L’épidémie de choléra guette les populations de la région de l’Est, notamment celles de la ville Bertoua qui n’ont pas accès à l’eau potable et du fait des certaines traditions néfastes.La position géographique transitoire de la région de l’Est par rapport aux trois régions (le Nord, le Centre et le Littoral) déjà frappées par cette maladie bactérienne provoquant de graves diarrhées et une déshydratation, et qui se transmet généralement dans l’eau, donne des sueurs froides aux autorités en charges des questions sanitaires.
Depuis que ces nouveaux cas de choléra ont été déclarés, c’est l’alerte générale dans la région de l’Est. Dans toutes les formations sanitaires, des dispositions sont prises pour accueillir les patients susceptibles d’être atteints par le choléra. Le personnel médicaux-sanitaire est également en éveil. Le délégué régional de la santé publique de l’Est, à travers un communiqué qui est diffusé quotidiennement par les chaines de radios locales, demande aux communautés de signaler tous cas de diarrhée avec vomissement dans les formations sanitaires les plus proches d’elles.
Dr Roger Mathurin Bidjang dans le même document invite les populations à observer scrupuleusement les mesures préventives. «Se laver les mains à l’eau courante ou à la cendre au sortir des toilettes; se laver systématiquement les mains avant la manipulation et la consommation des aliments, bien laver les crudités avant la consommation, observer les règles d’hygiène de l’eau..», sont entre autres les consignes inscrites dans le communiqué radio dont nous avons eu copie.
Mais seulement, les populations de la région de l’Est, notamment celles de la ville de Bertoua, ne sont pas toutes à l’abri de l’épidémie. La question de l’eau est le premier facteur qui fait peur aux observateurs avertis.Quelle eau consomment les populations de Bertoua ?Dans le chef-lieu de la région de l’Est, s’approvisionner en eau potable est un calvaire. Les citadins éprouvent de nombreuses difficultés pour avoir accès au précieux liquide. Les sources d’eau opérationnelles dans le chef-lieu de la région de l’Est se comptent au bout des doigts. Les habitants des Enia et Kano par exemple parcourent des kilomètres pour avoir une eau bonne à la consommation.
«Je quitte mon quartier pour aller m’approvisionner à la source de Mokolo 1 et je débourse au moins 1.000 FCFA pour le transport des bidons d’eau. Ce n’est déjà pas facile de puiser, puisqu’il faut s’aligner. La longue file d’attente peur vous faire passer une demie journée sur place», confesse Nathalie, une ménagère au quartier Ngaikada.
Au quartier Tigaza, certaines personnes se sont abonnées auprès des vendeurs d’eau. «Un bidon d’eau de 20l coûte 500 FCFA et je dois utiliser en moyenne 50l/jour pour alimenter ma maison. Lorsque je fais les totaux à la fin du mois je me rends compte que je dépense énormément mais je n’ai pas le choix puisque l’eau c’est la vie», avoue Paulin Tchatchoua qui au moins dispose des moyens financiers pour garantir la santé des membres de sa petite famille à Bertoua. Les plus nantis que lui, ont choisi d’opter pour la construction des forages dans leurs domiciles pour éviter les désagréments.
En réalité, les forages privés dans les domiciles, c’est la nouvelle donne à laquelle il faut se plier quand on construit son domicile dans la ville de Bertoua. Les populations y ont opté parce que le système de distribution en eau potable a démontré ses limites. La distribution en eau potable par la Cameroon Water Utilities Cooporation (CAMWATER) ne touche pas tous les quartiers. Et en plus, l’eau qui coule des tuyaux de la CAMWATER est de qualité douteuse. Jaunâtre et rougeâtre, elle ne correspond pas aux normes élémentaires de l’eau destinée à la consommation des abonnés.
Bien plus, le système de distribution est périodique, plongeant les masses populaires dans la soif et l’angoisse. Même si depuis quelques mois des travaux de réhabilitation des installations de cette structure et d’extension du réseau vers tous les quartiers oubliés sont en cours, l’inquiétude et la peur animent les populations au moment où vient de resurgir l’épidémie du choléra dans notre pays. En attendant la fin desdits travaux en cours d’exécution, le reste de la population, du moins les moins nantis, sont obligés de continuer à boire une eau de qualité douteuse, responsable des nombreuses maladies hydriques dont elles sont victimes de faon récurrentes.
Tout à côté, il y a également que les habitudes des populations de la région de l’Est se sont exposées au choléra à cause de leur habitude. Plusieurs d’entre elles n’ont pas l’habitude d’utiliser les latrines et toilettes modernes. Les efforts consentis par les pouvoirs publics et les partenaires au développement dans le cadre des «campagnes de fin de défécation à l’air libre» n’ont pas produit les résultats attendus. L’adhésion populaire n’a pas été effective. Un comportement rétrograde qui expose ces populations au choléra. La menace est à prendre très au sérieux.