les problèmes ne feront que s’accumuler au Cameroun, sans le moindre espoir de les résoudre.

Dans les prochains articles, je vais revenir point par point sur ces réformes, tout en répondant aux nombreuses questions.

 

 

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