Pierre Péan est décédé ce jeudi soir (25 juillet 2019). Il avait 81 ans. La nouvelle a été rendue publique par le site internet du journal l’Observateur dans la nuit de jeudi.
Pierre Péan était journaliste, enquêteur chevronné avec plusieurs faits d’armes à son actif. Il avait pour sujet de prédilection le continent africain, les médias, la face cachée des personnalités politiques. Il aura connu un franc succès avec les révélations sur le passé trouble de l’ancien président socialiste François Mitterand pendant l’occupation Nazie.
Pierre Péan étudie le droit, section sciences économiques, à Angers. C'est là qu'il fait partie de l'équipe électorale de Jean Turc, maire de la ville membre du parti Indépendants et Paysans (droite). En 1958 il est également aux côtés de Joel Le Theule, maire de Sablé-sur-Sarthe qui deviendra député et ministre gaulliste. Puis il continue ses études à Sciences Po et parvient à éviter le service national en Algérie. Il effectue celui-ci, au titre de la coopération, de 1962 à 1964 au Gabon. Il assiste au coup d'État militaire contre le président Léon Mba. Il gardera de cette période un réseau de relations parmi les élites gabonaises. Après 1968, il devient journaliste, tout d'abord pour l'Agence France-Presse, puis pour l'hebdomadaire généraliste L'Express en 1970 et enfin pour l'hebdomadaire économique Le Nouvel Économiste. Il traite alors plus particulièrement les questions concernant l'énergie.
Saluant « l'un des plus grands journalistes d'enquête français ». Christophe Nick, auteur avec Pierre Péan d'une enquête sur TF1 en 1997, a également annoncé ce décès sur sa page Facebook : « C'est terrible. Le Patron, Pierre Péan, mon ami, est parti ce soir. »
Pierre Péan s'est fait connaître avec ses enquêtes fouillées au long cours, qu'il publiait à raison d'un livre tous les un ou deux ans. Son coup de maître, il le réalise en 1994 avec Une jeunesse française : François Mitterrand 1934-1947, dans lequel le président socialiste s'explique pour la première fois sur son appartenance à la droite pétainiste qui allait engager la France dans la collaboration avec l'occupant nazi, avant son action dans la Résistance. N'ayant jamais peur des polémiques, il enquêtera aussi sur Jacques Chirac, Bernard Kouchner ou Jean-Marie Le Pen.
En 1979, ce fils d'un coiffeur de l'ouest de la France, qui avait débuté dans des cabinets ministériels au Gabon avant de se lancer dans le journalisme, passant par l'AFP puis l'hebdomadaire L'Express, sort dans Le Canard enchaîné sa première grande affaire.
En 1983, ce tiers-mondiste dans l'âme publie Affaires africaines, sur les relations entre la France et le Gabon. Il reviendra sur les sujets africains avec le génocide rwandais (dans Noires fureurs, blancs menteurs en 2005), où certains de ses propos sur les Tutsis feront polémiques.
Adieu l’artiste !
Stéphane NZESSEU