Les attaques se succèdent dans l’est du pays, imputées tantôt au M23 tantôt aux Forces démocratiques alliées, un groupe de miliciens affiliés à l’Etat islamique.
Des rebelles du groupe des Forces démocratiques alliées (ADF) ont tué au moins 20 civils dans un nouveau massacre perpétré dimanche soir, 5 juin, en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), une dizaine de jours après un autre carnage près de la frontière ougandaise.
“Au moins 20 civils ont été tués dans le village de Bwanasura [territoire d’Irumu, en Ituri] ce dimanche”, a écrit sur Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un organisme qui dispose d’observateurs dans la zone, précisant que « les ADF sont soupçonnés”.
“Nos volontaires sur le terrain et le président des jeunes ont compté 36 corps”, a déclaré à l’AFP David Beiza, président de la Croix-Rouge du territoire d’Irumu. “Ces rebelles ADF sont arrivés vers 20 heures (18 heures GMT). Heureusement que de nombreux habitants ont pu s’échapper”, a-t-il ajouté.
L’intervention de l’armée s’est produite en “retard, je suis en colère”, a déclaré à l’AFP Dieudonné Malangay, membre de la société civile de la chefferie de Walese Vonkutu où se trouve le village de Bwanasura, indiquant que “des balles crépitent encore” dans la zone.
“Nous sommes actuellement sur le terrain. Nous sommes en train de nettoyer la zone et de poursuivre l’ennemi”, a déclaré pour sa part un officier des Forces armées congolaises (FARDC) sous couvert d’anonymat. Bwanasura est un village situé à 44 km de Komanda-centre, dans la chefferie de Walese Vonkutu, dans le territoire d’Irumu, à 119 km au sud de Bunia (nord-est).
Présenté par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale (ISCAP en anglais), le groupe ADF est accusé d’être responsable de massacres de milliers de civils dans l’Est congolais et d’avoir commis des attentats en Ouganda. En mars 2021, ce groupe, d’origine ougandaise, a été placé par les Etats-Unis parmi les “ groupes terroristes” affiliés aux djihadistes de l’EI.
Les derniers massacres d’envergure attribués aux rebelles des ADF dans l’est de la RDC remontent à fin mai, avec la mort d’au moins 16 personnes à Bulongo annoncée le 30 mai, après celle d’au moins 27 personnes intervenue le 28 mai dans le village de Beu-Manyama, dans la région voisine de Beni (Nord-Kivu).
Extension du périmètre
Depuis fin novembre 2021, les armées congolaise et ougandaise ont lancé des opérations conjointes contre les ADF dans la région de Beni et d’Irumu (Ituri). Mais, le périmètre des attaques des ADF s’étend désormais de la frontière ougandaise jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des frontières congolaises.
Arrivées à leur terme le 31 mai, ces opérations militaires conjointes ont été reconduites pour deux mois supplémentaires par Kinshasa et Kampala.
Comme le Nord-Kivu, l’Ituri est placé depuis un an sous état de siège, une mesure exceptionnelle qui a donné pleins pouvoirs aux militaires mais n’a pas permis jusqu’à présent de mettre fin aux violences.
Dans la province voisine du Nord-Kivu (est), l’armée a annoncé dans un communiqué lundi soir, la mort de deux soldats dans des combats contre des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui bénéficient du soutien de l’armée rwandaise, selon des accusations portées dimanche à Brazzaville par le président congolais Félix Tshisekedi.
La partie orientale de la RDC – les régions du Kivu et de l’Ituri notamment – est en proie aux violences depuis près de vingt-cinq ans en raison de la présence de nombreux groupes armés locaux et étrangers.