Durant les prochaines 48 h, les suspects interpellés pendant la marche de samedi dernier vont être amenés devant les membres de la cour constitutionnelle de Paris, en comparution immédiate.
D’après Rémy Heitz, procureur de la République, qui succède à François Molins à la tête du parquet de Paris, le nombre de personnes arrêtées a doublé durant le Week -end. Près de deux tiers des 378 gardés à vue vont répondre de leurs actes dans le cadre des enquêtes lancées contre eux après les violences que le pays a connues. Il est question d’établir les responsabilités et de connaître l’identité des auteurs des actes de dégradations du patrimoine de l’Etat, notamment l’Arc de Triomphe.
L'Arc de Triomphe tagué et saccagé, des grilles du jardin des Tuileries arrachées, des véhicules incendiés, des magasins pillés... Au total, 412 personnes ont été interpellées samedi, « un niveau jamais atteint dans les dernières décennies », a précisé le préfet de police évoquant des violences d'une gravité sans précédent. En particulier, 249 feux ont été recensés par les pompiers, visant 112 véhicules, 130 mobiliers urbains et six bâtiments et, les forces de l'ordre ont été visées par des jets de marteaux, de billes en acier ou de gros boulons, a énuméré Michel Delpuech.
Une promesse faite par le procureur de la République, alors qu’il était face aux médias : « La justice passera… A la suite de telles exactions, à la suite d'une telle émeute urbaine, à la suite de telles violences, il ne peut y avoir d'impunité… ».
Au regard du nombre de prévenus, l'effectif des magistrats du parquet de permanence, chargés d'orienter les procédures, a été triplé par rapport à un dimanche ordinaire pour passer à quinze, la présence d'avocats doublée et le nombre de greffiers aussi augmenté considérablement.
En visite au service de traitement en temps réel des procédures pénales du tribunal de grande instance, situé dans le quartier des Batignolles à Paris, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a quant à elle, indiqué qu'environ deux tiers des personnes en garde à vue feraient l'objet d'un déferrement devant la justice.
Pour les juger, cinq audiences de comparution immédiate sont prévues lundi, contre trois habituellement et, quatre mardis. Les audiences de comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité, une procédure qui permet d'éviter un procès, seront aussi doublées, selon Rémy Heitz.
Les prévenus vont répondre des chefs d'actes de violence sur personne dépositaire de l'autorité publique, dégradations sur des biens destinés à l'utilité publique, regroupements en vue de commettre des violences, ou encore port d'armes, des qualifications passibles de 3 à 7 ans d'emprisonnement, a indiqué le procureur.
Par ailleurs, concernant des faits beaucoup plus graves, des enquêtes au long cours se poursuivent pour mettre au jour des infractions commises, grâce notamment à la vidéo
Après un troisième samedi de mobilisation des gilets jaunes, les appels à une nouvelle journée de mobilisation le 8 décembre prochain fleurissent déjà sur les réseaux sociaux.
Nicole Ricci Minyem