Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont montré leur désaccord après avoir eu vent du projet de la junte de continuer à diriger le pays durant les cinq prochaines années.
Fermeture des frontières, mise du pays sous embargo, rappel des ambassadeurs sont entre autres les sanctions prises contre le Mali. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao ont justifié ces actes en arguant que les chefs de la junte militaire n’entendent pas organiser les élections présidentielle et législatives le 27 février prochain; Des scrutins qui auraient ramené des civils à la tête du pays.
“Ces sanctions prennent effet immédiatement”, ont-ils précisé. “Elles ne seront levées progressivement que lorsque les autorités maliennes présenteront un calendrier «acceptable» et que des progrès satisfaisants seront observés dans sa mise en œuvre.
La proposition de la junte malienne d'organiser la présidentielle en décembre 2026 est “totalement inacceptable”, estime la Cédéao. Elle “signifie simplement qu'un gouvernement militaire de transition illégitime prendra le peuple malien en otage au cours des cinq prochaines années”.
Des sanctions plus rigoureuses encore que celles adoptées après le premier putsch d'août 2020.
En pleine pandémie, elles avaient été durement ressenties dans un pays enclavé parmi les plus pauvres du monde. Elles passent pour avoir forcé à l'époque, la junte à accepter de s'engager à rendre le pouvoir aux civils sous 18 mois après des élections.
Des sanctions qui suscitent la colère des militaires
La junte a “énergiquement” condamné des sanctions jugées “illégales” prises à l'encontre du pays, par les Etats ouest-africains, “instrumentalisés”, selon elle par des “puissances extra-régionales” non-nommées.
Dans un communiqué lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement en uniforme, le colonel Abdoulaye Maïga a annoncé “le rappel des ambassadeurs du Mali dans les Etats ouest-africains en question ainsi que la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec ces pays”
Il faut toutefois relever que:
Pressentant le courroux ouest-africain, la junte avait dépêché samedi à Accra, deux ministres de son gouvernement chargés de soumettre un calendrier révisé.
La nouvelle offre a été présentée dans le souci de “maintenir le dialogue et une bonne coopération avec la Cédéao”, a dit à la télévision nationale, l'un des deux émissaires, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, sans en préciser le contenu.
“La contre-proposition malienne est une transition de quatre ans. C'est de la rigolade”, a dit un haut responsable ghanéen ayant requis l'anonymat, dont le pays assure actuellement la présidence de la Cédéao.
Pour l'organisation dont la crédibilité est en jeu, il s'agit de défendre ses principes fondamentaux de gouvernance, de stopper la contagion du fait accompli et de contenir l'instabilité régionale.
Le risque de braquer les Maliens
Au regard des enjeux pour la Cédéao comme pour le pays au coeur de l'instabilité sahélienne, c'était la huitième fois que les dirigeants ouest-africains se retrouvaient, en présentiel ou en visioconférence, pour parler spécifiquement du Mali (avec la Guinée après un autre putsch en septembre 2021) depuis août 2020, sans compter les sommets ordinaires.
La Cédéao avait déjà suspendu le Mali de ses organes de décision et imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités, coupables selon elle de faire obstruction aux élections. Ces sanctions restent en vigueur.
Lors d'un sommet le 12 décembre, elle avait brandi la menace de sanctions «économiques et financières» supplémentaires. Mais la situation appelait de sa part des décisions délicates, l'exposant au risque de braquer les Maliens contre elle, disent les analystes.
N.R.M