Chaque année, à la même période, l’on commémore la journée mondiale de lutte contre le cancer. Au fil du temps, les campagnes s’intensifient afin que les populations cibles, qui se recrutent au sein de toutes les couches de la société et de tous les âges prennent des dispositions afin de l’éviter
L’organisation mondiale de la santé a défini les facteurs à risque et estime que la prévention demeure le meilleur moyen de se prémunir de même que la stratégie à long terme la plus rentable pour lutte contre le cancer, d’autant plus qu’au moins, un tiers des cas sont évitables.
Tabac
Le tabagisme est le facteur de risque évitable le plus important de la mortalité par cancer dans le monde car il cause, selon les estimations, 22% des décès par cancer par an.
Fumer provoque de nombreux types de cancer, notamment des cancers du poumon, de l’œsophage, du larynx (cordes vocales), de la bouche, de la gorge, du rein, de la vessie, du pancréas, de l’estomac et du col utérin. Près de 70% du poids du cancer pulmonaire peuvent être attribués au seul fait de fumer. Il a été prouvé que le tabagisme passif, également connu sous le nom de tabagisme environnemental, provoquait des cancers pulmonaires chez des adultes non-fumeurs. Le tabac sans fumée (tabac à chiquer ou à priser) provoque des cancers de la bouche, de l’œsophage et du pancréas.
Sédentarité, facteurs diététiques, obésités et surpoids
La modification des habitudes alimentaires est un autre moyen important de la lutte contre le cancer. Il existe un lien entre surpoids/ obésité et de nombreux types de cancer tels ceux de l’œsophage, du côlon et du rectum, du sein, de l’endomètre et du rein. Les régimes alimentaires riches en fruits et en légumes pourraient avoir un effet protecteur contre de nombreux cancers. À l’inverse, une consommation excessive de viande rouge ou en conserve peut être associée à un risque accru de cancer colorectal. En outre, des habitudes alimentaires saines qui permettent de prévenir l’apparition de cancers associés à l’alimentation abaisseront également le risque de maladie cardio-vasculaire.
À l’inverse, une consommation excessive de viande rouge ou en conserve peut être associée à un risque accru de cancer colorectal. En outre, des habitudes alimentaires saines qui permettent de prévenir l’apparition de cancers associés à l’alimentation abaisseront également le risque de maladie cardio-vasculaire.
La pratique régulière d’un exercice physique et le maintien d’un poids corporel normal, associés à un régime alimentaire sain, réduiront considérablement les risques de cancer. Des politiques et des programmes nationaux doivent être mis en œuvre pour sensibiliser les gens et réduire l’exposition aux facteurs de risque de cancer, et pour veiller à ce qu’ils reçoivent les informations et le soutien dont ils ont besoin pour adopter des modes de vie sains.
Consommation d’alcool
La consommation d’alcool est un facteur de risque de nombreux types de cancer, notamment ceux de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l’œsophage, du foie, du côlon et du rectum et du sein. Le risque de cancer augmente avec la quantité d’alcool consommée. Le risque que présente une forte consommation d’alcool pour plusieurs types de cancer (cavité buccale, pharynx, larynx et œsophage) augmente nettement si la personne est aussi un gros fumeur.
Les risques attribuables ne sont pas les mêmes chez l’homme et chez la femme pour certains types de cancer liés à l’alcool, principalement en raison de différences dans les niveaux moyens de consommation. Par exemple, 22% des cancers de la bouche et de l’oropharynx sont attribuables à l’alcool chez l’homme tandis que, chez la femme, ce poids attribuable chute à 9%. Il existe une différence similaire entre les sexes pour les cancers de l’œsophage et du foie
Infections
Les agents infectieux sont responsables de près de 22% des décès par cancer dans le monde en développement et de 6% d’entre eux dans les pays industrialisés. Les hépatites virales B et C sont à l’origine du cancer du foie, l’infection par le papillomavirus humain provoque un cancer du col utérin, une bactérie, augmente le risque de cancer de l’estomac.
Dans certains pays, la schistosomiase, une parasitose, augmente le risque de cancer de la vessie et, dans d’autres, la douve du foie majore le risque de cholangiome des voies biliaires. Les mesures préventives passent par la vaccination et la protection contre les infections et les infestations.
