C’est la principale résolution prise à l’issue des assises de la 4ème édition du Sommet mondial sur le Genre organisé à Kigali il y’a quelques jours. Des assises qui entre autres, visaient à partager les meilleures pratiques et stimuler l’innovation afin d’accélérer les progrès en matière d’égalité des sexes.
Contexte
En Afrique, les entreprises dirigées par des femmes sont confrontées à un énorme déficit de financement d'environ 42 000 milliards de dollars. Elles sont en plus confrontées à la rigidité mises en place au sein des établissements bancaires, ainsi qu’aux préjugés. Cependant, la donne doit changer, comme l’a relevé dans son discours, Aguwwi Adesina, président de la BAD qui au passage, a encouragé le secteur financier à engager les femmes africaines : « Nous allons maintenant attribuer des notes à toutes les institutions financières africaines en fonction de ce qu'elles ont fait pour les femmes. Tout l'écosystème financier doit évoluer pour les femmes. Et nous allons garantir les banques sous pression ».
Il est important, de relever que l’un des projets phares de la Banque Africaine de Développement visant l’égalité des sexes est l’accélération de la croissance ainsi que la création d’emplois dans les économies africaines, en comblant l’insuffisance des financements accordés aux femmes alors que des statistiques démontrent qu’à 80%, elles sont aptes à gérer leurs finances et à régler à temps, leurs dettes.
Profitant de ces premières assises organisées en terre africaine, l’unique dame actuellement à la tête d'un pays africain, Sahle - Work Zewde a déclaré que « le Parlement éthiopien était avec le Rwanda, le seul continent où le principe de la parité hommes-femmes était observé à plus de 50%. Nous pouvons trouver pour la première fois, des femmes à la tête de ministres clés du Cabinet, dont la défense et la sécurité nationale. Jusque-là, il reste encore beaucoup à faire… ».
Autres réactions
Francine Munyaneza, co-fondatrice de Munyax Eco Rwanda, entreprise d’énergie solaire : « Lorsqu’on parle de financements pour les femmes, il y a une grande frustration par rapport à ce qu’on nous propose. Des efforts sont faits, mais cela ne doit pas être conçu comme un privilège pour nous. C’est simplement une question de justice parce que nous créons des emplois et que nous développons nos pays…. Nous aimerions avoir des prêts à des taux réduits. Les taux d’intérêt posent toujours problème. Nous ne pouvons donc pas être compétitifs au niveau international… ».
Honorine Ollo, entrepreneure dans le secteur de l’aviation en Côte d’Ivoire, déplore le fait qu’on craigne ainsi de faire confiance à la femme entrepreneure : « Que les investisseurs se mettent à notre place ! Ils nous plébiscitent et ont peur de nous. Quand les hommes portent un projet, on prend pratiquement tout en charge, même quand ce projet échoue… ».
Maïmouna Yobounou, membre de Solidarité féminine de Guinée, estime qu’ « ’en lieu et place des crédits, les dames ont plutôt besoin de subventions… ».
Les promesses d’une nouvelle politique de financement
Afin de s’arrimer à cette nouvelle ouverture implémentée par la Bad, Benard Chitunga, responsable du département de l’Agriculture et du développement humain à la Banque africaine de développement (Afawa) s’est ainsi prononcé : « Nous vous demandons d’avoir confiance en nous. L’initiative AFAWA va permettre aux femmes d’avoir accès aux financements et à de l’assistance. Nous savons que les entreprises des femmes sont de bonnes affaires. Alors, nous sommes prêts à y aller et nous vous invitons à vous y engager… ».
« Il est clair que nous devons mieux collaborer et il y a des synergies qui se déploient sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Les femmes ont des besoins différents. Elles ont des choses en commun, mais il y a aussi des nuances. Je ferai du mieux dans mon organisation pour être plus pro-actif et proche des femmes entrepreneures », s’est engagée Anne-Marie Levesque, responsable du Genre à FinDev Canada…
Nicole Ricci Minyem