Il fait beau, les températures sont douces et comme chaque année, le printemps a sorti de sa besace les pollens, qui chatouillent les narines des personnes allergiques.
Actuellement, une cinquantaine de départements sont en alerte rouge aux pollens de bouleau, très allergisants. Dans le même temps, les chiffres des contaminations au coronavirus. restent très élevés, et l’épidémie de grippe saisonnière, habituellement terminée à cette période de l’année, joue les prolongations après un démarrage tardif.
Virus et allergies en circulation simultanée
Ce printemps 2022 est riche en bonnes raisons de se moucher. « Le beau temps et la douceur de cette semaine favoriseront la dispersion des pollens, notamment ceux du bouleau. Par conséquent, le risque d’allergie sera élevé sur une grande partie nord de la France », relève le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA).
Et alors que les allergies de printemps démarrent, la pandémie de Covid-19 se poursuit sous l’effet du très contagieux sous - variant BA.2 d’Omicron, avec « plus de 135.000 nouveaux cas diagnostiqués en moyenne par jour », souligne Santé publique France dans son dernier bulletin épidémiologique.
Dans le même temps, l’épidémie de grippe saisonnière, tardive cette année, n’est toujours pas terminée. Si elle est « stable dans sept régions, et en diminution en Bretagne, elle est en augmentation dans cinq régions (Centre-Val-de-Loire, Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays-de-la-Loire) », poursuit Santé publique France.
Des symptômes communs, mais des situations déclenchantes différentes.
Les chiffres le montrent, un mois après la fin du port obligatoire du masque dans les lieux publics clos (à l’exception des transports publics), contaminations virales et manifestations allergiques.
Mais si certains symptômes sont communs, les situations déclenchantes sont différentes, explique à 20 Minutes Sophie Silcret-Grieu, allergologue. Les symptômes de l’allergie aux pollens de bouleau sont ceux de toutes les allergies respiratoires (pollen de bouleau ou de graminées, poussière ou encore poils de chat).
Le plus connu est la rhinite, qui se manifeste par des éternuements, le nez bouché avec un écoulement clair et qui démange, le fond de la gorge qui gratte, voire les oreilles, décrit-elle. A cela s’associe très souvent une conjonctivite, particulièrement pour les pollens d’arbres qui en plus d’être allergisants sont irritants : on a les yeux rouges, larmoyants et qui grattent. Tout cela donne la rhinoconjonctivite, ou rhume des foins.
Et si les symptômes s’accentuent, cela peut provoquer une toux, et même de l’asthme si l’on a une prédisposition. Cela peut alors prendre la forme d’une quinte de toux sèche, voire une vraie crise d’asthme avec une grande gêne respiratoire et une respiration sifflante”.
Nez qui coule, yeux rouges et toux : des symptômes que l’on peut également présenter en cas de Covid-19 ou de grippe saisonnière. Toutefois, “les symptômes de l’allergie sont caractéristiques en ce qu’ils se produisent chaque année à la même période, en mars-avril, et sont d’une intensité variable selon le climat : plus il fait beau et sec, plus les symptômes sont sévères, parce que les arbres libèrent alors plus de pollens, poursuit l’allergologue. Les patients allergiques reconnaissent bien les signes associés”.
Le coronavirus et la grippe saisonnière présentent pour leur part des “symptômes évocateurs – fièvre, courbatures, grande fatigue, maux de tête, toux – qui laissent à penser que l’on est face à un virus respiratoire, ajoute le Dr Silcret-Grieu. Évidemment, en cas de perte du goût et de l’odorat, le diagnostic penchera du côté du coronavirus. Idem si l’on a des cas Covid dans son entourage.
Dans tous les cas, un test de dépistage permettra de faire la lumière sur le virus contracté. En revanche, la particularité en ce moment, c’est que l’on peut tout avoir : être allergique aux bouleaux et contracter le Covid-19 ou la grippe ».
Masques et aération de rigueur
Alors, pour se prémunir des allergies aux pollens comme des virus, quelques réflexes peuvent fonctionner dans tous les cas. Si porter le masque en intérieur a fait ses preuves contre le Covid-19 et la grippe, “le porter à l’extérieur limite un peu le passage des pollens directement dans le nez, ajoute l’allergologue. Beaucoup de patients disent que ça aide à limiter les symptômes nasaux. Se laver le nez avec de l’eau de mer protège également”.
Un geste qui permet de déloger pollens, mais aussi mucus et bactéries. En outre, « se rincer le visage à l’eau et se brosser les cheveux quand on rentre à la maison permet de ne pas mettre de pollen dans le lit » et gêner le sommeil, prescrit le Dr Silcret-Grieu.
Pour les allergiques, “en situation aiguë, il est recommandé de prendre des antihistaminiques, conseille l’allergologue. Et si les symptômes reviennent chaque année, il faut consulter, pour faire un bilan et, si nécessaire, mettre en place une désensibilisation”.
Enfin, “si aucune protection croisée n’existe entre ces pathologies, elles ont en commun de générer une inflammation des voies respiratoires et le covid aussi, rappelle le Dr Silcret-Grieu. On le sait, les patients qui ont eu le Covid-19 peuvent avoir une fonction respiratoire déstabilisée, et les asthmatiques et les allergiques peuvent, après avoir contracté le coronavirus, observer une majoration de leur asthme durant quelques semaines”.
Alors, pour respirer un air moins chargé en pollen et en microbes, l’aération est de mise. Mais s’il est recommandé d’aérer régulièrement les espaces clos pour se prémunir du Covid-19 et de la grippe, face au pollen, mieux vaut ouvrir les fenêtres “tôt le matin ou tard le soir”, recommande le RNSA, aux moments de la journée où il y a le moins de pollens dans l’air.