Pollution environnementale
La pollution de l’air, de l’eau et du sol par des substances chimiques cancérogènes explique 1% à 4% de l’ensemble des cancers (CIRC/OMS, 2003). L’exposition aux substances chimiques cancérogènes présentes dans l’environnement peut intervenir par l’intermédiaire de l’eau de boisson ou de la pollution de l’air ambiant ou de l’air à l’intérieur des habitations. Au Bangladesh, 5% à 10% de l’ensemble des décès par cancer dans une région contaminée par l’arsenic ont été imputables à l’exposition à cette substance.
L’exposition aux substances cancérogènes se produit également à l’occasion de la contamination d’aliments par des substances chimiques comme les aflatoxines ou les dioxines. La pollution de l’air à l’intérieur des habitations dans lesquelles il y a des foyers au charbon double le risque de cancer pulmonaire, en particulier chez les femmes non fumeuses.
Dans le monde, la pollution à l’intérieur des habitations due à des foyers domestiques au charbon est responsable de près de 1,5% de l’ensemble des décès par cancer pulmonaire. L’utilisation du charbon dans les ménages est particulièrement répandue en Asie.
Cancérogènes professionnels
Plus de 40 agents, mélanges et modes d’exposition présents dans l’environnement professionnel sont cancérogènes pour l’homme et donc classés dans les cancérogènes professionnels (Siemiatycki et al. 2004). Il est bien établi qu’il y a une relation de cause à effet entre ces cancérogènes et les cancers du poumon, de la vessie, du larynx et de la peau, ainsi qu’avec la leucémie et le cancer rhinopharyngé. Le mésothéliome (cancer de la tunique externe du poumon ou de la cavité pulmonaire) est dans une large mesure dû à une exposition professionnelle à l’amiante.
Les cancers professionnels sont concentrés dans des groupes professionnels spécifiques chez lesquels le risque de présenter une forme particulière de cancer peut être bien plus élevé que dans la population générale. Près de 20% à 30% des hommes et de 5% à 20% des femmes en âge de travailler (15 à 64 ans) peuvent avoir été exposés à des cancérogènes pulmonaires au cours de leur vie professionnelle, ce qui représente environ 10% des cancers pulmonaires survenant dans le monde. Environ 2% des cas de leucémie enregistrés dans le monde sont imputables à des expositions professionnelles.
Rayonnement
Le rayonnement ionisant est cancérogène pour l’homme. Ce que l’on sait du risque que fait courir le rayonnement a principalement été obtenu à partir des études épidémiologiques réalisées chez les survivants de la bombe A au Japon, ainsi que des études de cohortes réalisées sur l’exposition médicale et professionnelle au rayonnement. Le rayonnement ionisant peut provoquer une leucémie et un certain nombre de tumeurs solides, les risques étant plus élevés lorsque l’exposition a eu lieu dans le jeune âge.
L’exposition au radon présent dans le sol et les matériaux de construction cause, selon les estimations, entre 3% et 14% de l’ensemble des cancers pulmonaires, ce qui en fait la deuxième cause de cancer pulmonaire après la fumée du tabac. On peut réduire les concentrations de radon dans les habitations en aérant mieux ces dernières et en recouvrant d’un enduit étanche les sols et les murs. Le rayonnement ionisant est un outil diagnostique et thérapeutique essentiel.
Pour garantir que ses bienfaits l’emportent sur des risques potentiels, les méthodes radiologiques à usage médical doivent être prescrites de manière appropriée et appliquées correctement, de manière à réduire les doses de rayonnement inutiles, en particulier chez l’enfant.
Le rayonnement ultraviolet (UV), et en particulier le rayonnement solaire, est cancérogène pour l’homme, étant à l’origine de tous les principaux types de cancer de la peau tels que les carcinomes basocellulaires, les épithéliomas malpighiens spinocellulaires et les mélanomes. En 2000, plus de 200 000 cas de mélanome ont été diagnostiqués dans le monde et l’on a enregistré 65 000 décès associés à ce cancer.
Les mesures de protection efficaces consistent à éviter toute exposition excessive, à utiliser des écrans solaires et des vêtements protecteurs. Les dispositifs de bronzage aux UV sont désormais classés comme étant cancérogènes pour l’homme du fait de leur association avec des mélanomes cutanés et oculaires.
Nicole Ricci Minyem