Interrogés par le journaliste sénégalais d’Emedia, Mamadou Ibra Kane, sur le sacre du sénégalais Sadio Mané ou Salah, Joseph Antoine Bell et Roger Milla, deux légendes du football camerounais et africain, en doutent.
« C’est ceux qui vont voter qui pourront leur donner cette chance. Moi je ne peux pas dire si Sadio Mané ou Salah vont le gagner. Les journalistes européens ou sud-américains et autres n’ont pas souvent les mêmes intentions que nous. Je pense que Mané et Salah doivent être patients, qu’ils ne comptent pas sur ceux qui ne votent pas, qui n’ont pas la possibilité de les désigner Ballon d’Or. Je n’y crois pas beaucoup parce que ces Européens sont tout le temps en train de nous couillonner, de nous saquer… Depuis qu’il existe, Weah a réussi à l’avoir (1995) parce qu’il était dans une très grande équipe (l’AC Milan) et il avait réussi à prouver que le football africain avait un certain niveau. Maintenant, c’est très compliqué pour les Africains », a expliqué le « vieux » Lion Indomptable, Roger Milla.
Pour sa part, Joseph Antoine Bell a déclaré : « Je pense que ce sont des questions de journalistes. Parce que pour moi les trophées individuels sont plutôt destinés à animer le public qu’à réellement jauger quoi que ce soit, le football étant par définition un sport collectif donc ce sont les équipes qui gagnent. Chaque fois qu’on veut faire gagner des individus, c’est plus pour satisfaire les discussions de quartier. Ce qu’il faut retenir, c’est que personne ne peut gagner le Ballon d’Or sans le mériter. Si ce n’est qu’au mérite, il y aura trois ou quatre ou cinq qui peuvent le mériter, mais comme il n’y aura qu’un seul qui doit y arriver, il y en aura qu’un seul ».
Par la suite, l’ancien gardien de but de l’Olympique de Marseille a refusé de porter un jugement calqué sur une préférence continentale. « Je dois avouer que je n’en ai pas pour la simple raison que si je disais Sadio Mané, ce serait faire « l’Africain » et je n’aime pas cela. Si nous voulons nous mesurer aux autres, il faut arrêter de choisir parce qu’il est Africain sinon le Sud-Américain va choisir un Sud-Américain. Moi j’ai toujours revendiqué à titre personnel et pour les autres, qu’on soit jugé avec la même mesure que tous les autres et du coup, qu’on enlève la coloration partisane du genre c’est un Africain, je vote pour lui ou que les Européens votent pour un Européen. Je crois que du moment où on a des Africains qui vont à un concours international, c’est déjà le premier pas, le premier succès et il faut ensuite accepter d’être jugé avec les autres et être en balance avec eux prouve notre qualité et ça, pour l’instant ça me va dans la mesure où le choix est de toute façon un tout petit peu subjectif. »
Pour rappel, le 02 décembre prochain, sera décerné le Ballon d’or 2019. Le Sénégalais Sadio Mané et l’égyptien Mohamed Salah font partie des joueurs en lice pour cette prestigieuse récompense. Même s’il est présenté comme favori, Sadio Mané a du souci à se faire car il a comme adversaire Lionel Messi et Cristiano Ronaldo.
Danielle Ngono Efondo