Quatre ans plus tard, les traces de l’accident sont encore perceptibles dans ce quartier de la ville d’ESEKA. Les habitants du quartier Maala étaient aux premières loges des actions de secours des sinistrés.
Ce mercredi 21 octobre 2020, au quartier Maala, les populations se souviennent de ce début d’après-midi de l’année 2016 comme si c’était hier. Ce qui a attiré l’attention de tout le monde, ce sont les puissants klaxons du conducteur de ce fameux train de la mort. Pris par surprise, ils vont tous sortir de leurs maisons pour venir voir ce qui se passe. Or, le train approchait déjà de la gare de la ville.
Papa Massock était conducteur de moto. Il était stationné à la gare ce jour-là et attendait des clients pour les conduire dans la ville. Il se souvient de ce qu’il a vu ce jour mémorable : « Jusque-là ça nous fait toujours mal au cœur. Ça fait mal. Le jour là je conduisais la moto, j’étais à la gare. On a entendu de grands bruits du train et on a très vite aperçu le train tomber. Je me suis précipité avec tous ceux qui étaient là. Je conduisais les gens pour la morgue, même les bébés on les mettait dans les paquets. (Il écrase quelques larmes). Je me souviens de ces corps, des jeunes, des hommes, des femmes, et même des bébés. Le sang partout, la chair déchiquetée. Des images qui traumatisent ».
Dans un élan de colère, il fustige la réaction des autorités camerounaises au lendemain de ce drame. Pour lui « les autorités n’ont jamais parlé aux populations pour aider la psychologie des populations traumatisées. On nous a construit quelque chose là, on ne sait même pas à quoi ça nous sert. Rien n’a vraiment été fait pour les populations d’ESEKA ».
Papa YOG Paul est autre témoin de ce drame de ce 21 octobre, la gorge nouée fait savoir « Franchement nous ne savons pas dans quel pays nous vivons. Il n’y a pas d’indication ici où il y a eu une hécatombe. C’est la brousse partout. Personne ne pense à ça. Les traumatismes sont encore présents. On a toujours ces mauvais souvenirs. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? C’est notre pays. » Il est visiblement déçu qu’il n’y ait aucun signalétique qui permette de prévenir les usagers qu’il y a eu un drame terrible à ce niveau ; Rien n’est arrêté au plan national pour marquer le souvenir de ce jour de deuil national.
Le plus choquant, c’est que 4 ans plus tard, la stèle commémorative n’est pas encore terminée.
Stéphane NZESSEU