La flambée de violences dans les pays du sahel est au cœur des débats de la sixième édition du Forum de Dakar, qui s’est ouverte lundi 18 novembre à Dakar, la capitale sénégalaise.
C’est sur le thème : « Les défis du multilatéralisme », que se tient actuellement la sixième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. Lors de son discours d’ouverture, le président sénégalais s’est aussi interrogé sur l’efficacité de la réponse face au terrorisme. « Combattre le terrorisme au Sahel est à la fois un devoir de solidarité et un impératif de sécurité collective. Nous sommes tous menacés. Avec plus de 14 000 membres de la Minusma, un peu plus de 5 000 du G5 Sahel, plus Barkhane, plus l’armée malienne. Ça ne fait pas moins de 30 000 hommes qui sont sur un théâtre qui est pris en otage par une bande d’individus. C’est un problème. Pourquoi ne nous sommes-nous capables de régler cette affaire ? »
Ainsi, comme Macky Sall et son confrère mauritanien, le premier ministre français Edouard Philippe lors de son discours, a proposé une évolution de paradigme pour éradiquer la menace djihadiste. En effet, il a exhorté de ne laisser aucune chance, aucune prise aux groupes djihadistes dans le Sahel, et a demandé l'implication de tous les Etats d'Afrique de l'Ouest.
« Une chose est sûre, les groupes djihadistes profiteront, dès qu'ils le pourront, de nos faiblesses, de nos manques de coordination ou de nos insuffisances en termes de moyens, d'engagements ou de formation », a-t-il dit. Et de poursuivre : « Nous ne devons leur laisser aucune chance, aucune prise » appelant à « regarder la situation en face, dans sa nuance et parfois, dans sa vérité plus cruelle ».
« Le procès » de l’ONU
Lançant un appel direct à la Chine et la Russie pour qu'elles permettent que soit décerné par le Conseil de sécurité de l'ONU à la Minusma un mandat plus fort qui lui permette de ne plus être seulement une force de maintien de la paix mais une force agissante capable de faire plus que se défendre en cas d'attaque, le chef d’Etat sénégalais a déclaré : « L'ONU, c'est génial, mais il faut qu'elle accepte de se réformer et de réformer ses procédures (...) Il faut un mandat robuste au Mali »
« L'ONU doit se réformer (...) dans sa politique de maintien de la paix, qui n'est pas en adéquation avec les enjeux sécuritaires au Sahel », a lancé le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. « Des forces régionales mobiles, plus légères et connaissant mieux le terrain doivent être davantage privilégiées, plutôt qu'une force lourde et statique », a-t-il ajouté.
Notons que, la situation s'est détériorée dans toute la région du sahel ces derniers mois. Début novembre, une embuscade contre le convoi d'une société minière canadienne dans l'est du Burkina Faso a fait 38 morts. Un soldat français de l'opération Barkhane a aussi été tué par un engin explosif au Nord-Est du Mali, au lendemain de l'assaut, dans la même région, contre un camp militaire malien. Une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique qui a fait 54 morts et hier lundi 24 soldats malien ont été tués lors d'une attaque au sud de Ménaka.
C'est donc dans ce contexte sécuritaire très dégradé que ce Forum international sur la paix en Afrique a été organisé en urgence dans la capitale sénégalaise. Un pays clé qui fait figure de pôle de stabilité dans la région.
Danielle Ngono Efondo