Depuis son dévoilement, la mascotte qui animera la compétition de football à venir fait polémique. Ils sont nombreux les camerounais qui estiment que cette mascotte ferait retourner Apollon dans sa tombe. Aucune attraction, aucune plaisance, ce qui sera catastrophique pour la dimension marketing de la compétition, aspect pour lequel est créé une mascotte.
A quoi sert une mascotte ? Une mascotte joue un rôle important dans la promotion de l’image d’une marque et pour la circonstance, d’une compétition. La mascotte est l’interface vivante entre la marque et le monde extérieur. C’est un outil fondamental dans la dimension relations publiques de la compétition ou de la marque. C’est un moyen de communication, mais davantage il est comme un outil de charme, dont l’esthétique doit pouvoir adoucir et attendrir le regard de ceux qui entrent en rapport avec la compétition. Une mascotte est aussi un trait d’union entre les enfants et les adultes. Sa conception et sa constitution devraient tenir compte des réalités sociales de son environnement, mais aussi de ceux qui sont la cible de la campagne de communication en question. Elle rend aussi la marque sympathique, avenante aux yeux des consommateurs. Certaines marques adoptent la métonymie : elles font de leur produit phare leur mascotte. Michelin a donc créé Bibendum à partir de pneus.
Mais la fonction n'est pas toujours la même. Parfois, la mascotte est un instrument marketing à part entière, comme Ronald McDonald qui sert à attirer les enfants pour inciter leurs parents à consommer. Une mascotte peut aussi influencer la perception que de potentiels clients peuvent se faire de la marque ou de ses collaborateurs. L'écureuil de la Caisse d'épargne en France a contribué à rendre les banquiers plus sympathiques aux yeux du public par exemple.
Une mascotte permet une identification rapide et agréable de la compétition qui devient une marque, une destination. Celle-ci parle à travers sa mascotte, se distingue de ses concurrents. En général, les marques préfèrent relooker leur mascotte, quitte à ce qu'elle ne ressemble plus du tout à son aspect originel, mais garde toujours un aspect esthétique qui est nécessaire à la commercialisation du produit qu’on vend derrière.
Malheureusement, on n’a pas le sentiment qu’en regardant cette mascotte du CHAN 2020 au Cameroun, qu’on se situe dans ces exigences de style et de compétition marketing. La mascotte « TARA » que le ministère des sports et de l’éducation physique à travers son COCAN ont offert au Cameroun. Depuis qu'elle a été dévoilée le 14 décembre dernier, elle n'a cessé d'être contestée. Sur la toile par exemple, des ironies de toutes sortes ont été publiées. Elle a été qualifiée "d'effrayante", "d'abomination", de "totem", "d'anormale" par plusieurs internautes qui y voient tout simplement une apologie de la médiocrité.
"La déception du public est d’autant plus grande car il a été associé au choix de la mascotte, mais son choix a été détourné au final", peut-on lire dans une tribune de Christian Djimadeu. Toujours d'après lui, pendant la cérémonie de dévoilement, "les cœurs ont semblé frémir pour la deuxième proposition de mascotte : Capitaine Léo. Mais le jury prétendra qu’elle a déjà été utilisée autrefois". Entre nostalgie pour la mascotte de la CAN féminine de football en 2016 (Lili) et colère, certains sont allés jusqu'à produire de nouveaux dessins, question de demander au jury s'il n'y avait pas mieux parmi les propositions reçues.
Stéphane NZESSEU