Le leader de l’organisation qui fédère les ardeurs des jeunes africains autour du franc CFA, « Urgence Panafricainiste », a une fois encore été expulsé d’un pays africain.
Le président de l’ « Urgences panafricainiste », Kémi Séba a été « expulsé » du Burkina dans la nuit du samedi 21 au dimanche 22 décembre 2019, après sa conférence publique tenue à l’Université de Ouagadougou. Il a été amené à la gendarmerie, dans un premier temps, pour le mettre à l'abri de partisans du parti au pouvoir en colère. Mais dans un second temps, les gendarmes lui ont expliqué qu'il était en garde à vue. Maître Prosper Farama a pu rencontrer son client, samedi en fin d'après-midi. S’exprimant au micro de RFI, il précise que « dès mon arrivée, l'agent enquêteur lui a signifié que sur de nouvelles instructions du procureur, désormais, il devrait considérer qu'il était retenu dans le cadre d'une procédure engagée contre lui pour injure à l'encontre du chef de l'État, M. Roch Christian Kaboré. Au delà des injures, on lui reproche d'avoir incité les populations et notamment la jeunesse à la révolte ; d'avoir aussi, d'avoir tenu certains propos, notamment en disant que sous le régime du président Compaoré, la sécurité était mieux assurée au Burkina que sous le régime du président Kaboré. Il avait, par ce fait là, tenté de démoraliser, selon les termes de l'agent enquêteur, "tous ceux qui se battent au Burkina Faso contre le terrorisme. »
Dans la même nuit, le domicile de son camarade Hervé Ouattara, l’ex-président du Citoyen africain pour la renaissance (CAR), a été « assiégé » par des individus mécontents des propos tenus par Kémi Séba au cours de sa conférence, avant d’être dispersés par la gendarmerie. Pour Hervé Ouattara, le responsable du Front anti-CFA qui avait invité Kémi Seba à participer au débat, son interpellation marque les limites de la liberté d’expression au Burkina Faso.
Le président de l'« Urgence panafricaine », a tenu des propos hostiles au chef de l’État burkinabè Roch Kaboré. En effet pendant son discours à l’université de Ouagadougou 1 ce samedi 21 décembre, au cours d’un débat houleux sur le FCFA, il a traité le président Burkinabè de « passoire politique ». Des propos mal accueillis par le pouvoir en place.
« Pour nous, c'est une entrave à la liberté d'expression, déclare-t-il. Nous nous sommes battus pour cette liberté. Je pense que c'est au prix du sang que nous avons acquis cette liberté. Le président Kaboré est aujourd'hui le prix de cette lutte. Donc pour nous, arrêter Kemi Seba parce qu'il a juste traité le président Kaboré de "passoire politique", c'est revenir en arrière. L'attitude du régime actuel n'est pas pour favoriser le développement, l'expression de cette liberté ».
Stéphane NZESSEU