Dans une lettre rédigée le 14 mars 2019 et adressée aux responsables des hôpitaux Publics, Manaouda Malachie avait interdit la séquestration des malades.
« J’ai l’honneur de Proscrire, pour compter de la date de signature de la présente lettre, la Séquestration des patients indigents dans les formations sanitaires publiques…Bien vouloir, toutes affaires cessantes, libérer tous les patients qui se trouveraient ainsi retenus dans vos formations sanitaires respectives, en raison de leur insolvabilité, et me rendre compte instamment de vos diligences et des coûts relatifs ».
Un an et quelques mois plus tard les instructions du ministre de la Santé Publique sont foulées au pied
« Les mauvaises habitudes ont la peau dure » dit l’adage. Le témoignage et l’appel à l’aide de Trésor Elome n’est qu’une goutte d’eau dans un vaste océan car, elles restent nombreuses, ces personnes qui restent prisonnières dans les hôpitaux du Cameroun, pour défaut de paiement des factures. Confrontées à leur « misère » et ayant besoin de soins, elles sont tenues de garder la bouche close.
Humiliés, l’honneur bafoué, ployant le dos sous le fardeau des insultes et autres quolibets certains personnes de santé n’hésitent pas à narguer les malades en leur faisant comprendre que le Ministre de la Santé Publique est dans son bureau à Yaoundé et que sur le terrain la réalité est toute autre.
Après avoir asséné cette Vérité, il leur est demandé de s’acquitter des factures et dans le cas contraire, ils sont retenus jusqu’au paiement intégral de ce qu’ils doivent. Et parfois, ces frais s’accumulent au fur et à mesure que le (la) malade est retenu (e).
Quel a été le rôle des services sociaux au sein des hôpitaux ?
Voilà des parents qui ont démontré qu’ils ont la volonté de s’acquitter de leur dette, malheureusement, cela ne semble point émouvoir. Comment peut –on avoir à cœur de séparer une maman de son enfant, à cause d’une « sombre » histoire d’argent ?
Dans le secteur de la santé, l’assistante sociale peut exercer à l’hôpital, en clinique, en maison de retraite ou même en libéral. Au sein des établissements, elle « a pour mission de faciliter les formalités à effectuer par les patients et leurs familles pour l’obtention de prestations et d’aides de tous types : administratives, sociales, financières … ».
Au regard de cette actualité permanente, qui met au devant de la scène ces malades, ces mamans et leurs bébés retenus dans les hôpitaux à cause de l’inexistence ou la modicité des moyens financiers, il est de plus en plus évident de douter que les Services Sociaux jouent pleinement leur rôle :
- Humaniser les hôpitaux
- Découvrir les causes sociales qui entretiennent et aggravent la maladie
- Résoudre les difficultés morales et matérielles qui s’opposent au traitement
- Aiguiller les malades sur les services et établissements dont ils relèvent
- Faire agir simultanément toutes les œuvres qui peuvent venir en aide à la famille
- Remettre la famille en état de se suffire à elle-même…
Il apparaît évident, au regard de ce énième témoignage que les instructions fermes du Ministre de la Santé Publique ne sont pas respectées par ses collaborateurs.
Vivre et mourir avec sa maladie
Au-delà de l’appel à l’aide lancée par cette maman de 27 ans, il y’a ces dizaines de Camerounais dont les maladies sont exposées à la face du monde, au cours des émissions télévisées produites par les confrères. Les plateaux de télévision sont leur dernier recours, après avoir écumé les hôpitaux en quête de soins et reçu une seule et même réponse : Avez-vous de l’argent ? Êtes-vous en mesure de vous acquitter du coût qu’implique le mal dont vous souffrez ?
Dans la plupart des cas, la réponse est négative et, pour une maladie qui pouvait être éradiquée si la prise en charge avait été immédiate, le (la) malade est obligé (e) de recourir à d’autres moyens : marabouts – prières – auto médicamentation…
Un chantage opportuniste
Malheureusement, en cette période crise sanitaire, le moindre reproche adressé au personnel de Santé donne lieu à un « chantage » et pour les futures mamans et même pour les personnes souffrantes, le message est clair : Si l’on n’a pas un carnet avec de bonnes adresses, si on est pauvre (pour parler trivialement) et qu’on manque d’argent, alors ce n’est pas la peine de prétendre à des soins de qualité. La seule option qui reste est de faire appel à la solidarité des uns et des autres et prier, tout en gardant la Foi.
Audience : Le tête à tête entre Manaouda Malachie et Nourane Fotsing
Nicole Ricci Minyem