L’administration camerounaise ne peut dire avec certitude combien de moto circulent sur le territoire camerounais, encore moins combien de citoyens exercent sur les routes de la République. Une première difficulté qui rend quasi impossible toute ambition de maîtrise de ce secteur d’activité en expansion.
Comment se fait il qu’on retrouve autant de motos dans les rues des principales villes du Cameroun ? D'où viennent-elles ? Difficile de savoir. Un haut gradé de la police nous a avoué que la majorité des motocycles qui entrent dans nos centres urbains y parviennent de manière frauduleuse. C’est par la contre bande que des commerçants véreux acheminent ces engins en pièces détachées vers certains lieux bien connus de la capitale (le quartier Briqueterie par exemple). D'après lui, les agents de la gendarmerie et de la police postés sur les routes du Cameroun n’ont pas toujours les ressources pour contrôler le flux des marchandises qui sillonnent nos grands axes routiers.
La filière de distribution de ces motos remonte jusqu'au Nigéria voisin. C’est dans les villes de ce pays voisin que les marchands camerounais vont s’approvisionner. Là-bas les motos sont mises en pièces détachées dans des cartons. Les acheteurs empilent les cartons par dizaines sur une autre moto qui va servir au transport. Une fois le chargement effectué, les motos vont s’engager dans la savane, en empruntant des voies détournées. Contournant la douane et la gendarmerie. Des contrebandiers sont souvent pris avec leurs cargaisons. Mais les hommes en tenue sont de plus en plus impuissants face à la maîtrise du terrain par les bandits, ainsi que leur dextérité dans la conduite de leur opération.
Une fois entré dans les villages du septentrion par ces voies complexes, ces commerçants d’un autre genre vont user de subterfuge pour acheminer leurs marchandises jusque dans les grandes villes. Le plus souvent, ces cartons de motos en pièces détachées sont dissimulés dans des camions qui descendent avec des cargaisons d’aliments (oignons, arachides…), ciment et autres. Une fois dans les centres urbains, ces motos sont assemblées et mis en vente sur le marché.
Lire aussi : Invasion du centre-ville par les motos-taxis: La phase de la répression débute ce jour à Yaoundé
Pour contrer ces contrebandiers il faut avoir le bon renseignement. Sinon, il est impossible d’envisager de décharger toutes les cargaisons qui montent ou qui descendent pour vérifier ce qui peut se cacher en dessous. A défaut, il faudrait mettre à la disposition des agents sur les routes ou aux postes de péages des scanner pour s’assurer de l’intégrité des chargements.
La lutte contre la prolifération des mototaxis devrait commencer par le contrôle de la filière d’approvisionnement, et réduire à sa plus simple expression la contrebande.
Stéphane NZESSEU