Karim El Aynaoui, ancien économiste de la Banque mondiale et Bank Al – Maghrib, fait le bilan, d'une septième édition qui a notamment connu la participation de Madeleine Albright, Amr Moussa ou encore Hubert Védrine. Il rappelle qu'il y'a de grandes incertitudes quant aux règles du commerce mondial.
Ces grandes figures de la diplomatie qui, un temps, ont façonné le monde, ont tous défilé dans la salle de bal de l’hôtel la Mamounia de Marrakech, où s’est tenue, du 13 au 15 décembre, la 7ème édition des Dialogues atlantiques. Au-delà de ces têtes d’affiche, l’événement organisé par le think tank Policy Center for the New South a regroupé pas moins de 350 experts reconnus dans les domaines économiques, politiques ou sécuritaires pour échanger leurs expériences, livrer une lecture du monde actuel et explorer celui de demain.
Dans son discours, Karim El Aynaoui a indiqué qu’ « au fil des années, nous avons graduellement réussi à créer un espace où le nord vient rencontrer le sud de l’ensemble atlantique. Ce bloc géopolitique renvoyait exclusivement aux relations bien établies entre Amérique du Nord et Europe, alors que la notion d’espace atlantique élargi, avec ses façades africaine et sud-américaine, n’était pas suffisamment abordée… ».
Selon lui, les dialogues atlantiques s’inscrivent dans cette optique, ce qui fait la particularité de cet événement. Les organisateurs veillent à un rééquilibrage entre Atlantique nord et Atlantique sud, mais aussi à un rééquilibrage intergénérationnel, notamment à travers notre communauté de jeunes leaders. Par rapport à cet objectif, les organisateurs pensent avoir atteint une sorte de point d’équilibre grâce au programme des Atlantic Dialogues de plus en plus diversifié, avec de plus en plus d’intervenants de qualité.
Face à une question de journaliste, par rapport à la grande idée qui a émergé des différentes interventions, Karim El Aynaoui a affirmé qu’il existe de grandes incertitudes, au niveau global, quant aux règles du commerce mondial. Il y a une certaine remise en cause, par les mêmes puissances qui les ont produites, des grands principes fondateurs du droit international et des règles écrites et non écrites de la régulation des relations internationales.
Cela encourage le Sud à travailler sur lui-même. Et, conforte le rôle de think tank, puisqu’il donne cette capacité de penser l’avenir, que ce soit pour les défis des politiques publiques internes ou de l’insertion dans le monde.
Des pays comme le Brésil et l’Argentine, malgré leurs difficultés internes, commencent à revoir leur insertion dans le monde. Ils regardent désormais vers cet Atlantique, vers cette Afrique en face qui reste le dernier gisement de croissance dans le monde. Les ingrédients sont là, les idées font leur chemin, mais évidemment ce genre de choses prend du temps.
OCP Policy Center, le nom initial, s’inspirait de cette pratique de porter le nom du fondateur, à l’image de la Ford Foundation ou du Peterson Institute, pour ne citer que ces deux-là. Mais dès le départ, OCP n’a pas créé ce think tank pour les besoins personnels, mais pour la communauté. Le changement de nom vient juste confirmer ce que représente réellement cet organisme ; un think tank expert, qui travaille selon des règles scientifiques et des faits empiriques, et non un think tank de plaidoyer ou un think tank politique.
Nicole Ricci Minyem