Le Professeur de science politique adopte un ton moqueur. Il ironise sur cette attitude anarchiste de la France qui est prête à sacrifier les sacro-saints principes de la Démocratie sur l’autel de ses intérêts dans un pays en guerre.
C’est historique ce qui se déroule devant les yeux du monde depuis quelques jours. Et sans surprise, les médias français font un black-out sur cette incongruité. La France, la grande France, pays des droits de l’homme, modèle de Démocratie, grande donneuse de leçon sur la gouvernance et le respect des institutions politiques cautionne au vu et au su de tous un coup d’Etat militaire au Tchad. Le pays d’Emmanuel Macron soutient un Général qui a pris le pouvoir par la force en brisant toutes les barrières de la légalité. Montrant ainsi le vrai visage de la démocratie que l’occident prône à l’endroit des pays africains.
Manassé Aboya Endong a une très belle formule pour illustrer ce tableau sombre de la démocratie. « Le putsch est accepté quand il rapporte le bizness à Missié Macron. A ce moment on convoque la stabilité et l'intégrité physique du territoire. S'il n'y a pas de bizness, le gros français sort : démocratie, droits de l'homme, élections transparentes, respect de l'opposition, etc. Deux discours, deux logiques, c'est ça Missié Macron! ». Une peinture qui n’est pas du tout abstraite. C’est la véritable coloration des relations internationales aujourd’hui. Quand on fait cette observation, il est clair que ce n’est pas pour cette soi-disant démocratie que la Lybie avait été bombardée, Khadafi tué, Sadam Huissein assassiné, et d’autres forfaits que ces Etats coloniaux commettent de par le monde. Le problème c’est que jusqu’ici, il semblait difficile de présenter aux yeux des plus sceptiques la véracité de cette mascarade internationale.
Au nom de la démocratie on tue ici, au nom de la démocratie on soutient des putschistes. Au nom de cette même démocratie on négocie avec des dictatures comme l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres monarchies. La moquerie n’a que trop duré. Désormais, il est clair que ces pays ne peuvent plus donner de leçons de démocratie à personne. La voix de la France est devenue inaudible en Afrique centrale.
Stéphane NZESSEU