Dans les quartiers, taxis, bars, boîtes de nuit, c’est le refrain le plus exécuté par les camerounais depuis quelques semaines : « nous tous on falla le nyama, personne ne ya mo le ngueme ». Une musique qui fédère tous les camerounais et même au-delà.
Une semaine après la sortie sur Youtube du vidéogramme du titre « Le Nyama », la chanson affiche plus d’un million 200 mille vues. Et ce n’est que le début. D’ailleurs, cette chanson fait partie de ces musiques qui étaient très attendues, bien avant sa sortie officielle. Sur Tik Tok (le réseau social de l’empire du milieu), une séquence de la musique avait déjà fait le tour de la plate-forme.
Tout le monde falla le nyama …
En argot camerounais, « falla le nyama » signifie chercher de l'argent (contrairement à la nyama qui veut dire la nourriture). Se nourrir fait partie des besoins élémentaires des hommes. C’est d’ailleurs classé parmi les éléments de la base de la pyramide des besoins de Maslow. Se nourrir est un droit fondamental. Et au Cameroun come dans plusieurs pays dans le monde, trouver de quoi manger reste un défi permanent pour des millions, voir des milliards de personnes dans le monde.
Au Cameroun, ce sont les opérateurs de l’économie informelle, ceux qui vivent dans la précarité et sont obligés chaque jour de travailler dur pour s’assurer de quoi manger. Et dans notre pays, ça va plus loin. Puisque, de nombreux agents de l’Etat sont sous payés et n’arrivent pas toujours à joindre les deux bouts. Cette chanson apparaît donc comme une consolation, mais aussi un encouragement à la persévérance. Pour un instant, on oublie les clivages politiques et ethniques pour se retrouver autour d’une question qui nous concerne tous, ce que nous allons mettre dans la bouche.
Une chanson qui parle au monde entier …
Selon un rapport des Nations unies, la faim a progressé dans le monde en 2019. Et cela devrait encore s'aggraver en 2020 en raison de la crise économique et sociale liée au Covid-19.
Près d'un humain sur neuf souffrait de sous-alimentation chronique en 2019, une proportion appelée à s'aggraver en raison de la pandémie de Covid-19, selon un rapport annuel (2019) de l'ONU. D'après les dernières estimations, la faim touchait l'an dernier environ 690 millions de personnes, soit 8,9% de la population mondiale, peut-on lire dans le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), rédigé avec le concours du Fonds international pour le développement de l'agriculture, de l'Unicef, du Programme alimentaire mondial et de l'Organisation mondiale de la santé.
Ici, on ne parle que de ceux qui sont en sous-alimentation. Il faut encore décompter ces milliards de citoyens du monde qui ont un revenu précaire et qui sont obligés de travailler dur jour après jour pour être sûr de faire bouillir la marmite à la maison. La chanson de Aveiro Djess s’adresse donc en premier à cette frange de la population. L’histoire de cette chanson ne fait que commencer.
Stéphane NZESSEU