La police italienne les accuse d’enlèvement, de torture et de trafic d‘êtres humains sur des migrants candidats au départ vers l’Europe, depuis la Libye à qui ils réclamaient une rançon en échange de leur libération.
Il s’agit d’un Guinéen de 27 ans et deux Égyptiens âgés respectivement de 24 et 26 ans. Ils ont été incarcérés dans un centre de détention à Messine (Sicile) et sont soupçonnés d’avoir mis en place, un camp illégal de prisonniers dans une ancienne base militaire à Zaouïa, à l’ouest de Tripoli, a indiqué lundi la police dans un communiqué.
Les trois hommes arrêtés avaient eux-mêmes traversé la Méditerranée et débarqué le 29 juin dernier, sur l‘île italienne de Lampedusa avant d‘être transférés en Sicile.
Selon des témoignages recueillis par les policiers, « des centaines de migrants, en attente de pouvoir embarquer pour rejoindre les côtes italiennes étaient privés de liberté jusqu‘à ce que leurs proches versent une rançon à leurs geôliers ».
Des personnes interrogées ont déclaré qu’elles avaient été battues avec des bâtons, des crosses de fusil, des tuyaux en caoutchouc, fouettées ou soumises à des chocs électriques et qu’elles avaient vu d’autres prisonniers mourir, selon la police.
« Toute personne incapable de payer la rançon demandée par les ravisseurs était remise à d’autres trafiquants à des fins d’exploitation sexuelle et/ou professionnelle, ou était tuée », a encore précisé la police dans son communiqué.
L’un des prisonniers, libérés par la police raconte : « Toutes les femmes qui étaient avec nous, âgées ou non ont été systématiquement et à plusieurs reprises violées. Ils nous ont donné de l’eau de mer à boire et parfois du pain dur à manger. Nous, les hommes, avons été battus pour que nos proches paient des sommes d’argent en échange de notre libération… ».
En proie au chaos et à la guerre depuis le soulèvement de 2011 qui a conduit la chute et à la mort de Mouammar Kadhafi, la Libye reste une importante voie de transit pour les migrants, en particulier ceux d’Afrique subsaharienne.
Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de juillet, au moins 5.200 personnes sont actuellement enfermées dans des centres de détention reconnus comme tels en Libye, souvent dans des conditions inhumaines.
Il n’existe pas de chiffres concernant le nombre de personnes détenues dans des centres illégaux gérés par des trafiquants d‘êtres humains.
N.R.M