Le meurtre du lycée de Nkolbisson semble avoir ouvert la boîte de pandore et les images, vidéos et informations qui ont suivi laissent entrevoir que la blessure est profonde.
Cependant, après avoir pointé un doigt accusateur contre ces parents qui démissionnent de plus en plus de leurs devoirs, Anne Féconde Noah, porte parole du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) a estimé qu’il fallait creuser plus, et élargir le cercle de ceux qui sont responsables de cet afflux de violence dans le milieu scolaire.
« Déferlement de la violence dans nos écoles : 3 responsabilités pas très souvent convoquées
Après avoir parlé de la responsabilité des parents, des enseignants etc, peaufinons le diagnostic et relevons ces choses pour que les autorités compétentes prennent leurs responsabilités et que ça change en bien.
1- La responsabilité des artistes chanteurs
Depuis une quinzaine d’année, la musique dite 《urbaine》 se distingue par la violence, la sauvagerie, la vulgarité, la pornographie etc. On y promeut toutes sortes d'insanités. La consommation de stupéfiants Inceste, vol, viol, injures, mépris des parents ; y compris le meurtre au sens propre comme au sens figuré.
Or les croyants le comprendront bien, 《la foi vient de ce que l'on entend》. La foi entendue ici comme une conviction. A force d'entendre de tels messages inhumains, le subconscient finit par démystifier les tabous et assimiler des actes autrefois perçus comme graves comme banals et la suite on là connait.
Lorsqu'on sait que ces musiques sont majoritairement écoutées par les jeunes des collèges et lycées, ce serait une grave erreur de ne pas interroger leur contribution sur ce qu'on observe actuellement. Ces chanteurs ainsi que les adultes qui ne se gênent pas pour promouvoir leurs chansons en les faisant écouter ... doivent se remettre en question.
2- Les responsabilités conjointes des ministères de l’Art et de la Culture et de l’Administration Territoriale
Les ministères de la culture et de l'Administration Territoriale sont conjointement responsables en tant que régulateurs. Déjà, les environs des écoles (collèges, lycées, universités) sont les plus prospères aux business des bars bruyants et des salles de jeux, sous les regards de tous.
La dernière fois qu'une chanson a été censurée à l'échelle nationale pour propos dangereux et incitatifs c'était quand ? Pourquoi dans un pays qui se présente comme sérieux, l'on peut impunément promouvoir la violence/ l'immoralité à outrance, la mort au nom de la culture ? Que font les régulateurs?
L'on se souvient qu'il y a quelques années, le préfet de la Mifi avait pris la juste décision d'interdire une chanson pornographique qui faisait la promotion de déviances de toutes sortes. Mais certains des internautes choqués par l'état avancé de la dépravation des mœurs, l'ont raillé, vilipendé à gorge déployée ici même. Pour certains, interdire ne servait à rien puisqu'on pouvait trouver la chanson sur internet. Or la censure a déjà un effet psychologique en ce sens qu'elle établit le mal dans une chose, en l'espèce dans une chanson. D'autres arguaient que c'est du cinéma parce que ces grands écoutent des chansons vulgaires en secret dans leurs chambres.
Mais là encore, écouter une chanson dans sa chambre veut dire qu'on préserve un tabou au lieu de le banaliser. Or il avait raison de vouloir protéger ses concitoyens de ces agressions morales. Pour d'autres moqueurs, il n'était pas moderne d'interdire une chanson en 2016 (je crois). Cette version de la modernité présente quelle plus value quand elle désinhibe la jeunesse face aux crimes de toutes sortes ? Quand elle contribue à détruire le socle social déjà si fragile ? A rien du tout !
3- La responsabilité de la Justice (Opj, Magistrats, ...)
Enfin la responsabilité de la justice qui peut d’ailleurs s'étendre à tout ce qui fonctionne mal dans notre pays puisqu'elle est le régulateur par excellence.
Mais pour en rester à l'exacerbation des violences en milieu scolaire comment la justice les favorise-t-elle ? Par le phénomène des 《relations》.
Schématisons ça
Un élève présente des signes de violences envers ses camarades ou son enseignant. Il est connu comme distributeur ou consommateur de stupéfiants parfois même au sein de l'établissement. Le censeur le dénonce au commissariat ou à la brigade du coin espérant qu'il répondra de ses actes, mais le lendemain, il revient narguer son censeur à l'école. Soit il a donné une partie de sa recette de vente de drogue à l'OPJ pour sortir, et être désormais l'un de ses protégés, soit il a été déféré et l'oncle de sa tante connait un magistrat.
Quelques fois c'est le neveu d'un tel, soit c'est un jeune qui fournit des lycéennes à un 《grand》, donc le grand appelle x et y...bref lorsqu'un tel enfant revient à l'école il est blindé, il fait peur du chef d'établissement au planton.
Par instinct de suivi, les responsables de l'école commencent à fermer les yeux sur ses dérives. Il joue au jambo à l'école, distribue la drogue, orchestre des viols et on a tous peur de parler... pourquoi ? Parce que la justice qui se voulait autrefois impersonnelle peut désormais être maîtrisé par un collégien.
Ça vire au cercle vicieux. Dans les quartiers généralement tous les habitants savent qui vole, qui distribue la drogue etc.
On sait dans quel bar du coin l'on a retrouvé des morts, on vend des ossements humains ou on fait du trafic. Les Opj du coin sont très souvent alertés. Mais que font les autorités compétentes pour sévir ?
Au vu du pourcentage que représente la jeunesse dans la population Camerounaise, toutes les politiques publiques doivent être directement ou indirectement axées sur un meilleur encadrement de la jeunesse… ».
N.R.M